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Urbanisme collaboratif: Une composante du nouveau modèle de développement ?


Rédigé par Oussama ABAOUSS Lundi 19 Avril 2021

Pour l’AMCDD, la meilleure façon pour les décideurs de réussir les chantiers d’urbanisme passe par une concertation et une implication de la société civile et des habitants.



Il y a quelques jours, a été clôturé le projet « Urbanisme collaboratif » mené depuis juin 2020 par l’Alliance Marocaine pour le Climat et le Développement Durable (AMCDD). Financé par l’Union Européenne dans le cadre du programme de participation citoyenne « Moucharaka Mouwatina », le projet s’est focalisé sur le périmètre de la capitale économique avec pour ambition de « transformer la culture de planification actuelle qui donne un immense pouvoir à une minorité d’acteurs de la ville, quant à la production de l’espace urbain ». Tout au long de la période du projet, les membres de l’AMCDD ont organisé plusieurs événements et activités qui visent « un renforcement des capacités des citoyens et acteurs associatifs, un développement de la culture du dialogue et la participation citoyenne, et la création d’espaces de concertation, de mobilisation, d’innovation civique grâce aux nouveaux instruments numériques ». 

L’urbanisme improvisé de Casablanca

Si l’expérience menée par l’AMCDD autour du concept d’urbanisme collectif s’est globalement révélée concluante, elle a également permis aux participants d’identifier plusieurs freins à la mise en place d’une véritable dynamique inclusive dans les projets d’aménagement urbain. À Casablanca, l’urbanisme reste marqué par « la multiplication, négativement pesante, des institutions et organes chargés de l’urbanisme, le chevauchement des attributions, la difficulté de coordination, avec des responsables centraux et parlementaires qui se contentent sans vision intégrée, à court, moyen et long terme, de définir des orientations et des règles qui s’imposent à tous, sans réussir à développer une législation adéquate et une stratégie globale de mise en œuvre garantissant la maîtrise des volets fonciers et financiers qui constituent le véritable garant de concrétisation des options majeures des documents d’urbanisme, ce qui a constitué pour toujours une entrave sérieuse à la mise en œuvre des plans d’urbanisme », pointe un communiqué de l’AMCDD.
 
Puiser dans l’intelligence plurielle

« Durant ce projet, nous avons essayé d’impliquer une trentaine d’acteurs très différents (associatifs, scientifiques, jeunes, femmes, handicapés, architectes…) afin d’examiner collectivement la notion d’aménagement du territoire », raconte Abderrahim Ksiri, coordinateur de l’AMCDD. Suite à divers ateliers de formation et d’accompagnement par les experts, les participants ont tenté d’esquisser des solutions d’urbanisme adaptées aux besoins et à la vision des uns et des autres. « Les participants ont proposé de très bonnes idées, mais, malheureusement, il n’y a pas de mécanismes ou d’approches concrets pour en tenir compte jusqu’à présent », déplore Abderrahim Ksiri qui estime inacceptable qu’une ville comme Casablanca, où se côtoient des milliers d’universitaires, de médias, d’associations et d’acteurs privés, continue à ne pas tenir compte de « l’intelligence plurielle » dans les chantiers de planification, de mise en œuvre et de suivi des projets d’urbanisme. 

Le nouveau modèle de développement

Suite à son projet, l’AMCDD confirme que la culture d’urbanisme collaboratif est la seule à pouvoir répondre aux besoins réels des habitants et à garantir une véritable dynamique de démocratie participative dans ce domaine. « Une réforme législative sera nécessaire, car les processus dans les chantiers d’urbanisme sont trop lourds. Il faudra donc changer les mécanismes et les approches de co-construction de la planification territoriale et urbaine et pour cela, il sera évidemment incontournable d’ouvrir un vrai débat pour choisir les meilleurs référentiels », estime Abderrahim Ksiri. « Nous espérons que les partis politiques inscriront ces sujets au menu des débats politiques des prochaines élections. En même temps, nous avons beaucoup d’espoir pour que le nouveau modèle de développement inscrive la démocratie participative réelle dans sa vision et ses recommandations », souligne la même source qui met en garde contre une mise en opposition entre démocratie participative et démocratie représentative, qu’il estime parfaitement complémentaires. 

3 questions à Abderrahim Ksiri, coordinateur de l’AMCDD

Urbanisme collaboratif: Une composante du nouveau modèle de développement ?
« L’Agence urbaine de Casablanca a été le plus grand absent »
Coordinateur de l’Alliance Marocaine pour le Climat et le Développement Durable, Abderrahim Ksiri a répondu à nos questions sur le projet « Urbanisme collaboratif ».

- Quels ont été les principaux acquis du projet « Urbanisme collaboratif » ?

- Grâce à ce projet, les participants issus de divers horizons ont été convaincus, pour la première fois, qu’ils peuvent et doivent travailler sur la planification urbaine, prendre part dans les choix qui se font, et s’impliquer dans le système de gouvernance et de mise en œuvre, de suivi et de contrôle. Ils sont plus que jamais convaincus que lorsqu’ils n’interviennent pas, le coût est trop élevé pour la collectivité et pour l’Etat. Il y a eu également des acquis en termes de connaissances puisque les acteurs ont pu réaliser les moyens, limites et temporalités de leur intervention sur cette planification urbaine.
 
- À quoi ressemblent les propositions d’urbanisme préparées par les participants au projet ?

- Les participants, avec la collaboration d’éminents architectes, ont formulé plusieurs propositions d’urbanisme qui sont vraiment très pertinentes. J’espère que nous pourrons débattre de ces propositions avec les décideurs en présence des médias pour montrer justement qu’il y a énormément à faire au niveau de l’existant, et également au niveau des extensions qui s’ajoutent à la ville de Casablanca chaque année.

- Les autorités concernées ont-elles activement participé à ce projet?

- Plusieurs représentants des autorités concernées ont pu participer et découvrir nos propositions lors des rencontres organisées. Nous avons, entre autres, pu compter sur la participation de responsables de la préfecture et de la région. Malheureusement, et malgré nos invitations, le premier acteur institutionnel concerné, l’Agence Urbaine de Casablanca, a été le plus grand absent.