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Vaccination au Maroc: Entre avancée sanitaire majeure et acquis à sauvegarder


Rédigé par Oussama ABAOUSS Lundi 3 Mai 2021

Le Maroc démontre actuellement les capacités acquises ces dernières décennies en matière de vaccination de masse. Histoire d’un chantier sanitaire national qui a sauvé des millions d’enfants.



Vaccination au Maroc: Entre avancée sanitaire majeure et acquis à sauvegarder
La Semaine mondiale de la vaccination 2021, célébrée du 24 au 30 avril, intervient alors que toutes les nations se mobilisent pour vacciner leurs populations contre le Covid-19. Les messages sur l’intérêt et l’importance de la vaccination véhiculés par cette Semaine mondiale sonnent différemment cette année, car au-delà d’immuniser et de protéger la santé, le vaccin anti-Covid semble en plus pouvoir soigner des économies entières en favorisant le retour à une vie normale post-pandémie. Qu’il soit destiné à lutter contre le Coronavirus ou contre un mal plus « ancien », le vaccin a toujours eu un effet miracle. Alors que les jeunes générations redécouvrent cette dimension salvatrice de l’immunisation, les plus âgés se rappellent encore d’une époque où la faucheuse s’appelait encore « Rougeole », « Diphtérie » ou « Tuberculose ». Il y a un demi-siècle, la mortalité enfantine était encore une fatalité que toutes les familles marocaines devraient se résoudre à accepter. Aujourd’hui, en se retournant pour voir le chemin accompli, force est de constater que les campagnes et stratégies de vaccination menées depuis des décennies dans le Royaume, nous ont épargné bien de souffrances.

Des débuts balbutiants

Les toutes premières campagnes de vaccination ont débuté dans notre pays avant l’indépendance. « Trois de mes frères ainés sont morts en bas âge pendant les années 40 à cause de maladies comme la rougeole et la coqueluche. J’ai eu pour ma part, quand j’étais enfant, la chance de bénéficier d’une des campagnes de vaccination menées par les Français pendant les années 50 » nous raconte un médecin retraité de la Santé publique. « Après l’indépendance, les campagnes ont été poursuivies par les autorités nationales de l’époque, mais les vaccinations se faisaient de manière épisodique et très peu structurée. Les populations n’étaient pas très collaboratives et souvent ne comprenaient pas l’intérêt de l’opération. L’importance de respecter la chaîne de froid n’était pas encore très évidente et n’était donc pas toujours respectée. Au début des années 70, les campagnes de vaccination s’étaient multipliées, mais laissaient encore à désirer en termes de logistique. Beaucoup d’enfants continuaient à mourir en bas-âge malgré les efforts qui étaient menés. Il était alors question de 30% de couverture uniquement » témoigne la même source.

Années 80-90 : le tournant

Face aux multiples défis que posaient les campagnes de vaccination, les efforts du ministère de la Santé n’ont pu véritablement se faire d’une manière encadrée et structurée qu’au début des années 80. « À cette époque, il y avait énormément d’efforts en matière de formation du personnel, que ce soit pour les techniques de vaccination que pour la logistique de la chaîne de froid. Les plannings de vaccination étaient également mieux ficelés. Les campagnes se faisaient alors dans les dispensaires et centres de santé, mais également à travers des unités mobiles qui se déplaçaient dans les zones rurales les plus reculées. Tout cela n’a pu se faire qu’avec la collaboration et mobilisations du ministère de l’Intérieur qui a joué un rôle majeur dans ce chantier. Ça a demandé du temps, mais les efforts entamés avaient commencé à aboutir surtout depuis la mise en place du programme élargi de vaccination. En parallèle, beaucoup d’efforts de sensibilisation avaient également été consentis, ce qui a également contribué à faciliter le travail grâce à l’adhésion des populations » raconte notre interlocuteur.

2021 : 95% de couverture vaccinale

Rodée, la machine vaccinale marocaine démontre aujourd’hui son effectivité avec d’un côté une couverture de 95% pour les 11 maladies ciblées par le programme national de vaccination et d’un autre : une logistique déployée dans le cadre de la vaccination anti-Covid qui se distingue au niveau mondial. À l’occasion de la semaine mondiale de vaccination, le ministère de la Santé prévient cependant que l’intérêt pour le vaccin Covid-19 « ne doit pas nous faire oublier l’importance des autres vaccins pour préserver la santé de tous et en particulier celle des enfants de moins de cinq ans ». L’impact négatif de la pandémie de la Covid-19 sur le déroulement normal de la vaccination des enfants est par ailleurs un phénomène international mis en évidence par l’OMS et l’UNICEF. C’est pour cette raison que le ministère exhorte les familles à respecter le calendrier national de vaccination et à se conformer aux mesures préventives lors de l'accès aux centres de santé pour la vaccination afin de limiter la propagation du nouveau coronavirus. Une piqûre de rappel à prendre au sérieux. 
 

3 questions au Dr Allal Amraoui, chirurgien et député

« Le plus important maintenant est de maintenir le cap et de ne pas revenir en arrière »

Chirurgien et député Istiqlalien à la Chambre des Représentants, Dr Allal Amraoui a répondu à nos questions sur la politique nationale de vaccination.

-Quel est votre point de vue sur les acquis de la politique nationale de vaccination ?

-La politique nationale de vaccination a été sans aucun doute la plus grande réussite de nos politiques de Santé depuis l’indépendance, les efforts dans ce domaine ont été entamés très tôt, ce qui fait que beaucoup de maladies qui touchent les enfants de moins de 5 ans, et qui sévissaient il y a encore quelques décennies, sont aujourd’hui éradiquées. Le Royaume a également réussi à diminuer drastiquement le taux de mortalité enfantine grâce à la prévention amorcée par les campagnes de vaccination. Cette réussite a été le fruit d’une mobilisation à toute épreuve de toutes les parties prenantes impliquées dans l’organisation, la logistique et la sensibilisation (ministère de l’Intérieur, médias, autorités locales…). L’adhésion de la population a aussi été un facteur déterminant. La preuve ? c’est que nous avons pu atteindre une couverture de plus de 95 % alors qu’à l’inverse de beaucoup de pays, la vaccination n’est pas obligatoire, notre pays ayant toujours estimé que l’obligation vaccinale est contre-productive.

-Comment se positionne le Maroc dans ce domaine au niveau international ?

-Dans certains pays développés, les pathologies visées ont été éradiquées depuis très longtemps. Pour nous, c’est encore une histoire récente. Si la vaccination au Maroc a démarré en 1927 avec l’introduction du vaccin contre la variole, il a fallu attendre 1987 pour voir naître un programme national d’immunisation bien structuré et disposant d’une stratégie fondée sur des campagnes annuelles à l’échelle nationale. Ses résultats n’ont pu être observés que récemment. Cela dit, le Maroc fait très bonne figure dans ce domaine comparativement avec beaucoup d’autres pays, surtout au regard de l’avancée remarquable qui a pu se faire ces dernières décennies.

-Quels sont les défis qui se posent actuellement dans le domaine de la vaccination ?

-Aujourd’hui, on peut dire que le Royaume a atteint ses objectifs. Le plus important maintenant est de maintenir le cap, éviter tout relâchement pour ne pas revenir en arrière, car la lutte contre les maladies infectieuses est une lutte permanente.

 








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