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Actu Maroc

Rétro-Verso : La longue saga africaine de l’Académie militaire de Meknès


Rédigé par Houda BELABD Mercredi 6 Septembre 2023

C’est dans les contretemps politiques que les leaders de la cause panafricaine reconnaissent la solidarité invétérée du Royaume vis-à-vis des pays frères. Seulement voilà, le soutien militaire de Feu Sa Majesté le Roi Hassan II à son ami zaïrois, le défunt Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga, ne fut que le prolongement d’une tradition ancestrale.



En pleine guerre froide, le Front national de libération du Congo, un groupe séparatiste soutenu par les communistes, de tous bords, ravage le Zaïre. Mobuto fait appel à ses amis français, belges et marocains. Sans l'ombre d'une hésitation, Feu Hassan II envoya des troupes marocaines composées d'éléments de la Brigade légère de sécurité, un groupe blindé M113 et des commandos de la Première Brigade d'infanterie parachutiste. Dans le tumulte de la bataille, les militaires marocains côtoient des frères d’armes aux noms et aux visages familiers: leurs collègues zaïrois dont beaucoup étaient d'anciens compagnons de classes, au sein de la prestigieuse Académie Royale Militaire de Meknès. 
 
Une longue lignée de galonnés 
 
L’actualité africaine du moment nous prouve, encore une fois et de plus belle, que l’Histoire est un éternel recommencement. Autrefois attaché militaire à Rabat, émoulu de l'Académie Royale Militaire de Meknès, le successeur d'Ali Bongo Ondimba, et nouvel homme fort du Gabon, a coulé des jours heureux au Maroc, où il a noué des liens solides avec le gratin de la société marocaine.
 
Brice Clotaire Oligui Nguema, devenu président du Gabon par la volonté du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), à la suite du putsch qui a renversé Ali Bongo Ondimba, est donc familier avec les hautes sphères militaires du Maroc.
 
Ce quadragénaire, général de corps d'armée, hier encore à la tête de la Garde républicaine, connaît, en n’a pas douté, bien le Royaume. Pas seulement Rabat, où il a été dépêché comme attaché militaire en 2009 après le décès de Bongo-père, dont il fut l'aide de camp, mais aussi Meknès, où il a fait, en 1998, ses premières armes au sein de l'Académie royale militaire (ARM).
 
« Cette institution de choix, qui a vu défiler les meilleurs et les plus performants des officiers supérieurs de l'armée marocaine, a également vu passer de nombreuses personnalités gabonaises et africaines, entre autres », témoigne le professeur universitaire Nourdine Belhaddad, expert en relations internationales et fin connaisseur de l’Histoire militaire marocaine.
 
Cette Académie dont la réputation résonne aux quatre coins de la ronde a même compté parmi ses apprenants les Mauritaniens Mohamed Ould Ghazouani et Mohamed Ould Abdelaziz ainsi que le général nigérien Abdourahamane Tiani, dit Omar Tchiani, qui n’est autre que le général de brigade des forces armées nigériennes et Commandant de la garde présidentielle du Niger.
 
De l’ARM au Palais du bord de mer
 
 
Tout comme Ali Alain Bongo et Brice Oligui Nguema, un autre compatriote vient parfaire l'adage « Jamais deux sans trois ». Il s'agit de Gabin Oyougou Lehounda, général de brigade, également membre du CTRI mis en place par les putschistes, ancien membre de l'ARM, sorti de l’Académie la tête haute, avec le grade de sous-lieutenant et un DEUM (diplôme d'études universitaires et militaires).
 
« L’ARM est bien plus qu’une école de formation aux arts militaires. Il s’agit d’une institution qui fait perpétuer l’Histoire de la solidarité panafricaine au-delà de nos frontières en enseignant aux enfants du continent le b.a.-ba de la déontologie de la profession, de la défense, à l’attaque non-armée, en passant par l’éthique de la résistance en temps de crise », nous apprend l’universitaire Pr. Belhaddad. Des propos empreints de sagacité qui vont jusqu’à nous rappeler Feu Hassan II quand Il disait que « l'homme sage est celui qui vient toujours chercher des conseils d'abord, des armes on en trouve partout ».
 
 

3 questions à Nourdine Belhaddad « Le Maroc est signataire d’un nombre non-négligeable de protocoles et traités en matière d’assistance militaire à ses pays amis et frères ».

Nourdine Belhaddad, professeur universitaire expert en relations internationales.
Nourdine Belhaddad, professeur universitaire expert en relations internationales.
L’engagement marocain vis-à-vis des bonnes causes panafricaines ne date pas d’hier. Nourdine Belhaddad, professeur universitaire expert en relations internationales, nous en explique davantage.
 
