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Repenser l’aménagement du territoire régional pour une résilience territoriale intégrée

Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) de Marrakech-Safi à l’ère post Covid-19


Rédigé par Nabil BOULKHIR le Mardi 23 Février 2021



Nabil BOULKHIR, Enseignant-chercheur en aménagement et développement territorial - Université Cadi Ayyad – Marrakech et membre du comité central du parti de l’Istiqlal
Nabil BOULKHIR, Enseignant-chercheur en aménagement et développement territorial - Université Cadi Ayyad – Marrakech et membre du comité central du parti de l’Istiqlal
Bien que son mandat arrive à terme dans les prochains mois qui suivent, le Conseil de la Région de Marrakech-Safi a entamé dernièrement la procédure de l’élaboration de son Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT). La première phase de construction d’un diagnostic stratégique territorial des potentialités et contraintes de développement de la région est en cours d’achèvement.
 
Ainsi, ce schéma, garant de la cohérence entre les politiques publiques à l’échelle régionale et les options nationales, servira de document de référence en la matière au cours des 25 prochaines années au niveau de ce segment du territoire national et tracera la vision stratégique et prospective à long terme d’aménagement et de développement du territoire régional. Il affiche comme objectif principal la cristallisation d’une entente entre l’Etat et la région de Marrakech-Safi sur les mesures d’aménagement du territoire et de sa mise en œuvre, de manière à définir les orientations et les choix de développement dans le cadre de la convergence des actions des différents intervenants à l’échelle régionale et l’identification des espaces projet susceptibles de constituer le support territorial pour un développement cohérent et durable, valorisant les potentialités, les vocations et les spécificités locales ;
 
De leur part, et dans le strict respect des procédures d’élaboration du SRAT, les responsables de la Région de Marrakech-Safi se veulent engagés à la réalisation du dit schéma sur la base d’une démarche territoriale participative et concertée, qui veillera à l’implication active des différents intervenants et qui met en valeur les initiatives locales et instaure une dynamique de développement territorial intégrée. Dans le cadre du Diagnostic Stratégique Territorial en cours de construction, la tenue des ateliers thématiques de partage et de concertation réunissent les différents acteurs territoriaux et qui s’assignaient pour finalité d’engager les débats et les discussions autour des problématiques du développement à l’échelle de la région de Marrakech-Safi, dans l’optique de la présentation de solutions appropriées à même de surmonter les difficultés, de remédier les lacunes et de relever les défis qui s’imposent au niveau de la préfecture et des provinces relevant de la région.
 
Et sans vouloir plonger dans l’ancien paradoxe de ce qu'est-ce qui est apparu en premier : « l'œuf ou la poule ? », pour éviter le débat dialectique sur l’articulation ou la hiérarchisation entre les documents de planification territoriale, et s’interroger su qui doit précéder ? Le Schéma Régional d'Aménagement Territorial (SRAT) comme document stratégique, ou le Programme de Développement Régional (PDR) étant un document pratique et opérationnel de la gestion territoriale, il semble crucial de se pencher aujourd’hui, et en urgence, sur l’élaboration du SRAT dans l’ère post Covid-19.
 
En effet, et avec la crise du covid-19 qui constitue désormais un défi sanitaire, personnel, économique, social, naturel, environnemental, sécuritaire, technologique mais aussi territorial et sur toutes les composantes du cadre de vie du citoyen, les territoires de la Région de Marrakech-Safi se trouvent dorénavant impactés fortement par la propagation de la pandémie, et ont révélés leur vulnérabilité à lutter contre les dégâts conséquents du virus, contrairement à d’autres territoires qui ont montrés leur capacité à se rétablir rapidement de la crise.
 
S’il est donc un enseignement important à retenir de l’émergence de la pandémie, c’est bien la prise en compte à sa juste valeur de l’importance de la résilience comme étant le mécanisme qui permet de développer une résistance, robuste et souple à la fois, pour avoir la capacité d’adaptation au changement et le retour à un état d’équilibre qui s’articule sur des propriétés particulièrement intéressantes en matière de réduction et prévention des risques et des catastrophes, et ce à travers un apprentissage collectif à partir la capitalisation des expériences acquises et l’accumulation des bonnes pratiques. Cette résilience permettrait d'éviter l'écueil d'un cadre strict, figé et normatif, pour offrir un contexte de travail souple et flexible au sein duquel les divergences peuvent être dépassées.
 
