L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search



Actu Maroc

Sapins de Noël : Un marché timide au Maroc, mais qui gagne en ampleur !


Rédigé par Souhail AMRABI Lundi 26 Décembre 2022

Les fêtes de fin d’année sont de plus en plus «célébrées» au Maroc. En présences de familles expatriées mais également de Marocains qui veulent eux aussi profiter d’une ambiance festive de fin d’année, le marché du sapin et des installations de Noël se porte comme un charme.



Photo : ISSAC ICHOU
Photo : ISSAC ICHOU
Un peu partout dans le monde, les enfants s’appliquent en ce moment à préparer leur liste du Père Noël. À en croire la légende, demain le bon vieux Santa Claus visitera les maisons en passant par les cheminées. Sur son traîneau volant tiré par des rennes enchantés, le Père Noël ne manquera pas de distribuer «des joujoux par milliers ». Si le pépé à barbe blanche n’a pas l’habitude de faire un détour par le Maroc, il semblerait que l’embargo ne soit plus d’actualité. «Nous ne sommes pas chrétiens, mais je ne vois pas ce qu’il y a de mal à vouloir passer un moment convivial avec les enfants et les amis», nous explique tout sourire un papa en djellaba qui a chargé son cadi de décorations de Noël s’approvisionnant dans une grande surface de la capitale. Le quadragénaire nous avoue qu’il a un petit sapin artificiel chez lui et que ses enfants sont tout excités de le décorer. Si la fête de Noël est a priori associée à la religion chrétienne, les marketeurs et grandes surfaces semblent se l’avoir appropriée pour en faire une fête commerciale mondiale.

Des commandes qui augmentent

«Je fêtais Noël au Maroc quand mes fils étaient encore très jeunes. Là, ils ont grandi et depuis qu’ils ont quitté la maison pour faire leur vie, je ne vois plus l’intérêt à ressortir mon sapin», raconte Stéphanie qui vit au Maroc depuis «quarante- trois ans». «Je me rappelle qu’il y a une dizaine d’années, les célébrations des fêtes de fin d’année s’étaient quasiment arrêtées ici au Maroc. Depuis quelques années ça a repris, je vois de plus en plus de grandes surfaces, d’hôtels et de restaurants qui exposent de très jolies décorations», remarque Stéphanie qui, pourtant, souligne que «la fête de Noël est devenue plus commerciale qu’autre chose».

Sur les sites d’annonces, il suffit de faire une petite recherche pour trouver des dizaines d’annonces qui proposent la vente de sapins (artificiels et naturels) et des installations de Noël. Contacté par nos soins, Adil Zimach, gérant d’une société d’installations et de décorations, nous confirme que la demande augmente rapidement. «C’est un marché saisonnier. Cela dit, quand j’ai lancé mon entreprise il y a cinq ans, j’avais reçu cinq commandes de la part d’entreprises qui voulaient aménager une décoration de Noël. Cette année, j’en suis à plus de cinquante et chaque jour je suis contacté par des particuliers qui veulent également faire des installations chez eux», explique l’entrepreneur.

Sapin naturel contre sapin artificiel

Adil prépare des installations de Noël en utilisant principalement des arbres artificiels. «Cette année, j’ai quand même eu une commande plusieurs mois à l’avance d’une société qui voulait une installation avec un vrai sapin de grande taille. Je suis donc passé par une autre entreprise qui a fait une importation spéciale», nuance M. Zimach.

En pépinières, les offres sont variées avec diverses tailles et différentes variétés de sapins. «Il y a des producteurs de sapin, principalement dans la région de Béni Mellal. Ils peuvent produire rapidement des arbres de petite taille. Nous, en revanche, nous proposons des sapins Nordmann importés car cette variété - qui est très utilisée en Europe - ne peut pas être cultivée au Maroc», explique pour sa part Hamza El Ansari, gérant d’une entreprise de production de plantes.

«Nos sapins Nordmann d’importation se vendent à partir de 500 dirhams pour les petits arbres de 1m50 et peuvent aller jusqu’à 3700 dirhams pour les sapins de 4m», précise le pépiniériste qui lui aussi est d’avis que la demande augmente d’année en année, même de la part de particuliers marocains. Les sapins décorés et les chaussettes remplies de voeux épinglées sur les cheminées marocaines sont plus nombreux chaque année. D’ailleurs, des bruits courent qu’un certain traîneau volant a ajouté le Maroc à sa liste d’arrêts…



Souhail AMRABI

Repère

Sapins de Noël : Un marché timide au Maroc, mais qui gagne en ampleur !
Coupe illégale
Il y a des individus qui viennent parfois dans la forêt pour tenter de couper illégalement des conifères de petite taille et des branches de houx afin de les revendre pour Noël», nous explique un forestier du Moyen Atlas. «Nos agents connaissent ce phénomène et veillent à empêcher ce genre de délit. Il y a même eu des saisies et des PV. Souvent, les arbres coupés sont des petits cèdres. Or, contrairement au sapin qui peut être cultivé assez rapidement en pépinière, le cèdre se régénère difficilement et prend une décennie pour avoir la taille d’un petit sapin de Noël», souligne l’ingénieur. «Il existe une seule espèce de sapin local qui est d’ailleurs endémique. Mais c’est une petite population qui est d’ailleurs interdite de coupe», ajoute le forestier.

