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Taux directeur : vers un nouveau tour de vis de Bank-Al-Maghrib ?


Rédigé par A.CHANNAJE Samedi 18 Mars 2023

CDG Capital Insight s'attend à ce que le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) au titre de l’année 2023, prévu le 21 mars, augmente, pour la troisième fois consécutive, le taux directeur le ramenant à 3%.



Le premier Conseil de Bank Al-Maghrib au titre de l’année 2023 intervient dans un contexte, national et international, particulier marqué par la persistance d’un niveau élevé de l’inflation de 8,9% à fin janvier, une amélioration de la distribution des crédits bancaires, une poursuite de l’accélération de la masse monétaire, et des perspectives de croissance favorables, souligne CDG Capital Insight dans son « Flash pré-Conseil de Bank Al-Maghrib », rendu public mercredi 15 mars.
Après une période d’observation, et à la suite de la montée en puissance de l’inflation et surtout la transmission de la hausse des prix des biens échangeables vers les biens non échangeables, le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé, à l’issue des deux dernières réunions, tenues le 27 septembre et le 20 décembre 2022, de relever le taux directeur (TD), deux fois successives, de 50 Pbs, le ramenant, ainsi, de 1,50% à 2,50% à fin 2022, rappelle CDG Capital Insight.
Cette décision vise essentiellement à prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et assurer les conditions d’un retour rapide à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix, souligne la même source.
Pour le prochain Conseil d'administration de BAM, CDG Capital Insight s'est livrée sur les principaux facteurs qui vont probablement pousser Bank Al-Maghrib à relever son taux directeur.
 
Liquidité bancaire
 
Elle fait remarquer ainsi que le déficit de liquidité du système bancaire, après le recul enregistré au cours des deux derniers mois de l’année 2022, renoue avec la hausse au cours du mois de janvier 2023. Ainsi, la moyenne hebdomadaire du déficit est passée à -87,3 milliards de dirhams (MrdDH) enregistré en janvier 2023 contre -86,5 milliards de dirhams un mois auparavant, soit une légère hausse d’environ 800 millions de dirhams.
Cette nouvelle orientation haussière s’explique par une détérioration conjuguée de trois facteurs autonomes de la liquidité bancaire. D’abord, une baisse importante des avoirs officiels de réserve d’environ -10,9 milliards de dirhams, enregistrée au cours des mois de décembre 2022 (-6,9 MrdDH) et janvier 2023 (-4 MrdDH) pour passer à 333,6 MrdDH. Le second facteur a trait à la poursuite de la forte hausse de la circulation fiduciaire, qui a augmenté de 9 MrdDH au cours de la même période pour s’établir à 357 MrdDH, soit +7 MrdDH en décembre 2022 et +2 MrdDH en janvier 2023.
Le troisième facteur concerne les créances nettes sur l’Administration centrale qui ont, après un recul enregistré sur la période juillet-novembre 2022, considérablement augmenté au cours des deux derniers mois : de 21 MrdDH pour passer à 316 MrdDH, avec +19 MrdDH au mois de décembre 2022 et +2 MrdDH le mois d’après.
Dans ces conditions, Bank Al-Maghrib a continué à combler le déficit du système bancaire, à travers ses interventions auprès des banques, avec une moyenne hebdomadaire d’environ 101,9 MrdDH enregistrée au mois de janvier 2023 contre 103,3 MrdDH le mois précédent.
 
 
TMP interbancaire
 
L’encours moyen des injections de BAM au cours du mois de janvier est composé de : 56,6 milliards sous forme d’avances à 7 jours, 21,5 milliards à travers les opérations de pension livrée à long terme et 23,8 milliards dans le cadre des prêts garantis à long terme, ressort-il du « Flash pré-Conseil de Bank Al-Maghrib ».
CDG Capital Insight tient à préciser que depuis le déclenchement de la crise Covid-19 et afin d’éviter toute sorte de dérapage à la hausse du TMP (Taux Moyen Pondéré), la banque centrale continue à servir la totalité de la demande des banques lors des appels d’offre à 7 jours, enregistrant ainsi des excédents par rapport au déficit de liquidité du système bancaire, dont le montant a avoisiné les 14,6 MrdDH au cours du mois de janvier 2023.
De même, poursuit la même source, BAM a décidé, à partir de la deuxième semaine du mois de janvier 2023, le recours à un instrument structurel de la politique monétaire, en l’occurrence les opérations d’open market, à travers l’organisation hebdomadaire, chaque lundi de la semaine, d’un appel d’offres pour l’achat des bons du Trésor sur le marché secondaire, dont la maturité est inférieure à une année. BAM a fixé un plafond de 25 MrdDH pour ces opérations, dont l’encours au 13 mars 2023 s’élève à 15,8 MrdDH.
Dans ce contexte, CDG Capital Insight indique que le TMP interbancaire, représentant la cible opérationnelle de la politique monétaire, a évolué à des niveaux quasi-identiques au nouveau taux directeur (2,5%).
 
