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Actu Maroc

Sahara : De Mistura aux camps des séquestrés et des enfants embrigadés


Rédigé par Anass MACHLOUKH Lundi 5 Septembre 2022

L’Émissaire onusien s’est rendu aux camps de Tindouf, dans le cadre d’une nouvelle tournée. Il s’y est heurté aux revendications déphasées du front séparatiste qui paralyse le processus politique.



À bord du jet privé mis à sa disposition par le gouvernement espagnol, l’Envoyé personnel du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Sahara, Staffan De Mistura, sillonne la région à la rencontre des parties au conflit. Depuis sa prise de fonction, il est à sa deuxième tournée, qui l’a menée vers les camps de Tindouf. Il s’y est rendu, vendredi, pour la deuxième fois, sachant qu’il les a visités en janvier dernier, avant de prendre la route vers Alger et ensuite Nouakchott. Il s’agit d’une visite routinière où l’émissaire onusien continue de tâter le terrain comme on dit et à apprendre à connaître ses interlocuteurs. En juillet, il s’est entretenu en tête-à-tête avec le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à Rabat.

On tourne en rond !

Dans les camps des séquestrés, De Mistura s’est entretenu avec plusieurs “pseudo responsables”, dont celui qui se dit “Premier ministre”, Bouchraya Hammoudi Bayoun, et le prétendu représentant du front aux Nations Unies, Sidi Mohamed Omar, qui, ironie du sort, ne peut y mettre les pieds sans passeport diplomatique d’un autre pays.

D’autres leaders séparatistes figurent dans la liste des rendez-vous de De Mistura, on en cite Brahim Ghali, lui-même, et la chargée de la Coopération, Fatima al-Mahdi. Il va sans dire qu’une telle visite n’amènera rien de nouveau, les questions épineuses n’ayant pas été abordées, à savoir l’embrigadement des enfants et le détournement de l’aide humanitaire par les barons du front. Le Maroc, par la voix de son représentant permanent auprès de l’ONU, Omar Hilale, n’a eu de cesse d’attirer l’attention de la communauté internationale sur l’exploitation des enfants dans la propagande guerrière.

À lire les communiqués et les organes de propagande du front séparatiste et de son parrain algérien, on se rend aussitôt compte que les polisariens répètent les mêmes vieilles litanies de leur propre discours, en s’attachant à l’option, depuis belle lurette anachronique, de « l’autodétermination », dont le référendum est impossible à organiser, selon les Nations Unies.

L’Agence de presse algérienne (APS) a reflété l’état d’esprit des leaders séparatistes qui semblent totalement déphasés et répètent inchangé le discours des années 80. Ceux-ci continuent de revendiquer «l’indépendance nationale totale», comme il est écrit dans une dépêche datant du 2 septembre. Des revendications surannées qui dénotent la volonté du front polisario de saper la reprise du processus politique, notamment les tables rondes, tel que préconisé par la Résolution 2602 du Conseil de Sécurité.

Le polisario se contredit !

En dépit de toutes ses obstructions, le polisario continue de prétendre vouloir coopérer avec l’ONU, tout en faisant l’inverse (retrait unilatéral du cessez-le-feu de 1991, propagande mensongère sur la guerre fictive, rejet des Résolutions du Conseil de Sécurité…). “Les dirigeants du polisario se contredisent eux-mêmes”, souligne Mohammed Maelaïnin, diplomate et ambassadeur du Maroc dans plusieurs pays, qui a répondu à nos questions sur la nouvelle tournée de Staffan De Mistura.

Selon le diplomate, De Mistura a entamé sa nouvelle tournée dans l’espoir de convaincre les parties de reprendre le processus politique. “Toutefois, le polisario n’est pas sérieux. Même s’il se déclare attaché à la paix et voulant coopérer avec les Nations Unies, ses actes disent le contraire”, déplore-t-il, rappelant que le front séparatiste s’est retiré de l’accord de cessez-le-feu, signé en 1991, et ne cache pas sa volonté de ne plus participer aux tables rondes.

Tout cela s’ajoute, aux yeux de M. Maelaïnin, aux multiples insultes et critiques virulentes qu’il adresse régulièrement aux Nations Unies. La reprise du dialogue, rappelons-le, est d’autant plus difficile que l’Algérie s’emploie, pour sa part, à brocarder les tables rondes auxquelles elle a participé en 2018 et 2019. Alger s’en est officiellement retiré, comme l’a annoncé, en octobre 2021, l’envoyé algérien chargé de la question du Sahara et des pays du Maghreb, Amar Belani.

Alger a justifié sa forfaiture en prétextant que le processus, lancé par l’ex-émissaire Horest Köhler, est «obsolète». Un argument aussi insignifiant que spécieux pour justifier l’irresponsabilité du principal adversaire du Maroc dans ce conflit artificiel, bien qu’Alger prétende n’être qu’un simple observateur. Une prétention vite trahie par ses propres agissements, dont la récente manoeuvre au Sommet de la TICAD, où la diplomatie algérienne a incité le président tunisien, Kaïs Saïed, à accueillir la délégation du polisario, avec un accueil officiel réservé à Brahim Ghali. Un accueil qui a créé une tension sans précédent entre Tunis et Rabat qui n’a pas manqué de manifester sa colère légitime en rappelant son ambassadeur. Ce à quoi Tunis a répliqué en faisant la même chose, par réciprocité.

En gros, le contexte tendu au Maghreb complique bien évidemment la tâche à Staffan De Mistura qui, pourtant, a l’intention de persévérer dans sa mission. C’est ce qu’a fait savoir le porte-parole du SG des Nations Unies, Stéphane Dujarric, qui a fait part de la volonté de l’Envoyé personnel “d’approfondir les consultations avec toutes les parties concernées sur les perspectives de faire avancer de manière constructive le processus politique sur le Sahara”.

De Mistura ne désespère pas

Le porte-voix d’Antonio Guterres a annoncé d’autres visites qui auront lieu prochainement. Pour sa part, le Maroc continue d’engranger les victoires diplomatiques, en obtenant un soutien international de plus en plus conséquent au plan d’autonomie.

En témoigne le soutien nouveau de l’Espagne, de l’Allemagne, des Pays Bas, de la Hongrie, de Chypre, des pays du Golfe, et de nouveaux pays africains ayant ouvert des consulats au Sahara, comme le Cap Vert. Autant de nouvelles données qui seraient forcément prises en compte par le Conseil de Sécurité, qui s’apprête à tenir sa prochaine réunion. La dernière en date a renouvelé le mandat de la MINURSO pour une année supplémentaire, un mandat qui prendra fin le 31 octobre 2022.



Anass MACHLOUKH


Cause nationale : le Maroc en position de force
 
En effet, le polisario ne jouit pas d’autant de soutien qu’il prétend au sein de la communauté internationale. Sur les 193 pays membres des Nations Unies, 84% ne reconnaissent pas la pseudo «rasd», soit les deux tiers des pays africains, 68% des pays d’Amérique Latine et des Caraïbes, 96% des pays asiatiques et 100% des pays européens et nord-américains. Même en Afrique, où le front ne pèse plus rien, bien qu’il soit toujours membre de l’Union Africaine.

La présence au sein de l’instance panafricaine devient de plus en plus un fardeau, en témoigne le fiasco du Sommet du TICAD où sa participation forcée a contribué à embrouiller l’agenda de ce Sommet important. Par ailleurs, nombreux sont les pays africains qui ont assez compris l’imposture du polisario et qui ont fini par se rallier à la thèse marocaine en ouvrant des représentations consulaires au Sahara. Jusqu’à présent, ils ont atteint une vingtaine.