Le Maroc a obtenu un prêt de 1,32 milliard de dollars du Resilience and Sustainability TrustRST (Facilité pour la Résilience et la Durabilité - FRD), soumis à des « conditions vertes » qui pourraient déclencher une ruée vers l’hydrogène dans le pays, menée par l’Europe, au détriment des objectifs nationaux en matière de climat et de développement, indique le Bretton Woods Project dans une récente note.
Créé en 2022, le RST vise à aider les pays à revenu faible et intermédiaire à relever les futurs défis de balance des paiements liés au changement climatique.
Ce financement de 1,32 milliard de dollars vise à soutenir la transition du Maroc vers une économie plus verte, et à renforcer sa préparation et sa résilience face aux catastrophes naturelles, notamment celles liées au changement climatique.
Créé en 2022, le RST vise à aider les pays à revenu faible et intermédiaire à relever les futurs défis de balance des paiements liés au changement climatique.
Ce financement de 1,32 milliard de dollars vise à soutenir la transition du Maroc vers une économie plus verte, et à renforcer sa préparation et sa résilience face aux catastrophes naturelles, notamment celles liées au changement climatique.
Dégroupage de l’ONEE
Le programme marocain RST mandate 16 réformes réparties sur six piliers. Le pilier 2, par exemple, vise la réforme du marché de l’électricité, y compris le dégroupage de l’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE), souligne le Bretton Woods Project, une ONG basée au Royaume-Uni. Le RST justifie la séparation de la production, du transport et de la distribution en affirmant qu’elle permettrait une plus grande concurrence, stimulerait les investissements dans les énergies renouvelables et conduirait à terme à une baisse des prix de l’électricité, ajoute la même source dans un récent document publié le 13 décembre.
Ces réformes s’alignent sur la note d’orientation opérationnelle du RST, y compris le recours à des partenariats public-privé (PPP) liés au climat, indique toujours le BWP dans sa note intitulée « Morocco and IMF Resilience and Sustainability Trust : Balancing debt, privatisation and neocolonial dynamics ».
Néanmoins, d’après cette ONG, cette approche suscite des inquiétudes, « car le dégroupage des entreprises publiques peut entrer en conflit avec les objectifs climatiques, compromettant les principes de transition juste. « Même si, à court terme, les PPP peuvent libérer des fonds publics à plus long terme, les risques liés à la dette publique… peuvent drainer des ressources budgétaires destinées à l’action climatique et privatiser les gains, exposant les pays aux tribunaux de règlement des différends entre investisseurs et États », explique-t-on.
De même, poursuit la même source, cette approche des PPP impose des coûts aux citoyens. « Il est préoccupant de constater que la stratégie du RST au Maroc est liée à des réformes fiscales, augmentant les prix du carbone pour inciter à des « changements de comportement » conformément aux objectifs climatiques, tout en économisant les ressources publiques pour le remboursement de la dette. Par conséquent, le public supporte le coût de la réduction des risques liés aux projets climatiques au profit du profit privé, étant confronté à des coûts énergétiques plus élevés sans le soutien public correspondant », met en garde le BWP.
Rôle du RST dans la conquête internationale de l’hydrogène vert
Le BWP pense aussi que les réformes du RST pourraient contribuer à déclencher une ruée vers l’hydrogène au Maroc, alimentée par l’intérêt de l’UE, comme exposé dans la stratégie hydrogène 2020 de l’UE. LeTransnational Institute, un groupe de réflexion basé aux Pays-Bas, prévient que la pression en faveur de l’hydrogène vert pourrait servir la transition énergétique de l’Europe, mais en Afrique du Nord, cela se traduirait par une prolifération de zones de sacrifice dans la région, indique l’ONG.
D’ailleurs, l’impact de la stratégie de l’UE sur l’élaboration des réformes du RST au Maroc ressort clairement de leur alignement sur le Rapport national sur le climat et le développement 2022 de la Banque Mondiale pour le Maroc. Le rapport vise à faciliter l’entrée des investisseurs européens dans le secteur des énergies renouvelables au Maroc, par exemple en dissociant l’ONEE et en améliorant le cadre juridique et réglementaire pour la compatibilité avec le marché de l’UE.
Par conséquent, souligne le BWP, l’accent semble être mis sur l’utilisation des ressources énergétiques renouvelables du Maroc au profit de l’Europe. Cette dynamique peut être illustrée par des projets comme le projet solaire et éolien Tan-Tan, géré par la société britannique Xlinks, qui vise à répondre à 8% aux besoins en électricité du Royaume-Uni d’ici 2030, souligne l’ONG.