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Rétro-verso: L’Union Sportive Marocaine ou la saga iconique d’un club


Rédigé par Houda BELABD Mercredi 19 Avril 2023

L’USM ! Qui ne peut évoquer ce nom sans l’associer à une époque faste du sport marocain ? En effet, il y a exactement un siècle et dix printemps, naissait à Casablanca ce qui allait devenir une épopée qu'on ne peut que qualifier d'emblématique. Retour sur l'histoire passionnante et un tantinet surprenant de l'USM.



Rétro-verso: L’Union Sportive Marocaine ou la saga iconique d’un club
À l'époque du protectorat français, l'Union Sportive Marocaine, couramment désignée par l'abréviation USM, est un ancien club multisports marocain basé à Casablanca, fondé le 13 avril 1913 par Louis Andrieux.
Réputée pour être l'un des instigateurs du développement du mouvement sportif au Maroc, l'USM est l'un des tout premiers clubs de football créés au Maroc, juste après le Club Athlétique Marocain, également fondé à Casablanca en 1902. Formé un an au lendemain de l'avènement du protectorat français dans l'empire chérifien, et deux ans avant la création du premier championnat du pays, l'USM a bâti son palmarès sur des joueurs de classe internationale, dont Mario Zatelli, Larbi Benbarek, Just Fontaine, ou encore le champion du monde de boxe Marcel Cerdan.
 
La gouvernance mondiale passait par des heures sombres en ce début du XXe siècle, puisque la Première Guerre mondiale, qui n'est pas encore achevée, s’est nourrie de fractures planétaires. La France est submergée par l'armée allemande et les forces armées françaises réalisent la fragilité de leurs soldats. L'État investit dans le sport, en particulier dans les jeux de plein air. Le but est de former des sportifs aptes à venir à tout moment renflouer les effectifs de l'armée. Ce choix s'étend à toutes les colonies françaises d'Afrique, notamment aux pays sous protectorat français, comme le Maroc et la Tunisie, qui ne sont pas épargnés par cette décision, qui touche principalement les protecteurs français du Maroc.
 
La naissance des premières associations sportives au Maroc a eu lieu sous l'égide de l'USFSA, une décennie plus tôt que l'émergence de fédérations sportives. En effet, l'Union sportive marocaine (en abrégé USM) a été créée le 13 avril 1913, cependant, le club n'aurait débuté ses activités qu'en 1915 selon moult historiens, en se basant sur le Dahir de 1914.
 
Toujours est-il que l'année 1913 est celle de la création des premiers clubs sportifs et, entre autres, de l'Union Sportive Marocaine (USM) qui symbolise toute une époque, celle du football colonial. Fondé par Louis Andrieux, ce club gigantesque a bâti son organisation sur le modèle des clubs européens. En effet, l'USM ne fut rien d'autre que la traduction du statut peu commun réservé par la protection française aux Européens.

Dès qu'Andrieux a réussi à fédérer autour de lui un cercle de familles françaises et la communauté européenne de Casablanca, l'USM s'est développée et a pris exemple sur de nombreuses démarches dans plusieurs autres villes dont Fès, Rabat et Marrakech. La contribution de la famille Philip ne fut pas mince puisqu'elle mit à la disposition du club un terrain dont il profita pleinement, c'est le mythique Stade Philip. En sus de cette esplanade, l'USM possédait une deuxième infrastructure sportive, à savoir le Complexe Sportif de l'aviation, destiné aux entraînements de toutes les catégories. Le siège du club, quant à lui, se situait au niveau de la rue  Léon Africain.
 
Il était une vraie structure omnisports dont le modèle économique reposait sur trois volets : les subventions des services communaux de la ville de Casablanca, les contributions et les dons des membres et un quota de 10% de la billetterie collectée de tous les clubs qui se font désigner le stade Philip pour leurs rencontres de championnat. Le coup de sifflet de la première compétition officielle, pilotée par la LMFA, est intervenu en juin 1915.
 
Lors de la première édition, le CA de Casablanca, le premier rival de l'USM, gagne le titre, devenant ainsi le premier champion de l'histoire du football au Maroc. Une année plus tard, le règne de l'USM débute et l'équipe parvient à remporter trois titres de champion national d'affilée. À la fin de la Première Guerre mondiale, la suprématie des clubs casablancais prend une pause pour un certain laps de temps, puisque c'est l'Olympique marocain, un club de Rabat, qui occupe le podium pendant quatre années consécutives. Il faudra attendre 1932 pour revoir l'USM championne du Maroc et ce, quatre années de suite, à son tour.
 
