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Sécheresse : La sécurité alimentaire au Maroc sous la loupe de la FAO


Rédigé par A. CHANNAJE Lundi 25 Juillet 2022

En raison des conditions de sécheresse prolongées et généralisées, la production de blé est estimée à environ 2,5 millions de tonnes, soit plus de 55% de moins que la moyenne quinquennale et plus de 65% de moins que la production exceptionnelle de 2021.



AFP / FADEL SENNA
AFP / FADEL SENNA
Au Maroc, la récolte des principales céréales d’hiver de 2022 s’est achevée la mi-juillet. La production céréalière du Royaume est très variable d’une année à l’autre en fonction de la quantité et de la répartition des précipitations. Les barrages locaux assurent l’irrigation de seulement 15% des terres agricoles et la production agricole pluviale représente 85% de la production totale. C’est ce qui ressort d’une synthèse actualisée sur la situation de la sécurité alimentaire, publiée le 21 courant par le Système mondial d’information et d’alerte rapide (SMIAR) de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

« Après un bon démarrage de la saison des pluies, les quantités cumulées de précipitations entre novembre 2021 et février 2022 ont été environ la moitié de la moyenne, provoquant des conditions de sécheresse généralisées dans tout le pays. Les pluies abondantes en mars et avril, jusqu’à 40% au-dessus de la moyenne dans certaines régions, sont arrivées trop tard pour amorcer une reprise de la végétation car les cultures céréalières avaient déjà atteint le stade de remplissage des grains », fait savoir le SMIAR.

Et de poursuivre qu’en raison des conditions de sécheresse prolongées et généralisées, la production de blé est estimée à environ 2,5 millions de tonnes, soit plus de 55% de moins que la moyenne quinquennale et plus de 65% de moins que la production exceptionnelle de 2021. La production d’orge en 2022 est estimée à 690.000 tonnes, soit un tiers de la moyenne quinquennale et environ un quart de la récolte 2021, ajoute la même source. Sachant que le gouvernement soutient la production de blé par la mise en place d’un prix de référence pour l’achat de la production locale, actuellement à 3 000 DH/tonne, contre 2800 DH/tonne entre 2017 et 2021.

A la mi-juin, le montant équivalait à 300 USD/tonne, contre 318 USD/tonne la saison précédente en raison de l’affaiblissement de la monnaie nationale. Le gouvernement offre également une prime de stockage aux agriculteurs qui décident de stocker le grain de blé dans des installations agréées.

Pour soulager les éleveurs, dans un contexte de prix élevés des aliments pour animaux, le gouvernement a annoncé une distribution d’urgence de 700.000 tonnes d’orge subventionnée dans les régions les plus touchées par la sécheresse.

Les importations céréalières devraient augmenter en 2022-2023

Le SMIAR de la FAO fait remarquer également que le Maroc dépend fortement des importations de céréales pour couvrir ses besoins de consommation. Les besoins d’importations céréalières pour 2022/2023 sont estimés à 10,4 millions de tonnes, soit environ 35% de plus que les besoins moyens d’importations en 2021/2022, indique la même source, soulignant que le blé constitue environ 60% des importations de céréales.

« Dans le passé, les pays de l’Union Européenne et de la mer Noire fournissaient la majeure partie du blé «tendre» commun, bien que la part de l’Argentine et du Brésil ait augmenté. Au cours des quatre dernières années, les importations de blé en provenance d’Ukraine et de la Fédération de Russie ont représenté environ 20 et 7%, respectivement, des importations totales. Le Canada est le fournisseur traditionnel de blé « dur » », précise le SMIAR.

Le pays applique des droits de douane sur les importations de blé pour protéger les producteurs locaux de la concurrence internationale et révise périodiquement les droits en fonction de la situation de l’offre et de la demande intérieures. Habituellement, les droits d’importation sont fixés aux niveaux les plus élevés au moment de la récolte. Depuis novembre 2021, les droits d’importation sur le blé « tendre » et « dur » sont suspendus, rapporte le SMIAR. En février 2022, poursuit la même source, l’Office National Interprofessionnel des Céréales et des Légumineuses (ONICL) a rétabli un système de restitution destiné à maintenir les prix du blé tendre en dessous de 270 dollars/tonne.

Les importateurs de blé se voient rembourser la différence entre un prix de base du blé, calculé toutes les deux semaines sur la base des prix de quatre origines, et le prix cible de 270 USD/tonne. Le système a été prolongé jusqu’à fin 2022. En raison de la surcapacité de meunerie du pays, certaines quantités de farine de blé, de couscous et de pâtes sont exportées vers les pays voisins, relève-t-on de même source.

L’inflation des prix alimentaires augmente, dans un contexte de prix internationaux élevés

Dans cette synthèse, le SMIAR note, en outre, que le Maroc dépend des importations de céréales et d’énergie. « En tant que principal exportateur mondial de phosphates, la valeur de ses exportations de phosphate a doublé au premier trimestre 2022 par rapport à la même période en 2021, soutenue par les prix internationaux élevés des engrais. Cependant, l’augmentation de la facture nette des importations de denrées alimentaires et d’énergie a dépassé les gains dus aux prix élevés des engrais, ce qui a élargi la balance commerciale », précise-t-on.

Malgré le taux élevé de dépendance du pays aux importations, le SMIAR estime que la transmission des prix internationaux élevés sur les marchés intérieurs est atténuée par les subventions gouvernementales.

Le taux d’inflation alimentaire annuel était estimé à 8,6 % en mai dernier en légère baisse par rapport aux 9,4 % enregistrés au cours des deux mois précédents, mais en hausse par rapport à environ 5 % au début de l’année. « Bien que relativement contenu par rapport aux autres pays de la région, il s’agit du niveau le plus élevé enregistré depuis le début de la série en 2010. L’inflation générale des prix en mai était estimée à 6% », conclut la FAO.



A. CHANNAJE