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Réchauffement climatique et allergies : une double peine ?


Rédigé par Meryem EL BARHRASSI le Dimanche 13 Novembre 2022

Si vous vous réjouissez de la météo exceptionnellement radieuse, c’est peut-être que vous ne faites pas partie des personnes allergiques aux pollens. L’ensoleillement et la douceur des températures font, en effet, grimper le risque d’allergies.



Crise d’éternuements, nez qui gratte, yeux qui démangent, maux de tête, gorge enflée, respiration sifflante..., la saison des pollens semble sans fin cette année. «L’allergie est une réaction d’hypersensibilité initiée par une réaction immunitaire spécifique à une substance étrangère à l’organisme humain, appelée allergène, dont les pollens font partie», informe Fatimazahra Skalli, pneumologue. Et si les dérèglements climatiques empiraient les allergies ? D’après des chercheurs, c’est le cas : le changement climatique, provoqué par la pollution, perturbe la pollinisation, la répartition des végétaux et modifie ainsi dans l’atmosphère la teneur en pollen, substance allergisante.

Les symptômes allergiques deviennent de plus en plus sévères et persistants qu’auparavant. On les voit d’ailleurs dans notre entourage ces personnes qui ne cessent d’éternuer, se frotter les yeux assez souvent et se plaindre constamment de maux de tête, quelle que soit la saison. «Les allergies, qui constituent d’ailleurs une réaction immunitaire de notre organisme à un allergène qui se trouve dans l’environnement, sont bel et bien impactées par le changement climatique qu’on connaît depuis des années», explique la pneumologue.

La météo de ces derniers jours favorise les allergies

Après un début d’automne «un peu calme au niveau des pollens», selon la spécialiste, le Maroc connaît des conditions météorologiques «très favorables à la pollinisation des arbres». Ces conditions sont «des températures essentiellement tempérées, au-dessus des moyennes de saison, et un ensoleillement très fort», détaille Dr Skalli. Elle explique que le «cocktail idéal» pour la prolifération des pollens est «soleil et vent». Le soleil et la chaleur favorisent la floraison, et le vent aide le pollen à se disséminer dans l’air.

En revanche, la pluie est l’amie des allergiques : «quand il pleut, les pollens sont plaqués au sol», souligne-t-elle. À cause du retard des pluies, la situation ne va pas en s’arrangeant : le nombre d’allergies liées au pollen est en constante augmentation. «Ces dernières années, l’augmentation de la prévalence de ces maladies a été spectaculaire. En pratique, de plus en plus de personnes viennent consulter pour des symptômes allergiques et respiratoires : des enfants, des adolescents et même plus tardivement des adultes. Et ces symptômes sont plus sévères et persistants qu’auparavant», remarque la pneumologue.

Pollens plus agressifs

La période de pollinisation n’est pas simplement décalée par la météo de ce mois de novembre : «Le pic est plus intense cette année, et il durera plus longtemps que d’habitude», confirme Dr Skalli. Indirectement, le changement climatique amplifie également l’agressivité des pollens. Avec l’augmentation des vagues de chaleur, des pics d’ozone et feux de forêt sont favorisés, aggravant la pollution de l’air engendrée par les activités humaines. «Nous sommes de plus en plus concentrés dans des villes, il fait de plus en plus chaud et l’utilisation d’air conditionné dans les bureaux ou les transports devient systématique et participe toujours plus à la pollution atmosphérique. C’est un cycle infernal», regrette Dr Skalli.

«Or, quand le pollen est touché en excès par certains polluants, il se fragmente en d’infimes particules. Il devient alors plus dangereux, notamment car il contribue à déclencher des asthmes chez des sujets rhinitiques, parce qu’il pénètre plus facilement dans nos bronches», ajoute-t-elle. D’un point de vue médical, «il est impossible de guérir totalement d’une allergie, mais les possibilités existent pour en diminuer les effets : un bilan allergologique permet de cerner les différentes substances auxquelles le patient est sensible», recommande la pneumologue.

Des symptômes parfois invalidants

Quoi qu’il en soit, les symptômes d’allergie au pollen ne doivent pas être banalisés. «De nombreuses études montrent qu’il existe un vrai retentissement, sur le sommeil, la concentration, ou encore les capacités intellectuelles au travail ou à l’école, avec aussi un risque d’absentéisme et d’arrêts de travail», rappelle Dr Skalli.
 


Meryem EL BARHRASSI
 








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