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Sécheresse : départ précoce de la saison des feux de forêts


Rédigé par Oussama ABAOUSS le Vendredi 13 Mars 2020

À cause des changements climatiques et de la sécheresse, les feux de forêts ont commencé très tôt cette année et risquent de devenir virulents en période de canicule



Sécheresse : départ précoce de la saison des feux de forêts
Le printemps ne s’est même pas encore officiellement établi que les feux de forêts sont déjà là. Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le risque d’incendie dans la région méditerranéenne augmente, dans un contexte de réchauffement climatique aggravé par le drainage et l’artificialisation des forêts. Le phénomène climatique globalisé influe sur la « période des feux » qui dure de plus en plus longtemps faisant au passage des dégâts de plus en plus considérables.

Les superficies brûlées totalement dans les pays méditerranéens peuvent être estimées à environ 600.000 hectares par an, soit près du double qui était enregistré dans les années 1970. La FAO invite en particulier les États à développer de nouvelles stratégies de gestion pour prévenir et lutter contre les « méga-incendies » de forêt qui « parmi tous les feux de forêt, sont les plus coûteux, les plus destructifs et les plus préjudiciables ». Cette année aux facteurs intangibles et impalpables des changements climatiques, s’ajoute une sécheresse avérée causée par le manque des précipitations. Les forêts marocaines se retrouvent de ce fait plus sèches que d’habitude et donc plus exposées face aux risques d’incendies de forêts.

18 incendies en 2020

«À cause du manque de précipitations nous avons eu plusieurs incendies », nous confie M. Fouad Assali, chef du centre national de gestion des risques climatiques forestiers affilié au Département des Eaux et Forêts. « Du 1er janvier au 11 mars 2020, il y a eu 18 incendies qui ont totalisé près de 20 hectares incendiés. Les régions les plus touchées sont la zone de l’Oriental avec 4 feux et le Rif avec 4 feux également», poursuit le forestier. Le Royaume est avec ça dans une situation bien meilleure que certains de ses voisins. Nous sommes très loin des 700 hectares ravagés par le feu en Corse février dernier, ou encore des 1063 hectares brûlés dans les Îles Canaries il y a quelques jours.

2019, une année incendiaire

Si les pays méditerranéens bataillent tant bien que mal contre les feux, les catastrophes liées aux incendies de forêts qui ont le plus marqué les esprits cette année se sont déroulées à l’autre bout du monde. Les mois de juin à septembre 2019 ont vu d’importantes superficies de la forêt amazonienne partir en fumée avec près de 62 % du nombre de départs de feux par rapport à 2018. En Australie, les forêts (ou ce qui en reste) fument encore. Le pays des kangourous a vu cette année partir en fumée près de 18,6 millions d’hectares environ (186.000 km2) de ses espaces boisés.

Le monde entier a pu suivre ces derniers mois l’ampleur de la catastrophe qui a fait plusieurs dizaines de morts parmi les humains et plus d’un milliard parmi les animaux.

Un dispositif de lutte rodé

L’automne s’installe cependant en ce moment en Australie, où le rythme des saisons défile différemment des pays de l’hémisphère nord. C’est en revanche à nous autres de l’hémisphère nord de voir s’approcher l’été et avec, notre période des feux de forêts. Chaque pays de la région méditerranéenne se prépare avec ses propres moyens pour lutter. Au Maroc, la logistique déployée autant que les efforts des divers intervenants démontrent chaque année que le Royaume s’investit d’une manière exemplaire dans ce domaine. La stratégie des autorités marocaines repose sur un système de gestion proactive des risques qui a fait ses preuves.

Le dispositif anti-incendie repose également sur une flotte de cinq avions Canadair pilotés par des éléments des Forces Royales Air dont le ravitaillement en eau se fait sans atterrissage en puisant sans interruption de vol dans le barrage le plus proche et parfois dans la mer.

Les efforts de lutte contre les incendies de forêts s’avèrent comme une mécanique (voir en-cadré) de plus en plus huilée par l’expérience.

D’après nos sources, les guetteurs prendront leurs positions plus tôt que d’habitude. La sécheresse risque de compliquer les choses, mais force est de constater que nos sentinelles du feu sont plus que jamais déterminées.
 
Oussama ABAOUSS