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Tourisme : Le CESE ébauche un plan de relance


Rédigé par Amine ATER Jeudi 1 Avril 2021

Face au marasme que connaît le secteur du tourisme, le CESE a décidé de présenter ses recommandations pour un plan de relance où la gouvernance, le digital, le tourisme interne et rural ou encore la territorialisation sont soulignés comme gisement de croissance.



Avant le grand chamboulement qu’a entraîné la pandémie du Covid, le secteur du tourisme avait tous les voyants au vert. En effet, la destination Maroc a accueilli 12,9 millions de touristes en 2019, la contribution du secteur au PIB s’élevait à hauteur de 7% et de 20% aux exportations de biens et services. Côté emploi, l’activité représentait 550.000 postes de travail, soit 5% de la population active. C’est donc un secteur en évolution qui a été frappé de plein fouet par la forte baisse du transport aérien et maritime au niveau mondial, comme la fermeture durant le confinement au niveau national des établissements hôteliers, magasins, restaurants et échoppes d’artisanat. 

Le secteur a vu ses indicateurs d’activité fondre de 70% depuis le début de la crise sanitaire. Face à cette situation, le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) a décidé de s’auto-saisir du sujet pour « apporter une contribution à la réflexion sur la manière d’envisager un développement inclusif et durable du secteur du tourisme au Maroc en cohérence avec les stratégies nationales et leurs déclinaisons à l’échelle des régions et en réponse aux effets des crises géopolitiques, sanitaires, environnementales et économiques », précise le CESE dans son dernier avis intitulé « Le tourisme, levier de développement durable et d’intégration ». 

Souveraineté numérique 

Les experts du Conseil ont ainsi défini une série de vecteurs susceptibles de renforcer la résilience du secteur du tourisme et pérenniser sa croissance. Le premier chantier de transformation identifié par le CESE reste la digitalisation. En effet, les deux tiers du chiffre d’affaires de l’activité au niveau mondial sont réalisés grâce à Internet. Un constat qui n’a pas été altéré par la situation sanitaire. Une tendance qui s’applique également au cas marocain, avec 90% des réservations effectuées via des plateformes numériques, soit une valeur de 149 millions de DH, selon le Conseil national du tourisme (CNT). 

Bien que les différents acteurs aient très tôt pris conscience de l’importance du digital, ils restent tributaires de portails comme Booking et Expidia. Pour y remédier, le CESE recommande la mise en place d’un circuit de réservation et de paiement 100% marocain permettant d’éviter la sortie de devises et des commissions, hors du pays. Niveau communication, l’accent devra être mis sur le storytelling. En clair, la promotion de la destination gagnerait à raconter des histoires et à proposer des « expériences émotionnelles ». Les hébergeurs marocains de portails comme morroco.com, casablanca.com et marrakesh.com devraient également être regroupés, de manière à constituer un front uni dans les négociations avec les GAFAM et aux autres pure-players. 

Le renforcement du tourisme national fait également partie des pistes de relance évoquées dans l’avis du CESE. Un segment qui, rappelons-le, est à la traîne depuis les années 1990 et la déconvenue de « Kounouz Biladi ». Le Conseil préconise ainsi la création de produits touristiques, spécialement dédiés au tourisme national et adaptés au pouvoir d’achat des Marocains : la promotion du tourisme social et solidaire via le développement d’auberges des jeunes, l’amélioration des centres d’estivage, la création d’offre dédiées aux MRE ou encore la mise en place de campagnes promotionnelles ciblant principalement les jeunes et les personnes en situation de handicap. 

L’opérationnalisation du tourisme durable et responsable, dans le respect de la Charte marocaine du tourisme durable, fait également partie des recommandations du CESE. S’y ajoutent le renforcement de l’économie circulaire, la normalisation de l’activité, l’adoption d’une approche « Tourisme 365 jours » et la diversification de l’offre en y intégrant l’éco-tourisme, le tourisme rural ou encore le tourisme médical. D’un autre côté, la gouvernance fait également partie des pré-requis à tout renforcement de l’activité, ce qui est tributaire, selon le Conseil, de l’instauration d’une loi-cadre du tourisme, la promotion d’une planification stratégique intégrée, la mise en œuvre d’une meilleure synergie entre l’ONMT et la SMIT, l’amélioration de l’information destinée aux investisseurs ou encore la remise en question de la politique aérienne du Maroc. 

Capital humain et territorialisation

Autre prérequis : le capital humain. Les experts du Conseil appellent à faire de la recherche scientifique un axe majeur de la promotion touristique via la mise en place de passerelles entre entreprises, universités et professionnels. Le CESE préconise également la création d’une cartographie exhaustive de l’emploi dans le tourisme et pousse à initier la signature d’une convention sectorielle collective en matière de formations, impliquant opérateurs et OFFPT, comme les écoles d’excellence. L’instauration d’une spécialisation « Arts et métiers du tourisme » depuis le bac jusqu’au doctorat, la révision du dispositif de formation professionnelle et la mise en place d’une approche collaborative et inclusive font également partie des recommandations du Conseil. 

La territorialisation de l’offre touristique représente un autre vecteur de développement du secteur. La régionalisation et la charte de la déconcentration constituent, selon le CESE, une opportunité pour équilibrer le développement de l’activité au niveau national. Pour y arriver, il est ainsi recommandé de mettre en corrélation les stratégies nationales du tourisme, de la culture, de l’artisanat et du développement durable, tout en leur assurant une déclinaison territoriale. Une offre qui devra être diversifiée autour de corridors s’étalant sur plusieurs territoires avec thématique commune. L’accent devra être mis sur les régions à fort potentiel touristique mais qui restent sous valorisées. 

Ces corridors pourront être pensés conjointement avec des pays voisins, qu’ils soient du pourtour méditerranéen comme de l’Afrique subsaharienne. Le renforcement des mécanismes de démocratie participative à l’échelle locale peut également servir de moteur à la promotion du tourisme. Un avis qui reste tributaire de la mise en place de plateformes et forums citoyens de dialogue entre pouvoirs publics, décideurs locaux, professionnels et populations locales qui demeurent un préalable à un réel développement inclusif et participatif du tourisme. 

Amine ATER

 
 








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