La résilience territoriale dans la région à tout type de risque n’est donc plus envisagée comme un luxe, mais une nécessité primordiale qui s’impose comme un nouveau paradigme et mode de gouvernance pour mieux planifier, gérer et dynamiser les territoires en mutation. Toutes les prévisions concernant la transition démographique, la tendance d’urbanisation et la densité des villes encrant les disparités spatiales, les risques naturels, le marché foncier, les dysfonctionnements économiques, la ségrégation sociale, la dégradation du mode de vie du citoyen et la défaillance des modes de gestion et gouvernance vont être chamboulées.
 
Aujourd’hui, à la veille de la période post covid-19 et à la veille de l’instauration d’un nouveau modèle de développement du Maroc, le moment de la crise se veut une véritable opportunité pour réformer le système de planification en profondeur et repenser sérieusement l’aménagement territorial au sein de la Région de Marrakech-Safi.
 
Ci-dessus, nous proposons quelques pistes de réflexion sur les options possibles et susceptibles d’être des réponses territoriales multiformes à des crises complexes et variées :
 
  1. Résilience sanitaire :
La propagation du covid-19 a révélé la vulnérabilité du système sanitaire au sein de la Région de Marrakech-Safi. Aujourd’hui il n’est plus question de programmer des équipements de santé conformément au référentiel des équipements publics et privés d’intérêt général, mais d’accroitre la résilience du système entier. On peut d’ores et déjà en tirer les premières leçons quant à la manière de renforcer la résilience sanitaire, notamment :
 
  • Restructurer l’offre sanitaire régionale, en prévoyant des villages publics médicaux dans des zones géographiques propices à un tel service sanitaire particulier et prévoir des quartiers médicaux au sein des villes de la région ;
  • Constituer des stocks, non seulement « matériels », tels que les équipements, les consommables ou les médicaments, mais également « immatériels » sous forme de compétences, de valeurs, de citoyenneté, d’éthique et de confiance ;
  • S’ouvrir sur des mécanismes de financement de la santé autres que gouvernementaux, et qui peuvent être encouragés par le soutien de donateurs, particuliers, communautaires ou institutionnels ;
  • Revoir les politiques relatives au personnel de santé confronté aux menaces majeures lors des crises sanitaires, (Recrutement, rétention, formation, promotion, …). Des programmes appropriés d’incitations financières et non-financières peuvent être utilisés pour préserver la motivation du personnel sanitaire. Les pratiques de néomanagement reposant sur la communication, la synergie et le leadership sont également importantes ;
  • Financer la recherche médicale en alliant l’ingénierie à la médecine et en renforçant une industrie biomédicale en prévoyant des laboratoires de recherche scientifique, des instituts de formation en ingénierie biomédicale ;
  • Développer les capacités au niveau local, préparer la population à être résiliente aux attaques sanitaires et développer des systèmes parallèles pour faire face à des blocages spécifiques, notamment le principe du service civil pour éviter les déserts médicaux.
 
  1. Résilience écologique et sécuritaire : Pour des territoires sûrs
 
Sous l’effet des changements climatiques, et comme toutes les régions de l’Afrique du Nord, la Région de Marrakech-Safi est confrontée, selon les Indices mondiaux de risque, à des niveaux de risque multi-aléas et les catastrophes naturelles accentués en raison de son exposition à de multiples dangers et d’une vulnérabilité aussi élevée de la société et de l’environnement. La région se trouve donc face à un défi majeur nécessitant le déploiement des efforts, la conjugaison de synergies et la fédération des énergies pour faire face à ces menaces qui ne cessent de s’intensifier et d’engendrer des dégâts économiques, sociaux et environnementaux très pesant pour les populations et les territoires touchés.
 
A cette conjoncture, il est impératif aujourd’hui de veiller à l’amélioration de la résilience, préventive et coordonnée, des territoires et des communautés contre les risques et désastres, à travers la promotion d’une approche stratégique et systématique pour réduire les vulnérabilités et le risque de catastrophes actuels et futurs. Cette stratégie doit procéder au premier lieu à l’évaluation intégrée des risques multi-aléas dans les principales zones menacées (écosystèmebiomepopulation ou biosphère) par des risques multiples à l’échelle régionale (inondations, sécheresse et érosion due au crues), l’identification des besoins des parties prenantes de disposer d’un outil d’analyse des risques du système socio-écologique vulnérable sur l’ensemble de la région, de réaliser des simulations novatrices de scénarios futurs des interventions et l’établissement d’une plate-forme digitale d’information spatiale pouvant soutenir des mesures de prise de décision à l’échelle régionale et d’adopter des stratégies de Gestion des Risques liées aux Catastrophes (GRC) existantes et de proposer des solutions complémentaires, sans pour autant négliger l’importance du renforcement des capacités et l’acquisition des compétences des acteurs régionaux intervenants en matière d’analyse, de planification, de mise en œuvre et de suivi et évaluation des risques et leur gestion pour pouvoir pallier aux dommages causés aux personnes, aux richesses, aux activités et aux infrastructures critiques de la région de Marrakech-Safi.
 