Cette décennie constitue une nouvelle étape dans l'histoire des clubs de football marocains. Après son adhésion à l'Union des ligues de football d'Afrique du Nord en 1926, la LMFA permet aux clubs du Royaume de se confronter chaque saison à leurs concurrents d'Algérie française et de Tunisie. En 1932, l'USM devient le premier club marocain à décrocher le titre de champion d'Afrique du Nord. De 1938 à 1944, l'USM est championne du Maroc sept fois de suite. Ce fut un record absolu dont les amoureux de l’histoire du club se vantent encore. Le club de football l’USM a fait ses adieux à ses fidèles en 1958, à la suite de l'accession du Maroc à l'indépendance. Depuis, quelques-uns de ses joueurs ont été transférés au Wydad Athletic Club.
 
Houda BELABD

Trois questions à Najib Salmi

Najib Salmi, journaliste sportif et fin connaisseur de l'histoire sportive marocaine a répondu, à cœur-joie, à nos questions sur l'âge d'or du sport marocain.
 
L'USM « une page glorieuse de l'histoire sportive du Royaume (…) qui a ouvert la voie aux réalisations post-protectorat »
 

Parlez-nous de l'âge d'or et des années de gloire du club emblématique qu'était l'Union sportive marocaine.
 
A l'instar du sport en général et du soccer en particulier, l'histoire de l'Union sportive marocaine est un fruit du protectorat. Cependant, ceux qui ont écrit son histoire sont, comme son nom l'indique, des Marocains qui ont hissé l'étendard du Maroc du Protectorat et celui de l'Indépendance, surtout si l'on sait que ses joueurs vedettes, en jouant dans l'Hexagone, représentaient déjà le Royaume.
 
Que reste-t-il des pages glorieuses de cette union que d'aucuns s'accordent à dire qu'elle a vu naître et se développer quelques-uns des meilleurs sportifs du Maroc?
 
L'Union sportive marocaine n'est qu'une page glorieuse de l'histoire sportive du Royaume. Cependant, même si elle n'est pas plus qu'un beau souvenir, elle a ouvert la voie aux nouveaux porte-étendards du Maroc indépendant, riche de ses réalisations post-protectorat. Car dès l'indépendance, de nouveaux clubs ont commencé à faire leurs preuves en tant que pionniers et avant-gardistes du sport et du football marocains.
 
-Quelle est votre lecture du paysage sportif marocain, actuellement ?
 
Le Maroc a prouvé à plusieurs reprises et à plus d'un égard que ses footballeurs et joueurs sont à même de le représenter le plus dignement du monde au sein des championnats, coupes du monde et autres coupes régionales.

Mémoire: Sacre après sacre…

En 1952, le Wydad AC fut déchu de son titre, et c'est l'USM qui lui ravit le témoin en obtenant son quinzième titre, un record, encore une fois, pour le club qui n'était plus à ses balbutiements. Avec 49 titres, l'Union Sportive Marocaine reste le club le plus titré au Maroc avant l'indépendance. Détenteur de plusieurs sacres, le club de Casablanca a obtenu 16 fois le titre de champion du Maroc. Il a aussi été vainqueur de la Coupe de Guerre 5 fois, l'US Marocaine ayant aussi gagné 11 fois la Gil Cup ainsi que des tournois qui n'existent plus à ce jour comme la Ligue de la Chaouia (7 fois) et la Coupe de la Chaouia (3 fois). Aussi, la mémoire footballistique marocaine se souvient encore du fait que l’USM a obtenu cinq fois le Championnat d'Afrique du Nord et deux fois la Coupe d'Afrique du Nord.

Zoom: Des joueurs d’ici et d’ailleurs

La légende française Just Fontaine
La légende française Just Fontaine
De nombreuses grandes stars du football international du XXe siècle ont porté les couleurs de l'Union Sportive de Casablanca. Ainsi, au nombre des joueurs français nés au Maroc pendant le Protectorat, figure l'ancien international français Mario Zatelli, qui a évolué durant six ans au sein du club casablancais entre 1929 et 1935 et qui faisait partie des titulaires incontestés de l'USM. Etiqueté comme le bombardier marocain, Marcel Cerdan, qui a longuement résidé à Mers Sultan, a lui aussi été footballeur du club en 1941 et 1942 avant de devenir l'un des meilleurs boxeurs de tous les temps.

La légende française Just Fontaine a aussi été l'un des meilleurs avant-centres qui a défendu le maillot du club du tout début des années 50 jusqu'en 1953 en inscrivant 62 buts en seulement 48 matchs. Celui qui avait été transféré du SA Marrakech, demeure le meilleur buteur de tous les temps en une seule phase finale de Coupe du monde avec ses 13 buts en six matchs du Mondial de 1958 en Suède.
 
