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Salon International des Dattes au Maroc : Faire face à la multiplication des intermédiaires dans la filière phoenicicole


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Jeudi 3 Novembre 2022

Déployé sur une superficie de 40.000 m2, SIDATTES 2022 a dévoilé les enjeux à la filière phoenicicole qui contribue à la création de 1,6 million de journées de travail, soit l’équivalent de 6400 travailleurs permanents à raison de 250 journées par an. La nouvelle stratégie Génération Green 2020-2030 pour le développement de la filière du palmier dattier insufflera une nouvelle dynamique dans le secteur tout en mettant fin à la multiplication des intermédiaires.



La ville d’Erfoud (Province d’Errachidia) vient d’abriter la 11ème édition du Salon International des Dattes au Maroc (SIDATTES 2022) après une interruption de deux années due au Coronavirus. Placé sous le thème «La gestion intégrée des ressources naturelles : pour la durabilité et la résilience de l’écosystème oasien», ce 1er Salon post Covid-19 a été l’occasion de dynamiser ce secteur, lequel contribue à hauteur de 40 à 60% dans la formation du revenu agricole pour plus de 2 millions d’habitants.

Les différentes rencontres, tenues lors de cette manifestation, ont également permis de mettre la lumière sur l’importance et le rôle des oasis et les enjeux liés à la préservation des ressources naturelles pour la durabilité de ces territoires, qui constituent une barrière contre l’avancée de la désertification. Ils contribuent au développement économique de la région et l’ensemble du pays. C’est à juste titre, d’ailleurs, que le Maroc ambitionne désormais de doubler sa production de dattes d’ici 2030 pour atteindre 300.000 tonnes par an, contre 149.000 tonnes en 2021, selon les chiffres établis par le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts.

Cet objectif, à en croire le ministère, sera atteint grâce à la mise en oeuvre de la nouvelle stratégie Génération Green 2020-2030 qui prévoit, entre autres, la plantation de 5 millions de plants, dont 3 millions au niveau de la palmeraie traditionnelle. A ce sujet, il est bon de rappeler que le Maroc est classé 3ème au niveau des pays du Maghreb et 7ème au niveau mondial avec une superficie de 50.000 ha. SIDATTES 2022 a été, par ailleurs, marqué par la tenue du forum de l’investissement qui a constitué un espace d’échange et de promotion des investissements dans la filière du palmier dattier. Il a réuni les professionnels de la filière, les opérateurs du secteur public et la nouvelle génération de porteurs de projets.

Organisation spatiale

Parallèlement, une journée scientifique a été organisée par l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA), en partenariat avec l’Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier (ANDZOA) et l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) pour échanger entre professionnels, institutionnels, chercheurs, étudiants et acteurs concernés autour des progrès techniques et technologiques et des aspects liés au développement de la filière.

Au niveau de l’organisation spatiale du salon, celui-ci a été axé autour de plusieurs pôles, à savoir : le pôle régions, pôle institutionnels et sponsors, pôle international, pôle Rahba, pôle produits de terroir et pôle agrofournitures. A titre d’exemple, le pôle Rahba a constitué l’une des principales composantes de la manifestation. C’était un espace de 3.000 m2 qui a permis aux coopératives et Groupements d’Intérêt Economique (GIE) de commercialiser et de valoriser leur production de dattes.

Tout comme le pôle produits de terroir réservé à l’exposition des produits de terroir des différentes régions, le pôle agrofournitures a été consacré aux entreprises opérant dans les domaines des engrais et fertilisants, des produits phytosanitaires, des plants, du matériel d’irrigation, des emballages et conditionnement, des énergies renouvelables et outillages agricoles.

Pour la petite histoire, l’activité phoenicicole contribue à la création de 1,6 million de journées de travail, soit l’équivalent de 6400 travailleurs permanents à raison de 250 journées par an. C’est dans ces conditions que la déclinaison de la nouvelle stratégie Génération Green 2020-2030 pour le développement de la filière du palmier dattier vise la poursuite de la réhabilitation de la palmeraie traditionnelle et l’extension des plantations en dehors de la palmeraie. Elle vise également l’amélioration de la productivité, le développement de la valorisation, l’augmentation des exportations et la diversification des débouchés, la modernisation des circuits de distribution et de commercialisation interne, ainsi que la valorisation des sous-produits du palmier dattier.

Contrôle du marché local

Dans la même dynamique, le département de l’Agriculture prévoit l’extension de la superficie en dehors de la palmeraie traditionnelle de 14.000 Ha pour atteindre 21.000 Ha, l’amélioration du taux de conditionnement pour atteindre 50% contre 8% en 2020. Cependant, le salon a permis de pointer du doigt certains handicaps dont le rôle des intermédiaires, lesquels se livrent à une spéculation. Une problématique qui a été mise en index par des professionnels et qui affecte le revenu des producteurs.

On peut citer, à ce sujet, qu’un kilo de Mejhoul (la meilleure qualité) est vendu entre 30 et 40 DH par les agriculteurs pour être revendu par la suite aux consommateurs finaux à des prix qui atteignent parfois 200 dirhams. Sans oublier que trois à cinq intermédiaires peuvent intervenir dans la chaîne de commercialisation, ce qui interpelle l’Etat, à plus d’un titre, sur le manque de contrôle du marché local. Alors que les Tunisiens, les Algériens et les Egyptiens proposent des dattes à des prix compétitifs sur le marché local. Ceci est possible grâce à la valorisation de leurs produits mais surtout grâce à un contrôle de leurs marchés où il n’y a pas beaucoup d’intermédiaires, fait remarquer un analyste.

Tenant compte de ce manque à gagner, la nouvelle stratégie de commercialisation vise à augmenter les ventes des dattes, tout en améliorant les revenus des producteurs, et en considérant le contexte de la demande qui est en évolution rapide, notamment sous l’effet de la crise Covid- 19 et la révolution digitale. Enfin, la filière du palmier dattier constitue un secteur clé pour le développement économique et social au niveau des quatre régions oasiennes : Drâa-Tafilalet, Souss-Massa, l’Oriental et Guelmim-Oued Noun.



Wolondouka SIDIBE
 


Bon à savoir
 
Le SIDATTES, qui représente un espace privilégié de rencontres et d’échange entre les opérateurs de la filière phoenicicole, s’assigne pour objectifs de promouvoir l’agriculture oasienne, développer les partenariats entre les acteurs concernés et créer une dynamique économique au niveau de la région. Rendement : le rendement moyen s’établit ainsi à 25 kg/pied, soit environ 2,4 T/ha (Tunisie : 2,6 T/ha ; Algérie : 3,4 T/ha). L’activité phoenicicole contribue à la création de 1,6 million de journées de travail, soit l’équivalent de 6400 travailleurs permanents à raison de 250 journées par an.

Le niveau de la consommation de dattes est 3 kg/hab/ an. Ce qui est faible par rapport aux taux de consommation observés dans les zones oasiennes (15 Kg/hab/an) et les autres pays du Maghreb (10 à 15 kg/hab/an). D’ailleurs, la consommation totale de datte est de 100.000 T/an assurée à partir de la production nationale et des importations d’environ 50.000 T/an. En termes de production, le Maroc se situe au 4ème rang au niveau des pays du Maghreb et 11ème au niveau mondial.
 








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