Un plan régional d’adaptation pour retrouver les structures et les fonctions de son état de référence après une perturbation s’impose davantage, et ce pour l’amélioration de la prévention et de la gestion des catastrophes en vue d’une meilleure résilience écologique de l’ensemble du territoire de la région de Marrakech-Safi face aux risques multi-aléas, à même de promouvoir un développement local et régional durable et intégré au service du bien-être des populations concernées. La diversité, la complémentarité des organismes présents dans un milieu  et la redondance des fonctions que certaines espèces assurent au sein de l’écosystème sont les gages d'une meilleure capacité de résilience.
 
D’autre part, et encore une fois, le Covid-19 est un révélateur des inégalités sociales et territoriales. En effet, les risques d'être exposé au coronavirus ou de développer une forme grave de la maladie sont inégalement répartis dans la population selon les conditions de vie et la situation géographique. Une large partie de la population en cours de la période de confinement était non repérable, surtout les sans abris et les délinquants. La facture devrait être lourde en cas de contamination de ces populations fragiles.
 
Afin de renforcer la sécurité territoriale, de minimiser la propagation de contamination, d’acte de violence et de délinquance, un plan régional et autres locaux de sécurité par agglomération permettant de cartographier les poches d’insécurité ou les zones instables et de prévenir des scenarios d’intervention est un outil interactif de prévention contre les actes de violence, ayant pour objet de rassurer le citoyen quant à sa sécurité. Il s’agit d’instaurer un plan où chacun peut être vu, entendu et accessible en cas de besoin. Adhérer le citoyen dans le signal de tout acte de violence, la réclamation de délinquance et la mise à jour de la carte de sécurité de son cadre de vie en faisant recours aux entités concernées est le point focal d’un plan communautaire pour la sûreté, la sécurité et le bien-être de tout individu ou communauté. Certes, la résilience sécuritaire des territoires est un levier d’attractivité des investissements, mais aussi une assurance de l’atténuation des conséquences psychopathologiques dus principalement aux mesures de confinement qui s’affronte à une résistance éventuelle.
 
  1. Aménagement compétitif : Relancer l’économie régionale à vocation internationale
 
La région est conçue comme espace clef de planification et du développement économique. Le nouveau contexte de décentralisation au Maroc a conféré aux acteurs régionaux davantage la mission et la responsabilité en matière de promotion du développement intégré et durable notamment, par l’amélioration de l’attractivité de l’espace territorial de la région, le renforcement de sa compétitivité économique, l’adoption des mesures et des actions d’encouragement de l’entreprise et de son environnement, œuvrer à faciliter la domiciliation des activités génératrices de richesse et d’emploi, l’attraction des investissements, la promotion de l’économie sociale et solidaire et la valorisation des produits de terroirs régionaux.
 
Les retombées économiques et sur l’investissement causées par la propagation de la pandémie sont très lourds et le défi s’accentue dans le contexte pandémique qui affirme l’échec du choix de la spécialisation économique des territoires de la région (Le secteur du tourisme et l’artisanat à Marrakech à titre d’exemple). En effet, L’évaluation de l’action au niveau régional révèle le manque d’une politique régionale intégrée et exhaustive à moyen et long termes et l’aggravation des déséquilibres territoriaux.
 
A la lumière des leçons tirées de la crise de Covid-19, le paradigme du développement régional consiste à créer un équilibre territorial en fonction des potentialités et des richesses régionales et des solidarités locales. Le rééquilibrage des tendances actuelles nécessite la mise en place d’une politique régionale basée non seulement sur une approche spatiale de la stratégie nationale de développement économique et social mais, également, sur la création de dynamiques de changement et d’impulsion des initiatives régionales. Il devra s’appuyer sur une démarche de proximité territoriale privilégiant l’implication de l’ensemble des partenaires économiques et sociaux dans le processus de développement régional, et ce à travers :
 