Taux débiteurs et créditeurs
 
Dans cette étude, élaborée par Ahmed Zhani, économiste en chef chez CDG Capital, on souligne aussi que le prochain Conseil de BAM est appelé, avant de prendre une décision sur le taux directeur, à tenir compte de l’évolution du Taux Moyen Pondéré Global Débiteur (TMPGD). Un taux qui a enregistré une hausse de 26 Pbs au 4ème trimestre 2022 pour passer à 4,50%. Cette augmentation recouvre un accroissement de 39 Pbs des taux assortissant les prêts aux particuliers à 5,72% et de 26 Pbs à 4,30% pour ceux destinés aux entreprises.
La hausse des taux associés aux prêts accordés aux entreprises découle d’une augmentation de 24 Pbs de ceux des prêts à l’équipement et de 26 Pbs de ceux des facilités de trésorerie, explique toujours CDG Capital Insight.
Par taille d’entreprise, les taux ont augmenté de 10 Pbs pour les TPME (Très Petites et Moyennes Entreprises)  et de 32 Pbs pour les grandes entreprises.
Parallèlement, la hausse de 39 Pbs des crédits accordés aux particuliers résulte d’un accroissement de 13 Pbs pour les prêts à l’habitat contre seulement 1 Pb pour les crédits à la consommation.
S’agissant des taux créditeurs bancaires, ils ont enregistré des augmentations respectives de 46 Pbs pour les dépôts à terme à 1 an contre seulement 20 Pbs pour ceux à 6 mois.
En résumé, CDG Capital Insight pense que la transmission des deux hausses du taux directeur, de 100 Pbs au 4ème trimestre 2022, vers les taux débiteurs et créditeurs demeure partielle. De même, l’impact escompté sur la distribution des crédits (canal crédit) n’est pas encore recensé.
 
Poursuite de la montée de l’inflation
 
CDG Capital Insight indique, en outre, que le Maroc, à l’image de la quasi-majorité des pays au niveau international, enregistre un dérapage à la hausse de l’inflation (8,9% à fin janvier 2023). Cette envolée est due, entre autres, à la forte hausse des prix des matières premières et énergétiques au niveau international.
De même, le prochain Conseil de BAM intervient dans un contexte international marqué par la poursuite du resserrement des politiques monétaires, adoptées par la quasi-majorité des banques centrales.
Tenant compte de l’ensemble de ces évolutions et perspectives, CDG Capital pense qu’il est plus probable que le Conseil de Bank Al-Maghrib augmente, pour la troisième fois consécutive, le taux directeur, avec une nouvelle hausse prévue de 50 Pbs, le ramenant ainsi à 3%.
 

Repères


Avantages et inconvénients d’une hausse du taux directeur
 
D’après CDG Capital Insight, la poursuite du rétrécissement de la politique monétaire à travers de nouvelles hausses du taux directeur, a les avantages suivants : ancrage des anticipations d’inflation des ménages et retour plus rapide vers l’objectif de stabilité des prix ; amélioration des taux créditeurs bancaires et des rendements obligataires ; et baisse sensible de la composante liquide de la masse monétaire en circulation et des dépôts à vue en faveur de l’épargne.

A contrario, CDG Capital Insight estime qu’une hausse du taux directeur à 3% risque de rétrécir les conditions de financement ; d’affaiblir la croissance économique ; de renchérir le coût de financement du Trésor public et des entreprises et établissements publics ; et de dégrader la performance des entreprises cotées.
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Forte présence des banques marocaines en l’Afrique de l’Ouest
 
Selon un rapport de l’agence Ecofin, les banques marocaines contrôlaient plus d’un cinquième du marché bancaire en Afrique de l’Ouest en 2021.Dirigées par Attijariwafa Bank, la Banque centrale populaire et Bank of Africa, elles géraient près de 28% du marché bancaire dans le groupe de pays d’Afrique de l’Ouest qui comprend le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.

Opérant avec 26 filiales en Afrique de l’Ouest, les banques marocaines gèrent 28,1% des 17,4 millions de comptes bancaires de la région, alors que leur part de marché combinée est à la limite d’un tiers du marché, individuellement. Elles sont à la traîne par rapport à la part de marché de 10,1% d’Ecobank Transnational Incorporated.
Par ailleurs, elles détiennent 20% des guichets bancaires et 22% des guichets automatiques en service dans la région.

Fin 2021, les charges d’exploitation des banques marocaines ont considérablement baissé, augmentant leurs marges bénéficiaires, selon des données citées dans le rapport Ecofin. 
 
Quel est l’impact du TD sur les TI ?
 
Le taux directeur (TD) est le taux d’intérêt (TI) qu’une banque centrale, telle que la Banque de France ou la Réserve fédérale, appliquera aux banques commerciales pour les prêts. Appelé aussi taux d’intérêt bancaire ou taux d'intérêt de base, le TD aura un impact sur le taux d’intérêt appliqué aux consommateurs car les banques commerciales modifient leurs taux d’intérêt en fonction des changements effectués par les banques centrales. Si une banque centrale augmente son taux directeur, les banques commerciales augmentent leurs taux d'intérêt et l’emprunt devient plus coûteux.

Si une banque centrale réduit le taux directeur, les banques réduisent également leurs taux d’emprunt et leurs taux pour les prêts immobiliers. Cela signifie qu'il serait plus facile d'obtenir un prêt, et que les taux des prêts immobiliers seraient plus avantageux pour les acheteurs. Cependant, des taux directeurs moindres peuvent aussi signifier que les intérêts sur les épargnes seraient moins élevés car les paiements des taux d’intérêt perdraient de la valeur.
 








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