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Transport en commun : Un «cauchemar» pour les travailleurs au Maroc


Rédigé par A. CHANNAJE Lundi 8 Août 2022

La mobilité sûre et efficace des travailleurs marocains est une préoccupation croissante dans le secteur manufacturier et a contribué à la baisse de la compétitivité à Tanger et Casablanca, selon la Banque Mondiale.



Transport en commun : Un «cauchemar» pour les travailleurs au Maroc
L’accès à des services de transport sûrs et efficaces est un défi pour de nombreux travailleurs dans le monde, en général, et le Maroc, en particulier. Pour les travailleurs au salaire minimum, les trajets entre le domicile et le travail peuvent facilement se transformer en cauchemar, souligne la Banque Mondiale.

Les défis auxquels sont confrontés les navetteurs impliquent de jongler entre plusieurs moyens de transport, de s’assurer que le transport est aussi bon marché que possible, de planifier des perturbations imprévues, de coordonner les horaires avec les autres membres du ménage et de s’inquiéter des éventuels problèmes de sécurité et/ou de harcèlement, tout en s’assurant qu’ils ne sont pas en retard au travail, indique la même source dans une récente étude intitulée : « Lorsque les transports en commun ne sont pas disponibles, les entreprises ont du mal à garder leurs travailleurs : étude de cas au Maroc ».

Ces défis sont encore plus prononcés pour les femmes qui supportent le poids des tâches ménagères et de la garde des enfants. L’accessibilité spatiale au lieu de travail est devenue un fardeau mental pour les travailleurs et les cadres de l’industrie, ajoute la même source.

« Traditionnellement, la facilité de déplacement a souvent été au centre des enquêtes nationales sur les déplacements, qui, malheureusement, ne sont généralement pas disponibles dans de nombreux pays comme le Maroc », précisent les experts de la Banque Mondiale.

Ainsi, étant donné cette insuffisance, l’institution a mené une enquête auprès de dirigeants et responsables d’entreprises issus de 31 établissements du secteur textile, dont 60% situés à Casablanca, 20% à Tanger, 13 % à Fès et 7 % à Marrakech. « Des conversations avec des dirigeants de l’industrie ont révélé qu’ils étaient conscients des défis auxquels leurs employés sont confrontés pour accéder au transport et comment cela affecte leur compétitivité en tant qu’entreprises. Afin de mieux évaluer les entreprises sur leurs connaissances et leur expérience des habitudes de déplacement des employés, l’équipe des transports de la Banque Mondiale a développé un outil d’enquête innovant. Bien qu’initialement développé pour le Maroc, notre outil pourrait être utilisé partout », explique l’institution.

La qualité des transports publics critiquée

Ainsi, selon 40% des entreprises interrogées, les « transports en commun peuvent avoir un impact négatif sur la rétention des employés », ce qui fait que si les services de transports ne sont pas à la hauteur ou n’améliorent pas la vie des travailleurs, ils sont plus sujets à chercher du travail ailleurs où il y a moins de contraintes, et où l’emploi est plus proche de leur lieu de résidence. Autre résultat soulevé par l’enquête : les dirigeants étaient très critiques à l’égard de tous les aspects des transports publics. Il apparaît que les entreprises sont unanimes dans leur appréciation de la qualité des transports publics en termes de fréquence, de confort et de ponctualité.

De même, l’enquête montre que la question des transports serait une préoccupation majeure aussi bien des salariés que des représentants syndicaux. « Comme on pouvait s’y attendre, les résultats montrent que les entreprises pour lesquelles la question de la mobilité est le plus souvent soulevée sont les moins susceptibles d’assumer la responsabilité de ce défi.

De même, ce sont ces entreprises qui nient les conséquences négatives du transport en commun sur la rétention des employés. Les dirigeants des entreprises qui semblaient moins intéressés par ces questions ont déclaré que les préoccupations liées au transport sont systématiquement évoquées lors du dialogue social avec les salariés », fait savoir la même source.

Les entreprises sont confrontées à une double peine

L’enquête fait ressortir également que les entreprises sont confrontées à une double peine. D’abord par les impôts, elles financent les transports publics. Cependant, elles ne peuvent pas bénéficier des services de transports publics en raison de leur insuffisance et de leur manque de fiabilité. Certaines entreprises décident alors de payer elles-mêmes les services de transport de leur personnel, ce qui entraîne des surcoûts qui entravent encore plus leur compétitivité, souligne-t-on.

« Bien que la fourniture de services de transport à leurs employés puisse améliorer la production d’une entreprise, elle ne fait qu’internaliser le problème, ce qui peut affecter leur compétitivité », indique encore l’institution de Bretton Woods. Elle note aussi que demander aux entreprises privées de fournir des services de transport sûrs et efficaces à leurs employés signifie réduire le nombre de passagers potentiels pour les services de transport public. Cela conduirait à une réduction de la demande et, par conséquent, à une réduction de l’incitation à améliorer les services de transport public, pense la Banque Mondiale.

En somme, les résultats de l’enquête montrent que la mobilité sûre et efficace des travailleurs est une préoccupation croissante dans le secteur manufacturier et a contribué à la baisse de la compétitivité dans des villes comme Tanger et Casablanca.

« Cette enquête pilote s’est avérée être un outil efficace, peu coûteux et facile à mettre en oeuvre. Nos résultats ont confirmé qu’une enquête au niveau de l’entreprise peut être une alternative efficace à une enquête traditionnelle sur les navetteurs. Cela confirme également que les entreprises s’attendent à de bonnes politiques publiques de mobilité, ce qui suggère l’importance d’impliquer les parties prenantes dans la conception des politiques de transport. L’amélioration des transports publics profite aux travailleurs en termes d’accès à l’emploi, tout en contribuant à améliorer les performances de l’entreprise. Nos conclusions sont donc un appel fort à promouvoir des services de transports publics accessibles, abordables, efficaces et sûrs. Un réseau de transport public efficace est essentiel pour des centres urbains durables, respectueux du climat, inclusifs et axés sur la croissance », conclut la Banque Mondiale.



A. CHANNAJE

 



Impact du transport sur la performance économique
 
Le Maroc devrait devenir progressivement un hub stratégique pour le développement des affaires euro-africaines. «Ainsi, dans une perspective de recherche d’alternatives pour l’approvisionnement et la production, le Maroc pourrait revêtir le rôle d’un acteur capital en ce qui concerne le nearshoring», peut-on lire dans le dernier numéro du magazine bilatéral de la Chambre allemande de commerce et d’industrie au Maroc. Et la même source d’ajouter que le transport et la logistique représentent plus de 10% de la performance économique du Maroc. Les deux activités emploient près de 182.000 personnes (2019).

 








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