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Sous-emploi : La partie immergée de l’iceberg du marché du travail


Rédigé par Safaa KSAANI Lundi 18 Juillet 2022

Malgré les efforts déployés par l’État et le rôle du secteur privé, le marché du travail souffre encore de quelques dysfonctionnements d’ordre quantitatif, qualitatif et de gouvernance, constate la DEPF.



La Direction des études et des prévisions financières (DEPF) a publié, mercredi 13 juillet, un Policy Brief consacré à la thématique : « Les déterminants du sous-emploi au Maroc » et qui a pour objectif d’examiner dans quelles mesures les facteurs démographiques et économiques pourraient être à l’origine du sous-emploi lié au temps de travail et aux situations d’emplois inadéquats au Maroc.

Le BTP, fief du sous-emploi

Le genre, le milieu de résidence, l’âge, le statut matrimonial, la dépense annuelle moyenne par personne (DAMP), le diplôme, l’éducation, le secteur d’emploi et le type de contrat de travail sont significativement associés au sous-emploi à un niveau de signification de 5%. Par secteur d’activité, le sous-emploi est plus fréquent dans le secteur du BTP avec un taux moyen de 17,3% durant la période 2007-2021.

Avec une part très faible du travail à temps partiel dans ce secteur (0,6% en 2017), cette situation peut être expliquée par des situations inadéquates d’emploi et par le fait que les emplois offerts par ce secteur n’exigent pas en général des qualifications élevées, estime la DEPF.

Dans le détail, les actifs occupés exerçant dans le secteur de l’agriculture, forêt et pêche, sont touchés par ce phénomène à hauteur de 10,3%, en moyenne durant la même période. Concernant les secteurs de l’industrie (y compris l’artisanat) et les services, les taux de sous-emploi restent relativement faibles avec des niveaux, respectivement de 7,1% et de 8,9% en moyenne.

Par statut professionnel, le sous-emploi demeure également plus répandu parmi les salariés avec une moyenne de 11,2% durant la période 2007-2021. Près de deux salariés sur trois (62,9%) ne bénéficient pas de contrat de travail et cette proportion atteint 89,4% dans le secteur du BTP. Les sous-employés dont le statut est employé non-rémunéré ou auto-employé ont vu leur taux moyen de sous-emploi atteindre respectivement 9,3% et 8,6%, constate-t-on. Selon le secteur d’emploi, les actifs sous-employés exerçant dans le secteur privé sont plus exposés au sous-emploi par rapport à leurs homologues du secteur public.

La mauvaise allocation, la sous-utilisation du facteur travail, ainsi que la présence de l’activité informelle sont autant de facteurs explicatifs de ce phénomène. La structure de la population active sous-employée selon l’âge fait ressortir que les jeunes issus des deux grands groupes d’âges de 15-24 ans et de 25-34 ans représentent une plus grande part des personnes en situation de sous-emploi de 24,5% et 36,6%, en moyenne, respectivement durant la période 2000-2021.

En termes de poids, le sous-emploi est plus répandu parmi la population occupée exerçant dans le secteur agricole (39,7% en moyenne sur la même période), suivi par le secteur des services (34,5%), du BTP (15,7%) et par le secteur de l’industrie (9,4%). Durant la période 2000-2021, le secteur privé compte la grande part des personnes en situation de sous-emploi, avec une part de 95,7% en moyenne de la population sous-employée totale contre seulement 2,7% dans le secteur public.

Par statut professionnel, les salariés sont également les plus touchés par ce phénomène, soit 49,9% en moyenne, suivis par les indépendants de 28,1% et les employés non rémunérés de 21,9% en moyenne pendant la même période, estime la DEPF dans son Policy Brief.

Les données sur le sous-emploi : un intrant pour la mise en oeuvre des politiques publiques

L’objectif du travail mené par la DEPF et l’Observatoire National pour le Développement Humain (ONDH) est d’examiner les déterminants individuels du sous-emploi liés au temps de travail et aux situations d’emplois inadéquats au Maroc, dans l’objectif de participer à la conception, la mise en oeuvre et l’évaluation des politiques publiques et programmes d’emploi.

Les résultats de ce travail ont souligné la pertinence de mesurer les différents types de sous-emploi afin de prévenir et de traiter ses conséquences. “Les données sur le sous-emploi sont devenues un intrant pertinent pour la conception, la mise en oeuvre et l’évaluation des politiques publiques et programmes d’emploi”, selon la DEPF.

Le constat de la DEPF est que, on ne peut plus clair, l’adoption d’une nouvelle approche intégrée pour réduire le poids du sous-emploi demeure primordiale et devrait être développée pour renforcer la croissance, encourager une plus grande création d’emplois de qualité et pour s’attaquer aux obstacles structurels sur le marché du travail qui empêchent les individus de trouver des emplois productifs, qui conviennent à leurs compétences et capacités.

Et de renchérir : “Les développements technologiques, les changements dans les besoins en compétences et les mutations démographiques pourraient également influencer le sous-emploi, et nécessitent une anticipation et une réponse adéquate dans la mise en oeuvre des politiques publiques. Les décideurs publics devraient également se concentrer sur le développement de compétences et de programmes conformes aux évolutions du marché du travail et aux caractéristiques du travail”.

Tenant compte de la structure de l’économie marocaine, des actions visant à absorber de manière optimale les travailleurs qualifiés, l’adéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail, sont nécessaires, conclut-on.


Safaa KSAANI


La DEPF et l’ONDH travaillent main dans la main
 
Le présent policy brief, réalisé par la DEPF, en partenariat avec l’ONDH, a pour objectif d’examiner dans quelles mesures les facteurs démographiques et économiques pourraient être à l’origine du sous-emploi lié au temps de travail et aux situations d’emplois inadéquats au Maroc.

A l’aide de l’Enquête Panel des Ménages (EPM) 2019 réalisée par l’ONDH, un modèle de régression logistique binomiale a été conçu pour analyser les principaux déterminants individuels du sous-emploi au Maroc et évaluer leurs effets sur la probabilité d’être sous-employé dans le marché du travail marocain.

Les résultats obtenus ont souligné la pertinence de mesurer les différents types de sous-emploi afin de prévenir et de traiter ses conséquences. Ils ont permis, aussi, d’analyser les principales dimensions du sous-emploi au Maroc, à savoir celles liées au genre, qui a une incidence significative sur le risque de se retrouver en sous-emploi, à l’âge, au statut matrimonial, à la qualité du travail (contrat de travail), au milieu de résidence, au niveau d’instruction et aux secteurs d’activités.
 








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