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Electricité : Le Maroc prévoit d'abandonner le charbon avant 2040


Rédigé par L'Opinion Vendredi 24 Octobre 2025

Le Maroc a fixé à 2040 la date de sortie du charbon pour la production d’électricité. Cette annonce, publiée par l’alliance internationale Powering Past Coal Alliance (PPCA), consacre le Royaume comme l’un des premiers pays africains à se doter d’un calendrier clair pour l’abandon de cette énergie fossile.



Dans son communiqué intitulé “Morocco sets conditional date to phase out coal power by 2040”, la PPCA salue une décision historique : pour la première fois, le Maroc inscrit dans sa contribution déterminée au niveau national (CDN) une échéance officielle pour la fin du charbon dans son mix électrique. Cet engagement est conditionné à la mobilisation d’un soutien international adéquat, mais le Royaume précise qu’il s’y tiendra sans condition au cours des années 2040.
 
L’annonce intervient moins de deux ans après l’adhésion du Maroc à la PPCA, en 2023, un réseau mondial réunissant gouvernements, institutions financières et entreprises décidés à accélérer la transition vers une énergie propre. Pour la coalition, cette décision représente « un jalon essentiel » sur la voie d’un modèle énergétique plus durable, appuyé sur les ressources renouvelables nationales.
 
Le Maroc, où le charbon reste encore la principale source d’électricité, amorce une mutation progressive. En 2024, cette énergie représentait 59,3 % du mix électrique, contre 70 % en 2022. Dans le même temps, l’éolien et le solaire ont assuré près de 25 % de la production, contre seulement 9 % en 2015.
 
Dans sa CDN actualisée, le Royaume réaffirme aussi son objectif de tripler sa capacité renouvelable pour atteindre plus de 15 gigawatts d’ici 2030, tout en améliorant les réseaux électriques et en développant le stockage de l’énergie. Ces orientations s’inscrivent dans la continuité d’une stratégie initiée dès 2009, lorsque le Maroc visait 52 % de renouvelables dans son mix énergétique à l’horizon 2030, puis 70 % à l’horizon 2050 selon sa contribution révisée de 2021.
 
Une trajectoire cohérente depuis la stratégie énergétique de 2009
 
Le communiqué rappelle que le Maroc a posé, dès 2009, les bases d’une transition énergétique ambitieuse à travers sa Stratégie nationale de l’énergie, centrée sur les renouvelables. En 2021, le pays a confirmé cet engagement dans sa CDN, avant de s’engager à “aucune nouvelle centrale au charbon” lors de la COP26.
 
L’adhésion à la PPCA en 2023 et la fixation d’une date de sortie en 2040 traduisent une évolution cohérente et progressive de la politique marocaine. Ces choix s’accompagnent de réformes structurelles, notamment à travers des appels d’offres pour des projets solaires et éoliens de grande envergure, la création de l’Agence marocaine pour le développement durable (MASEN) comme guichet unique pour les investisseurs, et la mise en place de partenariats public-privé destinés à soutenir le financement des projets verts.
 
La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, citée dans le communiqué, a souligné que cette transition « renforcera la sécurité énergétique du Royaume et stimulera une croissance économique et sociale propre ». Elle a précisé que le Maroc « a cessé toute planification de nouvelles centrales à charbon » et qu’en combinant les leviers techniques et financiers adéquats, tels que présentés à la COP28, le pays est en mesure « de bâtir une économie créatrice de valeur, au bénéfice de tous ».
 
Pour Julia Skorupska, directrice du secrétariat de la Powering Past Coal Alliance, « le Maroc passe d’une dépendance marquée aux combustibles fossiles importés à un avenir alimenté par une énergie renouvelable produite localement ». Elle estime que la fixation d’une date de sortie du charbon est « une étape cruciale » ouvrant la voie à « un air plus pur, des emplois de qualité et une énergie moins coûteuse ».
 
De sa part Rachid Ennassiri, cofondateur et directeur de l’Imal Initiative for Climate and Development, l’inclusion d’un objectif conditionnel à 2040 marque « une évolution décisive » de la politique climatique du Maroc. Ce choix, intégré dans la CDN 3.0, transforme « une orientation implicite en un objectif stratégique clair », indiquant une volonté de gérer la fermeture anticipée des centrales, d’engager des réformes contractuelles et d’assurer une transition juste, soutenue par les mécanismes de financement climatique internationaux.
 
Une dynamique mondiale vers la fin du charbon
 
Le communiqué rappelle qu’en 2025, les énergies renouvelables ont pour la première fois générée davantage d’électricité que le charbon à l’échelle mondiale, et que la croissance combinée du solaire et de l’éolien a dépassé la hausse de la demande. En parallèle, les ajouts de nouvelles capacités charbon ont chuté à leur plus bas niveau depuis plus de vingt ans.
 
Depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015, le nombre de projets charbon en développement a reculé de près de 65 %, tandis que dans les pays de l’OCDE, la production électrique issue du charbon a été divisée par deux. Plus de 60 % des capacités existantes ont déjà été fermées ou le seront selon un calendrier aligné sur les objectifs climatiques internationaux.
 
La PPCA souligne enfin que le Maroc s’inscrit désormais parmi les pays moteurs de la transition du charbon vers les énergies propres, à travers une démarche planifiée, réaliste et inclusive. Cette orientation s’accompagne de l’élaboration, par la Coal Transition Commission – co-présidée par l’Indonésie et la France – de rapports et de recommandations destinés à accélérer la transition mondiale tout en garantissant la fiabilité et l’accessibilité de l’énergie.
 
À l’approche de la COP30, la coalition prévoit de publier un Plan mondial pour accélérer la transition du charbon, soutenu par un “Solutions Bank” recensant les initiatives réussies à travers le monde.







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