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Culture

Soukaina Oufkir : La chanson s’est imposée à moi sans me demander mon avis


Rédigé par Anis HAJJAM le Dimanche 4 Septembre 2022

Femme au coeur grand comme ça, l’artiste se joue des codes et choisit de mener sa vie d’interprète-auteure-compositrice indépendamment de ce que peuvent dicter les labels. Elle s’autoproduit et jouit ainsi d’une grande liberté d’action. Interview aérienne avec une belle âme, une personne qui fixe les étoiles, les pieds sur terre.



Soukaina Oufkir : La chanson s’est imposée à moi sans me demander mon avis
Happée par la musique depuis sa tendre enfance, Soukaina pense sérieusement à en faire son « métier » en allant s’installer en France en 1996. Depuis, elle se perfectionne, donnant libre cours à ce que son coeur lui dicte. Elle écrit et compose, compose et écrit. Un style qui se rapproche de belles choses déjà établies en s’en éloignant avec dextérité. Elle est dans la chanson à texte qu’elle sauce d’une pop prenante en l’édulcorant intelligemment. Il y a eu « Cours » et « Il y a toi », récemment « Balle au coeur » (L’amour est une balle perdue) et « Entre Deux » (Un détour par moi) en vue de la sortie d’un attendu opus. Il y a eu aussi un livre, « La vie devant moi » paru en 2008 (Calmann-Lévy), où elle se raconte, conte le pan d’une vie qu’elle veut derrière elle. Aujourd’hui, elle vit à Marrakech, une ville qui lui inspire créations et collaborations. Rencontre en douceur, entretien tout en sobriété.
 
La chanson s’impose à moi sans me demander mon avis.

- Dans tes chansons et notamment avec ces deux derniers singles «Balle au coeur» et «Entre Deux», tu es dans le ciselé, dans la danse des mots et la rime des compositions. Comment s’opère un tel équilibre ?

- J’aime écrire et plus encore, j’aime les mots quelque soit l’exercice : chanson, livre ou une pièce de théâtre… Pour les chansons, l’exercice est de raconter une histoire en quelques minutes. Jacques Brel disait : une chanson c’est trois minutes d’inspiration et trente heures de transpiration. Rien n’est plus vrai. Pour « Balle au coeur », une fois l’inspiration première passée, le défi était de trouver un mot positif pour contrebalancer Coup qui est un terme violent et négatif.
 
Je suis mon instinct et m’oblige à faire les choses le mieux possible.

- Dans le clip de « Balle au coeur », on croise des oeuvres de Mahi Binebine. Connaissant son thème de « prédilection », était-ce pour mieux asseoir ton texte ?

- Monsieur Mahi Binebine est à mon sens un artiste accompli, peintre, sculpteur, écrivain, poète et humaniste merveilleux de part le travail qu’il entreprend avec les centres « Les étoiles » à travers le Maroc en faveur des jeunes défavorisés. Il m’a très généreusement mis sa maison à disposition pour le tournage du Clip. Avec Said Ylmaz, le réalisateur et Mehdi Dennaoui le VFX et également comédien, nous avons choisi l’oeuvre « La roue ». Elle représente pour moi l’éternel amour, l’attachement, l’obstination d’aimer. Faire apparaître son oeuvre dans mon clip est un honneur.


- Tu évolues dans la chanson à texte sans hésiter à bifurquer vers le slam/ rap (« Entre Deux »)...

« Entre deux » avait un autre refrain. Lorsque je l’ai retravaillé avec Géraldine Potron (co-compositrice et arrangeuse, ndlr), j’ai fait évoluer le texte avec l’humeur du moment. Nous pensions la chanson finie lorsque, en sortant du métro à Paris, ce rap/slam m’est venu et nous l’avons intégré. Le fait d’être autodidacte, je ne m’interdis rien. Je suis mon instinct et m’oblige à faire les choses le mieux possible.


- Tu as toujours rêvé de devenir chanteuse. D’où émane cet amour pour la musique ?

- Je ne peux répondre à cette question en étant cartésienne. La chanson s’impose à moi sans me demander mon avis. Elle peut surgir à n’importe quel moment et dans n’importe quel endroit. Et là, un bien-être m’empli. C’est un moment de grâce. Le tumulte du monde s’arrête.


- Quelles étaient tes étapes avant l’écriture et la composition ?

Le feeling ou un parcours académique ? Le feeling. Je ne suis pas musicienne et pourtant je compose. Je n’ai pas bac + 10 et pourtant j’écris.


- Et la scène dans tout cela ?

- Avec mon groupe, nous avons fait des concerts en France, en Belgique et en Hollande. C’est le moment de vérité où vous vous mettez à nu devant un public. Je souhaite refaire de la scène. C’est dans mes projets.


- Tu vis actuellement à Marrakech. Est-ce professionnellement plus ou moins commode que si tu étais restée en France ?

- A mon âge, ce n’est simple nulle part. J’aime la dynamique artistique qu’il y a au Maroc. Je rencontre des artistes avec lesquels je souhaiterai travailler et/ou faire un duo. Le fait de m’autoproduire me donne la liberté de ne pas m’enfermer dans un style ou une langue. Mon album sera un patchwork.


- Que ressens-tu en écoutant «Fine ghadi biya khouya» de Nass El Ghiwane ?

- A vif.


- Alors, c’est toujours «La vie devant moi»?

- C’est « La vie maintenant ». Avant je vivais au jour le jour, aujourd’hui je vis à la seconde.


- Et maintenant, réponds à une question que je ne t’ai pas posée.

Je vais bien, merci.






Propos recueillis par Anis HAJJAM