Professeur, parlez-nous de l’amitié diplomatique et militaire maroco-gabonaise.

Le Gabon doit au Maroc ce que le Maroc doit au Gabon, soit une amitié qui ne fait que se consolider au fil des décennies qui se succèdent. Si ce pays de l’Afrique centrale, dont les commandes sont aujourd’hui assurées par un autre Marocophile, et qui a fait ses premières preuves diplomatiques dans notre pays, a toujours choisi de négocier ses diagrammes militaires avec le Royaume. Ce dernier a, pour sa part, toujours mis son assistance militaire au service du Gabon, ce pays ami et frère, qui ne lésine jamais sur les qualificatifs quand il s’agit d’ériger en modèle moral Feu Sa Majesté Hassan II. Une des raisons de cette reconnaissance demeure que le Maroc, son Université Al Qaraouiyine de Fès, son école militaire de Meknès ont toujours été une destination estudiantine privilégiée pour les Africains de toutes parts.

Qu’en est-il de l’amitié maroco-congolaise, qui demeure, à quelques détails près, identique à celle envers le Gabon ?

L'engagement du trône alaouite vis-à-vis du maintien de la sécurité au sein de la grande famille africaine ne date pas d'hier mais plonge ses racines bien loin dans le passé. D’ailleurs, le Royaume est fermement engagé dans les opérations de maintien de la paix en Afrique partout où cela l’exige. Qu’il s’agisse du Zaïre ou d’autres pays dans la région, le Maroc a toujours répondu présent quand la paix est menacée et ce dans le cadre des missions internationales à travers l’ONU ou les organisations sous régionales. Ce sont des pages glorieuses dans l'Histoire de la solidarité panafricaine du Maroc et qu’il continuera à faire aujourd’hui et demain. Elles sont quasi-identiques aux interventions militaires marocaines dans diverses contrées africaines, asiatiques, moyen-orientales et même chez les Balkans.

Qu’est-ce qui justifie des rapprochements pareils sur l’échiquier international ?

Le Maroc est signataire d’un nombre non-négligeable de protocoles et traités en matière d’assistance militaire à ses pays amis et frères en cas de guerres intestines ou d’autres conflits armés. C’est d’ailleurs dans le besoin que l’on reconnaît ses vrais amis.
 

Hommage : Un Prix Panafricain décerné à Feu Sa Majesté Hassan II

En novembre 2022, l’Ethiopie a décerné, à titre posthume, un Prix Panafricain à Feu Sa Majesté le Roi Hassan II pour le dévouement et la contribution du regretté Souverain à l’émancipation de l’Afrique et au Panafricanisme, notamment à travers ses actions dans la création de l’Organisation de l’Unité africaine.

Le Prix Panafricain a été remis, dans les règles protocolaires, à Addis-Abeba au Président de la Chambre des Représentants, M. Rachid Talbi El Alami, par le Premier ministre éthiopien, Dr Abiy Ahmed, lors d’une grande cérémonie, organisée dans la capitale éthiopienne, à l’occasion du premier Sommet africain de la Jeunesse, tenue du 29 octobre au 1er novembre 2022. A travers cette distinction, l’Ethiopie rend hommage à Feu Sa Majesté Hassan II pour le dévouement et la contribution du regretté Souverain à l’émancipation de l’Afrique et au Panafricanisme, sources d’inspiration des jeunes générations pour le renouveau du Leadership africain.

Feu Sa Majesté Hassan II a été ainsi honoré par une reconnaissance exceptionnelle en tant que défenseur de l’unité de l’Afrique et de la prospérité du continent dans une présentation devant le Premier ministre éthiopien, d’anciens chefs d’Etat africains, des membres du gouvernement, du corps diplomatique accrédité à Addis-Abeba et de hautes personnalités. Les actions du regretté Souverain dans la lutte contre le colonialisme, en matière d’instauration de la paix, de développement et de la prospérité de l’Afrique ont été hautement mises en exergue lors de cette cérémonie qui a honoré Feu Sa Majesté Hassan II pour la défense des causes nobles de l’Afrique.

Cette réception a été aussi l’occasion de rendre hommage à des éminents dirigeants africains, Pères Fondateurs de l’Organisation de l’Unité africaine (aujourd’hui Union Africaine) et du Panafricanisme et de remettre le Prix à dix autres chefs d’Etat africains. Le Président de la Chambre des Représentants a remercié vivement SM le Roi Mohammed VI de lui avoir confié la mission de la réception officielle de ce Prix Panafricain. Cette Distinction a été décidée par le Premier ministre éthiopien en reconnaissance des efforts entrepris par des Rois et dirigeants africains, a souligné M. Talbi El Alami dans une déclaration à la presse à l’issue de cette cérémonie.