  • Renforcer le dispositif informationnel par l’instauration d’une DataBase comme un système d’information efficient et élaborer des études socio-économiques pour une meilleure connaissance des potentialités et des insuffisances des espaces à l’échelle régionale. Il est important de prévoir ce système d’information sur une plate-forme numérique ouverte aux investisseurs ;
  • Transposer la croissance d’une région centrale à la périphérie. Ce transfert est censée d’exercer des effets d'entraînement sur les autres centres et créer par la suite un nouveau tissu économique avec des relations intra et interrégionales importantes;
  • Améliorer les infrastructures de base (voies de communications, télécommunications, équipements de base, services, ….) qui pourraient constituer une base attractive des investissements interrégionaux.
  • Réafecter les vocations des activités économiques à l’échelle régionale par l’élaboration d’un référentiel pour la localisation des zones industrielles, agricoles, logistiques, d’activités au niveau réginal. Ceci devra être basé certainement sur les principes de la compétitivité des petites et moyennes villes, la diversification des activités économiques et leur complémentarité ;
  • Etablir un Schéma Régional d’Invesstissement et le soutenir par un guide des investisseurs et mettre en place des mécanismes de partage et de concertation et de suivi pour prévenir et résoudre les éventuels différends, tout en assurant une interconnextion et une bonne articulation entre les différents acteurs du sphère de l’invesstissement;
  • Profiter de l’hyper-connectivité des personnes et des objets pour accélérer la digitalisation et stimuler la transformation numérique des territoires et le recours à l’intelligence artificielle comme atout majeur pour garantir la résilience des territoires et promouvoir leur compétitivité et leur durabilité ;
  • Créer des Centres Régionaux de compétences et de l’Innovation (CRCI) comme des structures d’incubation de projets d’investissement innovants ;
  • Participer à l’animation des espaces dédiés à la vulgarisation des dispositifs incitatifs au développement de l’employabilité des jeunes et l’entrepreneuriat au niveau de la région ;
  • Repenser le développement du tourisme en s’orientant vers d’autres modèles d’activité plus durables notamment la culture et le tourisme interne adapté aux familles ;
  • Réintégrer progressivement les secteurs et les activités économiques de l'économie informelle qui sont fortement touchés par les conséquences du Covid-19 et de garantir un revenu aux personnes qui en dépendent en offrant des options réalistes;
  • Relancer inclusivement l’économie sociale et solidaire au niveau régional comme une alternative garantissant une croissance durable et une résilience face aux crises à travers des solutions concrètes et innovantes qu’elle peut apporter en termes de cohésion sociale et de croissance.
 
  1. Résilience résidentielle : Raviver le cadre de vie des citoyens
 
La conjoncture spéciale de la post crise sanitaire a mis également en lumière les fragilités de notre modèle d’habitation et de résidence et des modes de gestion des agglomérations. La crise a exposé de manière frappante les inégalités entre les populations et les lieux, en particulier dans les villes, où les groupes les plus vulnérables tels que les migrants, les pauvres, les femmes et les personnes âgées ont été durement touchés. En effet, la pandémie de Covid-19 condit fortement à l’accélération de la transition vers un nouveau modèle urbain de villes intelligentes, vertes et inclusives, ce qui nécessite d’ouvrir une nouvelle ère de repenser les bassins de vie en vue de les doter d’une capacité d’adaptation, de connectivité, de mobilité, d’innovation et de continuité de la vie saine et sûre.
 
Nous préconisons ainsi que le SRAT de la région de Marrakech-Safi doit stipuler un nouveau cadre de vie qui prendra en compte, en plus des mesures à court terme telles que le soutien à l’emploi et aux revenus ou l’ouverture de lieux d’accueil pour les sans-abris, une réponse des autorités à long terme est nécessaire pour faire face aux mauvaises conditions de logement et atténuer les incidences négatives de la crise. Il est primordial d’envisager des programmes d’investissements publics ou des mesures visant à élargir l’offre de logements stables, adéquats et abordables pour les ménages à faible revenu et à améliorer les quartiers défavorisés. Le SRAT devra prendre en compte aussi l’importance de disposer d’espaces verts accessibles aux habitants, les mesures d’accès aux espaces collectifs à grand public (Le milieu scolaire, espaces sportifs, piscines publiques, restaurant, espaces de loisirs et divertissement, …), les mesures barrières en matière d’hygiène, d’élimination des déchets, de gestion des effluents, les mesures spécifiques de nettoyage/désinfection des espaces publics, d’aération et de modification des systèmes de ventilation, les mesures spécifiques pour les cheminements, de stationnement et les transports en commun, les plans de déplacement et de circulation douce (pistes cyclables et piétonnes) pour passer plus rapidement d’un objectif d’accroissement de la mobilité à celui d’amélioration de l’accessibilité. De plus, une réflexion sur l’efficacité énergétique des bâtiments et logement s’impose après la crise du Covid-19. 
 
