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Sahara marocain / Culture : Abondance du patrimoine matériel et immatériel


Rédigé par L'Opinion le Mardi 7 Février 2023

Le Sahara marocain regorge d’un patrimoine culturel matériel et immatériel riche, diversifié et pluriel, a indiqué, dimanche à Dakhla, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid.



S’exprimant lors de l’exposition “Sahara marocain : un patrimoine archéologique millénaire” ainsi que du forum sur “la valeur scientifique du patrimoine matériel et immatériel au Sahara marocain”, le ministre a fait savoir que les recherches archéologiques ont révélé la succession de civilisations dans cette région, remontant à l'ère du paléolithique inférieur. Et de poursuivre que cette époque était caractérisée par l'utilisation d'outils en pierre distinctifs, tels que des haches en pierre qui ont été découvertes à Aousserd à "Kourcia", à "Boulariah" et dans d'autres sites dans le bassin d’Es-Smara, en particulier Oued "Essafa", "Aasli", "Boukerch" et "Larchiouat", rappelant que le Sahara marocain a connu des activités intenses de l'Homo sapiens, notamment à l'époque du Paléolithique moyen, caractérisée par l'utilisation de pointes foliacées pour la chasse, en plus de la multiplicité des sites archéologiques qui remontent à l’ère dite "Atérienne", qui se caractérise également par la précision dans la fabrication d'outils en pierre.

Il a noté que les sites néolithiques, datant d'environ 4.000 ans, ont révélé l'utilisation de techniques distinctives dans la fabrication et la décoration de la poterie propre au Sahara marocain, ainsi qu'en ce qui concerne les méthodes de domestication des animaux et de fabrication de pointes foliacées précises appelées "pointes foliacées sahariennes", ajoutant que plusieurs sites archéologiques comme ceux qu’on trouve à Aousserd et dans la province d'Es-Semara témoignent de cette époque. Cette époque et celle qui suit (préhistoire), ont témoigné d'une abondance et d'une grande diversité dans le domaine de l'art rupestre couvrant plusieurs périodes, comme le confirment les données existantes dans les sites de “Zeaâr” et “Tiwatssène” à Aousserd, “Aouinet Azguer” à Tantan, ainsi que “Larchiouat” et “Tazoua” à Es-Smara.

Outre ce patrimoine matériel, ajoute le ministre, le Sahara marocain est caractérisé par la diversité de son patrimoine immatériel, notamment le patrimoine hassani avec ses diverses interactions patrimoniales, anthropologiques et sociales, ses formations artistiques, ses rituels et ses coutumes.

Pour sa part, le président du Conseil de la région Dakhla-Oued Eddahab, El Khattat Yanja, a indiqué que le Conseil accorde une attention particulière à la valorisation de la culture hassani et à la mise en œuvre des dispositions de la composante culturelle à travers un contrat-programme de financement et de réalisation du programme de développement intégré, pour lequel 52,41 millions de DH (MDH) ont été alloués, dont 20,76 MDH pour la région, afin de réaliser 6 projets d'appui et de renforcement du secteur.

Il a ajouté, dans une allocution lue en son nom, que ces projets concernent la création d'un conservatoire de musique et des arts chorégraphiques à Dakhla, un programme de mise à niveau et de valorisation de la musique hassani, l'organisation de festivals culturels et artistiques, la protection des sites archéologiques d’Adrar Soutouf (Aousserd), et l'inscription de plus de 30 sites archéologiques de la région au registre national du patrimoine, et la réalisation d'un inventaire du patrimoine immatériel Hassani.

Dans l’objectif de renforcer ce programme, a-t-il poursuivi, une autre convention de partenariat a été signée avec le ministère de la Culture en vue d'aménager et d'équiper le centre pluridisciplinaire du patrimoine archéologique et naturel d'Aousserd, pour 4,5 MDH, aménager la Maison de la Culture de Bir Gandouz, et de construire une salle multidisciplinaire pour 2,2 MDH.

 

La préservation du patrimoine nécessite des efforts considérables

La préservation du patrimoine matériel et immatériel du Sahara marocain qui se caractérise par sa richesse et sa diversité, nécessite des efforts considérables, ont souligné les participants à un forum organisé, les 5 et 6 février à Dakhla.

Réunis dans le cadre de ce forum de deux jours initié sous le thème "la valeur scientifique du patrimoine matériel et immatériel au Sahara marocain", les chercheurs universitaires et experts en archéologie ont aussi souligné la nécessité d'engager une réflexion collective sur les moyens à même de préserver et de valoriser le patrimoine matériel et immatériel du Sahara marocain et de mettre l'accent sur l’importance de la recherche scientifique en matière d’archéologie.

A cette occasion, l'enseignante chercheuse à l'Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine (INSAP) à Rabat, Aïcha Oujaa a indiqué dans sa présentation intitulée "Modes et milieux d’occupation humaine dans les zones sahariennes" que plusieurs sites archéologiques qui remontent à l’ère dite "Atérienne" ont été découverts dans le Sud du Maroc.

"Dans les régions de Laâyoune-Sakia Al Hamra et Dakhla-Oued Eddahab, l’Homme s’y est installé depuis l’ère du paléolithique inférieur et y a laissé des indices de sa présence tels que les bifaces", a-t-elle fait observer, ajoutant que ces outils qui remontent aux périodes anciennes de la Préhistoire ont été trouvés dans trois sites dans la province d’Aousserd et dans deux sites dans la province d’Es-Smara, et que les fossiles d'Homo erectus qui dataient de 700.000 ans ont été découverts à Ain Maarouf et Casablanca.

Pour sa part, le professeur à l’Université Chouaib Doukkali d'El Jadida, Abdelhadi Ewague a mis l’accent sur l’état actuel de plusieurs sites de gravures rupestres, déplorant les dégradations des monuments funéraires qui guettent les sites archéologiques. Il a, en outre, mis en exergue une série d'approches qui contribueraient à la préservation et à la revalorisation de ces sites, portant sur les volets législatif, gestion responsable des sites, valorisation et sensibilisation.
De son côté, le chargé de l'inspection des monuments historiques et des sites à la Direction régionale de la Culture, El Mahdi Sehasseh, a fait remarquer que plusieurs sites de surface ont été recensés dans plusieurs zones de la région qui présentent un outillage principalement façonné sur des quartzites locaux (bifaces, éclats, objet unifaciaux…).
Quant à Hind Rhosne, étudiante-chercheuse à l’INSAP, elle a passé en revue les diverses technicités et les différentes décorations et formes de la céramique néolithique dans la région.

"La nature de la céramique de l’argile et la variabilité de ses formes permettent de voir l’utilité de ces ustensiles en céramique et d’avoir une idée sur la manière avec laquelle l’homme a réfléchi à les faire", a-t-elle précisé, faisant savoir que la céramique néolithique présente une nette influence saharienne, dont témoigne de façon éloquente une vase céramique découverte au site de Safia à Bir Guendouz.