
Après sa création en 2016 et la nomination de son président Abdellatif Bardach en 2018, l’Autorité Nationale de Régulation de l’Électricité (ANRE) est enfin prête à assurer ses missions après la désignation de ses membres. La nouvelle autorité est actuellement en train de préparer son premier Conseil d’administration prévu dans quelques semaines afin de valider sa feuille de route stratégique 2021-2025. Alors même que le lancement officiel de l’ANRE était très attendu, la nomination de ses membres n’a pas manqué de créer une polémique qui a fait les choux gras de la presse ces derniers jours. Si la rentrée promet d’être électrique au vu de ces tensions dans les milieux partisans, les missions qui incombent à ce nouvel régulateur et arbitre du secteur de l’électricité n’en demeurent pas moins déterminantes pour libérer les potentialités des énergies renouvelables. L ’ANRE aura ainsi pour mission de s’assurer du bon fonctionnement du marché de l’électricité, de réguler l’accès des auto-producteurs au réseau électrique, de donner son avis sur les autorisations, de fixer les tarifs d’accès aux réseaux de transport et de distribution, de suivre les coûts, de contrôler le gestionnaire du réseau de transport et les gestionnaires des réseaux de distribution et enfin de gérer les différends.
Du chemin parcouru
L’opérationnalisation de cette nouvelle autorité du secteur de l’électricité intervient après une période d’actualisation du dispositif légal marocain en matière d’énergies renouvelables. L’activation de l’ANRE s’avère comme le début d’une nouvelle étape qui vient capitaliser sur les acquis réalisés depuis le lancement de la stratégie énergétique du Royaume en 2009. « Le potentiel énergétique marocain en énergies renouvelables, désormais plus compétitif, est en effet remarquable. Il représente virtuellement une capacité de production équivalente au gaz et au pétrole du Nigeria ou du Venezuela. L’exploitation de ce gisement permettrait de réduire fortement notre dépendance énergétique, d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, la compétitivité de nos industries et les comptes publics, mais aussi de consolider le positionnement international de notre pays », précise le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) dans un rapport sur « la transition énergétique pour installer le Maroc dans la croissance verte » restitué le mois dernier.
Un enjeu stratégique
Le Conseil estime que le Maroc peut, « dans un proche avenir, jouer un rôle fondamental pour l’approvisionnement de l’Europe en énergie verte via l’électricité ou l’hydrogène, redessinant ainsi les équilibres géopolitiques de notre région ». Le CESE souligne cependant l’importance de construire une bonne gouvernance du secteur de l’électricité allant jusqu’à recommander de « réorganiser la chaîne de valeur du secteur et mettre en place une régulation adaptée en élargissant le périmètre de l’ANRE d’une autorité de régulation de l’électricité à une autorité de régulation de l’énergie dans toutes ses composantes ». La capacité d’exportation d’électricité produite au Maroc est par ailleurs incontestable depuis que les chiffres publiés par l’Office des Changes ont mis en évidence une baisse de 93,5% des importations d’électricité et une hausse des exportations qui sont passées de 180 Gwh en 2018 à 1207,7 Gwh en 2019.
Le Green Deal européen
Le Royaume devra cependant continuer à augmenter la part des énergies renouvelables dans la production électrique afin de consolider sa position d’exportateur d’électricité verte. «C’est une décision stratégique. D’abord, parce qu’il s’agit d’un objectif officiel de l’Etat et d’un engagement international qui figure dans les contributions déterminées au niveau national (NDC) du Maroc. D’autre part, nous sommes tenus de réduire l’empreinte carbone de notre production électrique via la réduction de la part des centrales électriques à base de fossiles parce que l’UE -notre partenaire stratégique dans le domaine de l’énergie- prévoit dans le cadre du « green deal européen », adopté en décembre 2019, de mettre en place une barrière tarifaire à ses frontières pour empêcher ses pays voisins de lui exporter une énergie à base de fossiles », explique pour sa part Hassan Agouzoul, expert en transition énergétique et en développement durable. « C’est une contrainte et une opportunité pour nous obliger à garder et à accélérer le cap de 52% d’électricité à base renouvelable et qui nous pousse à hausser l’ambition dans le future proche », conclut-il.
Du chemin parcouru
L’opérationnalisation de cette nouvelle autorité du secteur de l’électricité intervient après une période d’actualisation du dispositif légal marocain en matière d’énergies renouvelables. L’activation de l’ANRE s’avère comme le début d’une nouvelle étape qui vient capitaliser sur les acquis réalisés depuis le lancement de la stratégie énergétique du Royaume en 2009. « Le potentiel énergétique marocain en énergies renouvelables, désormais plus compétitif, est en effet remarquable. Il représente virtuellement une capacité de production équivalente au gaz et au pétrole du Nigeria ou du Venezuela. L’exploitation de ce gisement permettrait de réduire fortement notre dépendance énergétique, d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, la compétitivité de nos industries et les comptes publics, mais aussi de consolider le positionnement international de notre pays », précise le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) dans un rapport sur « la transition énergétique pour installer le Maroc dans la croissance verte » restitué le mois dernier.
