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Sommet extraordinaire de la CEDEAO : Les sanctions, épée de Damoclès à éviter


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 10 Janvier 2022

Face aux exigences de la CEDEAO pour une transition courte au Mali, force est de constater que la junte au pouvoir à Bamako invoque des arguments de taille dont l’insécurité persistante dans le pays, en proie aux violences de toutes sortes, jihadistes, communautaires, crapuleuses... Mais aussi et surtout la nécessité de réformes, comme celle de la Constitution, pour que les élections ne souffrent pas de contestations à l’instar des précédentes. Des réalités qu’il faudra prendre en compte avant toutes sanctions.



Sommet extraordinaire de la CEDEAO : Les sanctions, épée de Damoclès à éviter
Hier dimanche 9 janvier, la CEDEAO tenait un sommet extraordinaire, dans la capitale ghanéenne. Une rencontre consacrée à la situation au Mali, devenue préoccupante pour l’institution sous-régionale. Il ne fallait pas attendre un assouplissement dans l’intransigeance de la CEDEAO. Car entre Bamako et cette organisation l’entente est difficilement envisageable, elle qui voudrait une transition de courte durée. Le délai était fixé à ce mois de février. Ce qui est pratiquement intenable. Et la proposition des autorités maliennes semble aller à l’antipode.

En effet, après avoir avancé 5 ans, voilà qu’elle annonce une période transitoire ne passant pas les trois ans. Maintenant, tout le problème se situe là. Cette nouvelle date n’a pas manqué d’alimenter les débats car il appartient à la CEDEAO de faire en sorte que la population malienne ne soit pas victime collatérale dans sa volonté de punir la junte au pouvoir à Bamako.

En août 2020, déjà, la CEDEAO avait suspendu le Mali de tous ses organes de décision, suspension toujours en vigueur. Elle avait aussi fermé toutes les frontières terrestres et aériennes, et instauré un embargo sur les échanges financiers et commerciaux, à l’exception des produits de première nécessité.

En pleine pandémie, l’embargo infligé à un pays pauvre et enclavé avait été durement ressenti par la population. Ces sanctions avaient été levées au bout d’un mois et demi. Pour les analystes donc, la CEDEAO doit soupeser les risques de braquer les Maliens contre elle avec une nouvelle démonstration de rigueur.

Crédibilité et légitimité

Il faut reconnaitre que les autorités de transition avancent des arguments non négligeables. Elles invoquent l’insécurité persistante dans le pays, en proie aux violences de toutes sortes, jihadistes, communautaires, crapuleuses... Mais aussi et surtout la nécessité de réformes, comme celle de la Constitution, pour que les élections ne souffrent pas de contestations à l’instar des précédentes.

Face aux exigences de la CEDEAO, le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, avait même dépêché samedi deux ministres auprès de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest lors du sommet extraordinaire d’Accra sur le Mali, théâtre de deux coups d’Etat militaires depuis 2020 et en proie à une profonde crise sécuritaire constante. L’enjeu du sommet de dimanche était absolument crucial aussi bien pour le Mali que pour la CEDEAO elle-même.

Selon un diplomate, contacté à ce sujet et qui a requis l’anonymat, l’organisation y joue, à la fois, sa crédibilité et sa légitimité dans un contexte où ses décisions sont extrêmement contestées par les populations maliennes, qui estiment, notamment, que l’organisation défend davantage les intérêts des chefs d’État que ceux du peuple, en violation de ses engagements.

Déjà au Mali, certains accusent l’organisation de pratiquer le deux poids, deux mesures, en adoptant des positions fermes contre les coups d’État militaires, mais se montrant beaucoup moins critique vis-à-vis des dérives autoritaires des présidents élus qui s’accrochent au pouvoir. Une position mise notamment en avant par les soutiens du gouvernement malien, qui assimilent les actions de l’organisation ouest-africaine à une tentative d’ingérence dans les affaires du pays.

Les autorités de transition font, quant à elles, l’objet d’attaques de la part de plusieurs partis d’opposition, qui estiment que la prolongation de la transition n’est qu’une tactique pour rester au pouvoir. Un nouveau durcissement de ton ne fera que jeter de l’huile sur le feu.

Plaidoyer pour une paix durable

Toujours est-il que la force et l’importance de l’UEMOA réside aussi dans le fait que tous les pays membres ont une monnaie commune. Et la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) joue un rôle capital. Si elle reçoit - par exemple - des instructions des chefs d’États d’arrêter les transactions avec le Mali, et de l’empêcher d’en avoir, le pays pourrait rapidement avoir des problèmes de liquidités pour payer les salaires des fonctionnaires.

En tous cas, le circuit financier sera rapidement grippé au Mali. C’est le pire qu’il faudra craindre. Or l’Afrique de l’Ouest n’a pas besoin d’un tel scenario car ce sont les populations qui vont souffrir. Ce qui fait dire à notre interlocuteur que la CEDEAO a tout intérêt à être flexible et de trouver un terrain d’entente au risque d’aggraver une situation explosive.

En la matière, les partenaires traditionnels du Mali multiplient les appels pour que, les mois à venir, soient engagées les vraies actions pour que le Mali retrouve sa place d’antan au sein du concert des nations de la CEDEAO. C’est dans ce contexte de multicrise qu’au terme de près de neuf ans de présence au Sahel, la France a entrepris en juin de réorganiser son dispositif militaire en quittant ses trois bases les plus septentrionales au Mali (Tessalit, Kidal et Tombouctou) pour se recentrer autour de Gao et Ménaka, aux confins du Niger et du Burkina Faso.

Ce plan prévoit une réduction des effectifs français au Sahel, de 5.000 à 2.500/3.000 d’ici 2023. Par ailleurs, plusieurs forces étrangères, d’environ 10 000 hommes, sont présentes au Mali pour lutter contre le terrorisme parmi lesquelles il y a Barkhane et MUNISMA.

Wolondouka SIDIBE



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