L'USM de Casablanca ne se composait pas uniquement de joueurs français nés au Maroc, mais l'équipe était un mélange franco-marocain, et l'on reconnaissait plusieurs talents marocains ayant évolué dans le club. Le joueur Larbi Benbarek, surnommé la Perle noire, est reconnu comme l'un des ambassadeurs éternels de cette formation. Sa classe hors pair est reconnue par le roi Pelé : « Si je suis le roi du football, alors Ben Barek est son Créateur". Ce passionné de football demeuré marocain toute sa vie est celui qui a eu la trajectoire la plus longue en équipe de France, soit une décennie et trois printemps. Il a tout d'abord connu l'équipe réserve avant d'intégrer l'équipe première en 1936. Deux années plus tard, il choisit de quitter le club de l'USM pour aller évoluer en France sous le maillot de l'Olympique de Marseille. Néanmoins, il décide en 1940 de regagner l'Union, où il restera cinq ans, entre 1940 et 1945.

 

Gloire: L’âge d’or du club

Le terrain sur lequel Benbarek, Hmida et leurs compères couraient par tous les temps a été attribué à la société Majd Al Madina. Dès 1950, le club a été affublé du surnom de "monstre" au regard du nombre de victoires et de titres raflés par ces maîtres du ballon rond. Les porte-drapeaux de l'USM ont adressé des lettres en 2016 aux autorités pour demander l'ouverture d'une enquête sur ce qu'ils ont appelé "le vol des biens du club". Des présomptions approximatives et conclusions hâtives sur lesquelles d'aucuns n’hésitent pas souvent à bondir.

La vérité, est bien sûr, ailleurs! Selon plusieurs archéologues à qui L'Opinion a tendu le micro, la durée de vie d'une bâtisse d'une telle ampleur dépasse rarement 80 ans. Seuls des fins connaisseurs en architecture des grandes et vieilles bâtisses peuvent juger si les conditions d'un site de club ou d'un stade quelconque doivent mener à sa démolition ou sa reconstruction, surtout que cette dernière est souvent chronophage et peut valoir une fortune. Ce qui est sûr, c'est que le club est déjà robuste de par son histoire riche en sacres, trophées, médailles, victoires, matchs, championnats et coupes. En joies, en fairplay et en fierté nationale.

 

Nostalgie: Les têtes d’affiche du club

L'USM est le théâtre du passage des plus grands joueurs du football mondial et le tremplin vers les championnats européens. Le club au coq gaulois a décroché plusieurs victoires, et ce n'est pas un hasard. La formation était assurée par des joueurs dignes de ce nom. En équipe première, les trois premiers Marocains à jouer sont la triplette Trembo, Hmida et Mohamed Naoui. Puis Larbi Benbarek, Oueld Yizza et Abdellah Didi.

De plus, il convient de rendre hommage aux noms de Mario Zatelli, Abderrahman Mahjoub, Lahcen Chicha, Mohamed Ben Mohamed alias Trembo, Bouchaib Arsalane et Abdallah Benfettah qui ont porté haut et fort la success story de l'équipe. Regan, somme toute, n'est autre que le nom de l'entraineur qui a marqué son nom dans les annales de l'histoire du soccer marocain.
 

Rétrospective: Il était une fois, le stade Philip

La principale infrastructure sportive du club de l'USM, dans laquelle se déroulaient la quasi-totalité des matches officiels, était le Stade Philip. Aujourd'hui, il conviendrait plutôt de l'appeler le Stade Larbi-Benbarek, car il a été rebaptisé au nom de sa Perle noire qui a grandement participé à sa renommée internationale. Le stade Philip ou Benbarek est le premier stade de football de Casablanca. Inauguré en 1920, il est l'un des plus anciens stades encore existants au Maroc. Situé au sein du quartier de Sidi Belyoute, quelque part entre le Bd Mohamed Smiha et la rue Pierre Parent, sa construction interpelle de par la grandeur qu'elle dégage. 
 
En effet, le stade s'érige sur une superficie de 1,5 hectares. Mais à l'écriture de ces lignes, il est à la limite de l'abandon. Il fait office d'une tribune en pierre qui rappelle à peine que plusieurs joueurs y ont fait leurs preuves et ont écrit son histoire à l'encre indélébile.
 

Bio-express: Un porte-drapeau de l’USM

Frère du joueur marseillais Mohamed Mahjoub, Abderrahman Mahjoub ou Belmahjoub, est un footballeur de renommée mondiale puis entraîneur franco-marocain, né le 25 avril 1929 à Casablanca, ville où il a rendu l'âme en août 2011 à l'âge de 82 ans. Surnommé le « Prince du Parc », il évoluait en milieu de terrain de la fin des années 1940 à la fin des années 1960. Affichant au compteur sept sélections en équipe de France, il est l'un des joueurs choisis pour représenter l'Hexagone à la Coupe du monde 1954 en Suisse. Plus tard il fera ses adieux à la formation française pour intégrer celle du Maroc en 1960.








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