Le Président de la Chambre des Représentants a relevé, par ailleurs, que Feu Sa Majesté Hassan II est le seul Chef d’Etat qui a été honoré par l’Ethiopie en Afrique du nord en tant que fondateur de l’organisation panafricaine et Leader ayant contribué hautement à résoudre plusieurs différends et soutenir la libération des peuples africains du joug du colonialisme.

 

Bio express : Mobuto, le Marocophile jusqu’au dernier souffle

Mobutu Sese Seko, né Joseph-Désiré Mobutu en 1930 à Lisala (Congo belge) et mort le 7 septembre 1997 à Rabat (Maroc), est un homme d'État et militaire zaïrois, ayant gouverné la république démocratique du Congo de 1965 à 1997. Un homme fort, qualifié d’animal politique par les observateurs de tous bords.

Il devient président en 1965 et met fin à la crise congolaise. En politique extérieure, le leader du pays baptisé, République Démocratique du Congo, reçoit également du soutien et de l'aide financière de la Chine pour son opposition à l'Union soviétique.

Après la fin de la guerre froide, le pays s'affaiblit en raison de la fin de l'aide financière occidentale. À l'issue du génocide rwandais en 1994, le nouveau gouvernement soutient une invasion rebelle du Zaïre par l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) en novembre 1996 lors de la première guerre du Congo.

De l'ARM aux leads des pays africains !

A l’Académie Royale Militaire de la Cité ismaïlienne, beaucoup d’officiers supérieurs subsahariens y ont suivi leur formation et ont tous su véhiculer, au terme de leur cursus académique, une image glorieuse de cette grande entité créée en 1918 sous le nom de l'école militaire de Dar El-Beïda. Parmi eux, on peut citer AZALI Assoumani, ce natif de Mitsoudjé (Grande Comore), aujourd’hui président de son pays et de l’Union africaine. Après l'obtention de son baccalauréat en 1977, il atterri à l’ARM de Meknès et en sort en 1981 avec un Brevet de parachutiste.
Cette Académie, qui rayonne dans le monde entier, a même accueilli parmi ses anciens élèves Feu Thomas Sankara, Capitaine et ancien président du Conseil National révolutionnaire du Burkina Faso. On ne peut passer sous silence, le général Sékouba Konaté de Guinée Conakry, lui qui a été président de la transition dans ce pays frère et ami du Maroc. Plus près du Royaume, nos voisins mauritaniens, Mohamed Ould Ghazouani et Mohamed Ould Abdelaziz. Il en est de même pour le général nigérien Abdourahamane Tiani et d’autres officiers supérieurs venant des contrées de l’Afrique centrale. Aujourd’hui, force est de dire que l’ARM est au cœur de la formation académique militaire sur le continent. Toute une fierté et une satisfaction.

Si l'ARM m'était contée ...

Au lendemain de sa création en 1918 à Meknès, l'ARM a formé plusieurs générations de hauts-responsables militaires nationaux ainsi que ceux qui sont, aujourd'hui, le gratin de la fine fleur des dirigeants du continent africain. En effet, l'Académie fut à l'origine un palais bâti par le Sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah, petit-fils du grandiose Moulay Ismaïl entre 1760 et 1775. Mais avant d'en arriver là, cette bâtisse a connu les affres des années Siba, période pendant laquelle elle a été utilisée comme dépôt de vivres et en arsenal. Ensuite, lors du règne du Sultan Moulay Hassan Ier, elle devint une caserne militaire connue sous la désignation de Kaschla du Tabor des Haraba. Ce fut juste avant de devenir une école d'officiers instructeurs marocains formés par la mission française. 
Ce n'est, alors, qu'en 1955, après l'indépendance du Royaume, qu'elle a pris son nom actuel; soit la glorieuse Académie Royale Militaire de Meknès. Une institution dont la mission est d'assurer, dans les règles protocolaires ancestrales, la formation complète des officiers d'active des armes et services de l'armée de terre mais aussi celle des fusiliers destinés à l'armée de l'air et à la marine royale. Ceci est sans oublier son lycée réservé aux première et deuxième années du baccalauréat. Celui-ci assure la préparation des candidats élèves officiers au baccalauréat de l'enseignement secondaire.
Ainsi, pendant une période de quatre ans, une formation militaire et paramilitaire dispense aux apprenants des matières telles que la physique, la mécanique des matériaux, le génie des matériaux, l'automatique et robotique, l'instrumentation, le management, les marchés publics, l'informatique industrielle, les probabilités et statistiques, l'algèbre matricielle et la géométrie, la mécanique générale, le génie civil, etc.








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