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Rétro-verso: Ben Deddouche le doyen, Ben Deddouche le précurseur


Rédigé par Houda BELABD Mercredi 26 Avril 2023

C'est dans les règles de l'art que la SNRT a rendu, tout dernièrement, un brillant hommage à l'un de ses pionniers, qui n’est autre que le doyen du journalisme radio dans le Royaume. Zoom sur la carrière d'un défricheur.



Plus qu'une figure de proue du paysage audiovisuel marocain d'une époque épique, Mohamed Ben Deddouche est, sans conteste aucun, le doyen du journalisme radiophonique de ce pays.

Du haut de ses 93 ans, il jette sur le monde un regard empreint de sagacité. Riche de ses quarante ans d'expérience dans le reportage politique, il a sillonné moult continents et côtoyé des têtes couronnées, des chefs d'État et de gouvernement de par la ronde.
Humble comme il n’est pas donné à tout le monde de l’être, il ne parle de ses plus grandes réalisations que lorsque l'on insiste pour qu'il le fasse ou du moins, lorsqu'il lit dans nos yeux notre désir sincère d'apprendre de sa personne. Et lorsqu'il le fait, c'est en rendant grâce à tous ceux qui l'ont accompagné tout au long de sa carrière jalonnée de succès. « Parler de ma personne n'est pas mon point fort, de peur d'ennuyer mon interlocuteur ou de lui renvoyer une image égocentrique qui ne correspond aucunement à mon tempérament », nous lance-t-il d’emblée. Et puis, dans un élan de nostalgie, il se remémore, non sans vague à l’âme, ses années passées à courir dans les couloirs de «Dar El Brihi », c’est-à-dire la RTM (Radio Télévision Marocaine) d’un certain temps révolu ou la SNRT (Société nationale de Radiodiffusion et de Télévision) de nos jours, qui n'existait pas encore.

«J’ai passé ma jeunesse entre ses murs à apprendre les rouages du métier de journaliste et de reporter politique », dit-il modestement de sa personne, lui qui a, surtout, longuement été chef de l’édition radiophonique et directeur de la première radio de l’histoire du Maroc.
En effet, de 1952 et jusqu'en 1993, Mohamed Ben Deddouche, un des initiateurs de la RTM, a honoré plusieurs fonctions au sein de cette même société. Reporter, chroniqueur, puis présentateur principal et chef de l’édition, ce journaliste chevronné et dévoué n’a pas tardé à tenir, en sa qualité de directeur, les commandes de la radio qui l’a vu grandir et ce, aux dernières années de sa longue carrière. L'ascension des échelons n'a pas changé d'un iota son humilité, sa soif d'apprendre et sa frénésie pour la lecture, lui qui puise dans cette dernière, toute sa joie de vivre.
 
Un hommage digne de lui
 
Comme il se doit, la Société nationale de la radio et de la télévision (SNRT) a honoré en grande pompe ce grand maître du paysage audiovisuel marocain, lors d'une cérémonie organisée en reconnaissance de son inestimable apport. Le président-directeur général du pôle audiovisuel public, Faïçal Laraïchi a ainsi distingué cette icône de la radio marocaine, à l'ouverture d'une rencontre co-organisée avec le Club de la presse du Maroc.
Cet hommage bien mérité s'inscrit dans le contexte de la "mémoire des médias de la SNRT", à titre de remerciement et de reconnaissance envers les anciens pour leur contribution et leur investissement dans la dynamique de transmission au bénéfice des diverses générations de professionnels de la radio et de la télévision.
 
Cette rencontre a été ponctuée par divers témoignages d'anciens collègues de Mohamed Ben Deddouch, l'homme, dans ses facettes humaine et professionnelle, louant sa maîtrise de l’exercice du métier, sa grande rigueur et ses innombrables qualités humaines telle sa philanthropie et sa troublante humilité. Son parcours a été mis en valeur, à la lumière du contenu de son livre « Voyage à travers la mémoire », publié il y a quelques semaines et dans lequel il retrace ses réminiscences personnelles des épisodes saillants de son parcours, à commencer par son enfance à Tlemcen, son cheminement académique, ses multiples occupations culturelles et politiques, ainsi que l’entame de son périple médiatique, intense en péripéties et émotions. Son autre livre, publié en 2011 et qui a pour titre « Le parcours de ma vie au micro », a également été mis en exergue, comme un panorama des divers pans de l'histoire de la pratique radiophonique au Maroc par les générations de l'indépendance.

A plus forte raison, comme antidote de l'oubli, la culture de la reconnaissance sert à créer un pont entre la gloire du passé et les belles gageures du futur. Ce travail de mémoire est à même de servir à la préservation du patrimoine artistique, culturel et médiatique du Maroc en rehaussant son important fonds d'archives, tout en donnant l'occasion aux nouveaux professionnels des médias de prendre connaissance et de s’imprégner de l'expérience des pionniers.
 
Houda BELABD

Trois questions à Mohamed Ben Deddouche, précurseur du paysage radiophonique marocain.

Rétro-verso: Ben Deddouche le doyen, Ben Deddouche le précurseur
« J'ai eu la chance d'accompagner le défunt roi Hassan II lors de ses nombreux déplacements… »
 
Figure iconique du paysage audiovisuel marocain, Mohamed Ben Deddouche a répondu, avec joie, à nos questions sur sa carrière et son militantisme débridé pour le progrès du paysage radiophonique marocain.
 