L'info...Graphie

Sapins de Noël : Un marché timide au Maroc, mais qui gagne en ampleur !

Histoire

 

D’où vient la tradition du sapin de Noël ?
 
Si Noël est considéré comme une fête chrétienne, celle de la naissance de Jésus, son origine remonterait à un rite païen coïncidant avec le solstice d’hiver. Les païens associaient cette période à la fertilité, la maternité et la procréation. Ce n’est que vers l’an 300 après J.C. que l’église a christianisé ces rites populaires.

Quant à la décoration du sapin, elle vient de la tradition romaine consistant à décorer les foyers avec des branches de conifères et à s’offrir des cadeaux à cette période de l’année. Les Celtes associaient pour leur part chaque mois à un arbre, l’Epicéa fut celui du mois de décembre. Le sapin de Noël n’apparaît en Europe qu’au XVIème siècle.

Pour illuminer l’arbre, on utilisait des coquilles de noix sur lesquelles on fixait des bougies. La mode du sapin décoré au milieu du foyer familial a été lancée par la reine britannique Victoria en 1848. Cette tradition est introduite par le mari de la reine, le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, qui a ramené cette tradition de l’Allemagne, son pays d’origine. Cette coutume se répand alors en Europe puis dans le monde entier.

 

Classification

 
Quel sapin choisir ?
 
Les sapins sont des arbres appartenant au genre Epicéa ou Abies, et poussent en grande partie dans l’hémisphère Nord de la terre. Il existe d’innombrables espèces de sapins dans le monde, mais pour l’usage décoratif de Noël, les variétés privilégiées restent Nordmann, Epicéa, Nobilis ou Douglas. La variété la plus utilisée est le sapin Nordmann, originaire du Caucase et introduit en Europe au milieu du XIXème siècle par le botaniste finlandais Alexander vonNordmann.

Ce genre présente plusieurs avantages, dont sa robustesse et sa résistance à un environnement sec et à des températures élevées. Côté esthétique, le Nordmann a une silhouette pyramidale, des branches souples et des aiguilles qui ne piquent pas. Tout cela en fait le sapin idéal pour accrocher les décorations et passer idéalement les fêtes. Le Nordmann a remplacé progressivement l’Epicéa, arbre qu’on retrouve dans les montagnes du Nord de l’Europe.

Moins cher que le Nordmann, ce genre de sapin a une forme conique et un feuillage dense. Moins commun, le Nobilis est un sapin avec une forme élancée et conique, lui procurant une silhouette noble (Nobilis).

Le Douglas est, quant à lui, originaire de l’Ouest de l’Amérique du Nord. Il est plus rustique que les autres variétés, avec des branches moins fournies mais plus souples que celles des autres variétés. Il y a enfin une variété moins connue, qui est le sapin Pungens, surnommé le sapin bleu du Colorado.
 

Sapin du Maroc

Sapins de Noël : Un marché timide au Maroc, mais qui gagne en ampleur !

Fierté des fôrets du Rif
 
Le sapin du Maroc est un endémique du Rif, où il couvre quelques milliers d’hectares : 3 800 à 5 500. Le plus beau massif est la sapinière de Talassemtane, à quelque 10 km au Nord de Bab Taza, qui couvre encore 2 500 ha. L’aire de l’espèce est en régression. Le sapin appartient au genre Abies. La grande famille des sapins compte environ 80 espèces dont près d’une dizaine sont endémique, du bassin méditerranéen.

Ailleurs, les sapins sont largement présents dans les forêts tempérées et froides de l’hémisphère Nord. Au Sud de la Méditerranée, le sapin existe uniquement au Maroc et en Algérie. Dans les deux pays, il ne s’agit que de petites populations. Les populations marocaines se divisent en deux blocs : celui de Talassemtane à l’Est de Chefchaouen et celui de Tazaot non loin du premier vers le Nord.

Le sapin du Maroc est très exigeant en eau et paraît strictement lié à certains substrats calcaires. Il est localisé dans les régions les plus arrosées du pays où les précipitations annuelles peuvent atteindre 1500mm en moyenne. On le trouve à quelques 1500 jusqu’à 2100m d’altitude. Les sapinières sont relativement homogènes bien que plus ou moins infiltrées localement par le cèdre, le chêne vert ou les pins.

Du point de vue écologique, la sapinière se développe dans les variantes fraîche et surtout froide voire exceptionnellement très froide des bio-climats humide et perhumide. Endémique marocain, le sapin du Maroc (Abies marocana) est un arbre majestueux qui constitue de très beaux écosystèmes forestiers.

Localisés dans le Rif, entre 1400 et 2000m, au-dessus de Chefchaouen, sur les sommets et les hauts versants de la portion orientale de la dorsale calcaro-dolomitique, ces écosystèmes confèrent à la zone une beauté exceptionnelle : richesse floristique et paysages remarquables qui ont été à l’origine de la création du Parc National de Talassemtane qui réunit les deux blocs de sapins, celui de Talassemtane proprement dit et celui de Tazaot, ainsi que les gorges de Oued Laou et Jbel Kelti.