  1. Résilience communautaire : Vers un aménagement citoyen
 
La pandémie de Covid-19 a des incidences en termes de gouvernance, la confiance des citoyens envers les responsables. Le choc provoqué par la pandémie requiert de mettre davantage l’accent sur la résilience. Il s’agit donc dans le cadre de la préparation aux chocs à venir de savoir QUI ? fait QUOI ? à QUELLE ? échelle et COMMENT ? pour permettre aux territoires d’être plus résilients.
 
L’engagement des parties prenantes et la participation citoyenne est parmi les enseignements clés de la crise pandémique, ce qui la nécessité de mobiliser les citoyens et les acteurs territoriaux pour l’élaboration de stratégies de relance pour l’après Covid-19. Les citoyens et les experts multidisciplinaires vont joué un rôle majeur non seulement en s’assurant que les stratégies soient plus exhaustives et multisectorielles, mais aussi en rendant les processus plus inclusifs pour dégager un consensus et accroître le sentiment d’appropriation. Ces parties prenantes font partie de différents niveaux d’action territoriale, tant horizontalement que verticalement, et sont aussi des établissements universitaires et de recherche, des banques et des organisations multilatérales, des donateurs, et des intervenants communautaires.
 
Le SRAT de Marrakech-Safi est amené à encourager l’engagement civique afin de redéfinir les mesures sociales, environnementales et économiques pour la phase de relance, en faisant participer les communautés aux décisions et à la mise en œuvre, et en continuant à utiliser des outils numériques afin de trouver des solutions plus permanentes aux inégalités structurelles. Nous devrons être à l’avenir plus méthodique ou pédagogique envers les citoyens dans toutes nouvelles propositions ou décisions car l’adhésion et l’intelligence collectives deviennent le sédiment des populations.
 
De plus, le SRAT devra soutenir les systèmes et réseaux de territoires (inter/intra), par exemple par le biais de la coopération de ville à ville, afin de tirer des enseignements des mesures spécifiques et innovantes mises en œuvre à l’échelle des localités dans le cadre du transfert des expériences et bonnes pratiques.
 
  1. Résilience technologique : Innovation et nouvelles technologies
 
La crise sanitaire du Covid-19 a montré que le numérique était une solution efficace pour maintenir la continuité de l’Etat et ses prestations. C’est pourquoi la région de Marrakech-Safi devra accélérer sa transformation digitale et bâtir une stratégie de résilience du système numérique durable dans un contexte de veille technologique en se basant sur :
 
  • Généraliser l'accès à Internet mobile dans les zones non couvertes et investir dans une connectivité haut débit, et des minitels, des plateformes numériques pour libérer tout le potentiel de la numérisation de l'économie et de l’administration ;
  • Construire de nouvelles infrastructures numériques, notamment les réseaux télécoms et le cloud, structurer et donner accès à un écosystème numérique fiable et développer les services électroniques et informatiques pour la continuité des politiques publiques.
  • Optimiser les usages numériques pour la population et les différents organismes (taux d’équipements en smartphone, disponibilité de signatures et cachets électroniques, plateformes de e-commerce, …)
  • Renforcer la maturité numérique de l’Etat (Enseignement à distance, e-learning, santé et téléconsultations, e-gouvernement, le télétravail, cyber sécurité, …) ;
  • Coupler la réalité augmentée avec la réalité virtuelle et digitale et diversifier les camps d’application (Consommation, patrimoine et culture, activités artistiques et ludiques, …).
 
En guise de conclusion, le Covid-19 a montré les limites sur les aspects stratégiques de toutes les structures de l’Etat et a été le révélateur de la prise de conscience générale qui a battu en brèche un certain nombre de vérités et de convictions établies. Il a impacté l’intelligence collective des uns et des autres en mettant en force la capacité de redresser les stratégies et les plans, à changer de comportement et à tirer profit des enseignements.
 
Le SRAT de la région de Marrakech-Safi ne semblera pas échapper à la règle du nouveau jeu et devra, dès aujourd’hui, réfléchir à la stratégie d’élaborer un aménagement du territoire régional compétitif économiquement, solidaire et inclusif socialement, durable écologiquement, mais aussi attractif territorialement.
 
Nabil BOULKHIR
Enseignant-chercheur en aménagement et développement territorial - Université Cadi Ayyad – Marrakech et membre du comité central du parti de l’Istiqlal



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