 
 
Parlez-nous, ne serait-ce que de manière succincte, de vos années passées à Dar El Brihi.
 Mes années passées à la RTM ont été enrichissantes aussi bien sur le plan humain que sur le plan professionnel. C'est au sein de cette grande et véritable école que j'ai fait mes premières preuves en tant que reporter politique, chroniqueur et présentateur de journal radiophonique. J'y ai rencontré des personnalités aussi brillantes les unes que les autres.

Mais à tout point de vue, mes meilleurs souvenirs demeurent l'annonce du retour du défunt roi Mohammed V de l'exil, ainsi que les années où j'ai eu la chance d'accompagner le défunt roi Hassan II, que Dieu ait son âme dans Sa Sainte Miséricorde, lors de ses nombreux déplacements au Maroc et à l'étranger. De plus, si d'aucuns m'encouragent pour avoir occupé le poste de directeur de cette radio, je me permets de me considérer comme simple journaliste et le journaliste est un éternel apprenti.
 
 
Qu'est-ce que cela vous fait d'apprendre que vous êtes le doyen des journalistes radiophoniques au Maroc ?
 Par la volonté de Dieu, tous mes compères ont tiré leur révérence, mais n'empêche que cela me fait plaisir de réaliser que je suis un battant de la vieille école, et quelle belle école ! Je voudrais tellement que les nouveaux continuent d'apprendre de cette old school, humainement et professionnellement.
 
Quel message voudriez-vous que les nouveaux puissent passer aux générations à venir ?
L'humilité d'apprendre est la mère de tous les beaux principes qui puissent exister...
 
Recueillis par H. B.

Souvenir: Un hommage en cache un autre…

En 2010, une touche de nostalgie mauresque avait égayé de son lustre la soirée de la quatrième édition de "Takassim wa Mawawil", qui avait mis à l'honneur, cette année-là, le doyen de la Radio nationale, Mohamed Ben Deddouche.

Dans le cadre de la séance d'hommage à ce précurseur du paysage audiovisuel marocain, l'assistance a eu le plaisir d'écouter un enregistrement sonore du vétéran de la radio nationale, datant de 1955 et décrivant l'afflux des Marocains des quatre coins du pays, pour saluer, dans une ambiance de liesse, feu SM le Roi Mohammed V.

Ce journaliste qui se passe de toute présentation, ayant rejoint la radio en 1952, a reçu à cette occasion des cadeaux symboliques et des témoignages des plus vibrants.

Histoire: L’âge d’or de la petite lucarne marocaine

La RTM, seule chaîne publique de radiodiffusion et de télévision, est restée aux mains de l'État jusqu'au 4 mars 1989, date de la mise en place de la première chaîne privée au Maroc. Baptisée 2M, elle gardera son caractère jusqu'en 1997, année où elle sera reprise par l'État. Mais bien avant, à savoir le 3 mars 1993, la chaîne nationale a franchi le cap de la diffusion par satellite, devenant ainsi l'une des premières chaînes arabes à y parvenir.
 
 
Dès 1999, date du début du règne de SM le Roi Mohammed VI, les choses ont commencé à changer dans le domaine des médias au sens large du terme. Les pouvoirs publics ont entamé une réflexion sur la libéralisation du secteur de l'audiovisuel. Puis, dans le discours du Trône du 30 juillet 2002, Sa Majesté le Roi a proclamé la création d'un nouvel appareil de régulation du paysage audiovisuel marocain, la « Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle » (HACA). Des mois plus tard, le 10 septembre 2002, un décret abrogeant le monopole de l'État dans le domaine de la radiodiffusion et de la télévision a été promulgué.
 
Mais il faudra attendre mai 2006 pour que la privatisation du secteur entre dans les faits, lorsque la HACA attribue dix licences à la première génération de radios privées, en plus d'une licence dérogatoire pour une chaîne de télévision, Médi1 TV.
 
Et même si le parcours de la télévision plonge ses racines loin dans le passé, ce n'est qu'en 2018 que les chaînes du secteur public ont résolument franchi un grand cap dans le changement, en empruntant la voie des applications pour smartphones afin de rajeunir et conquérir un public plus large.

 

Histoire: L’âge d’or de la petite lucarne marocaine

La RTM, seule chaîne publique de radiodiffusion et de télévision, est restée aux mains de l'État jusqu'au 4 mars 1989, date de la mise en place de la première chaîne privée au Maroc. Baptisée 2M, elle gardera son caractère jusqu'en 1997, année où elle sera reprise par l'État. Mais bien avant, à savoir le 3 mars 1993, la chaîne nationale a franchi le cap de la diffusion par satellite, devenant ainsi l'une des premières chaînes arabes à y parvenir.
 
 
Dès 1999, date du début du règne de SM le Roi Mohammed VI, les choses ont commencé à changer dans le domaine des médias au sens large du terme. Les pouvoirs publics ont entamé une réflexion sur la libéralisation du secteur de l'audiovisuel. Puis, dans le discours du Trône du 30 juillet 2002, Sa Majesté le Roi a proclamé la création d'un nouvel appareil de régulation du paysage audiovisuel marocain, la « Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle » (HACA). Des mois plus tard, le 10 septembre 2002, un décret abrogeant le monopole de l'État dans le domaine de la radiodiffusion et de la télévision a été promulgué.
 
Mais il faudra attendre mai 2006 pour que la privatisation du secteur entre dans les faits, lorsque la HACA attribue dix licences à la première génération de radios privées, en plus d'une licence dérogatoire pour une chaîne de télévision, Médi1 TV.
 
Et même si le parcours de la télévision plonge ses racines loin dans le passé, ce n'est qu'en 2018 que les chaînes du secteur public ont résolument franchi un grand cap dans le changement, en empruntant la voie des applications pour smartphones afin de rajeunir et conquérir un public plus large.