Un enjeu stratégique
Le Conseil estime que le Maroc peut, « dans un proche avenir, jouer un rôle fondamental pour l’approvisionnement de l’Europe en énergie verte via l’électricité ou l’hydrogène, redessinant ainsi les équilibres géopolitiques de notre région ». Le CESE souligne cependant l’importance de construire une bonne gouvernance du secteur de l’électricité allant jusqu’à recommander de « réorganiser la chaîne de valeur du secteur et mettre en place une régulation adaptée en élargissant le périmètre de l’ANRE d’une autorité de régulation de l’électricité à une autorité de régulation de l’énergie dans toutes ses composantes ». La capacité d’exportation d’électricité produite au Maroc est par ailleurs incontestable depuis que les chiffres publiés par l’Office des Changes ont mis en évidence une baisse de 93,5% des importations d’électricité et une hausse des exportations qui sont passées de 180 Gwh en 2018 à 1207,7 Gwh en 2019.
Le Green Deal européen
Le Royaume devra cependant continuer à augmenter la part des énergies renouvelables dans la production électrique afin de consolider sa position d’exportateur d’électricité verte. «C’est une décision stratégique. D’abord, parce qu’il s’agit d’un objectif officiel de l’Etat et d’un engagement international qui figure dans les contributions déterminées au niveau national (NDC) du Maroc. D’autre part, nous sommes tenus de réduire l’empreinte carbone de notre production électrique via la réduction de la part des centrales électriques à base de fossiles parce que l’UE -notre partenaire stratégique dans le domaine de l’énergie- prévoit dans le cadre du « green deal européen », adopté en décembre 2019, de mettre en place une barrière tarifaire à ses frontières pour empêcher ses pays voisins de lui exporter une énergie à base de fossiles », explique pour sa part Hassan Agouzoul, expert en transition énergétique et en développement durable. « C’est une contrainte et une opportunité pour nous obliger à garder et à accélérer le cap de 52% d’électricité à base renouvelable et qui nous pousse à hausser l’ambition dans le future proche », conclut-il.
Oussama ABAOUSS
Relance : L’ANRE face aux défis économiques du post-Covid
Définir des objectifs de transition énergétique à long terme dans le cadre d’une stratégie de développement sobre en carbone à l’horizon 2050 est une urgence, selon l’avis des experts. « Il nous faut une stratégie axée, d’une part, sur un fort impact de développement local au niveau social et industriel, et, d’autre part, sur le changement de paradigme de développement vers de nouveaux modes d’alimentation, de consommation et production décarbonées, soutenables et surtout territorialisés pour une meilleure résilience de nos régions et villes », explique Hassan Agouzoul, expert en transition énergétique. Le rôle de l’ANRE sera à cet égard prépondérant et ses missions parsemées de divers challenges autant pour accompagner et sécuriser cette transition systémique et sociétale que pour créer le climat d’investissement attractif nécessaire au secteur privé national et international et aux bailleurs de fonds mondiaux. « Afin de réussir ces challenges, l’ANRE devra faire preuve de transparence en termes de critère d’accès administratif, technique et de tarification. Elle devra démontrer son indépendance vis-à-vis de tous les acteurs publics et privés du marché et se doter de l’expertise technologique, technique et financière pour pouvoir arbitrer avec objectivité et crédibilité. Elle devra par ailleurs faire preuve d’équité et de justice vis-à-vis des petits opérateurs, comme des moyens et des grands investisseurs privés. Enfin, pour réussir à attirer les investissements internationaux, l’ANRE devra faire preuve de réactivité », résume l’expert.
3 questions à Hassan Agouzoul, expert en transition énergétique

Hassan Agouzoul
« Au-delà de la capacité de production, c’est toute une transformation sociétale qui doit se faire »
Hassan Agouzoul, expert en transition énergétique et en développement durable, a répondu à nos questions sur le potentiel à atteindre pour la production de l’électricité d’origine renouvelable.
- Quel est, selon vous, le potentiel à atteindre pour le secteur de l’électricité au Maroc ?
- Le potentiel est énorme. Pour l’électricité d’origine renouvelable, le productible national pourrait dépasser les 90% de la production globale d’électricité au Maroc. Nous avons ce qu’il faut pour rendre notre mix électrique majoritairement renouvelable grâce à des ressources naturelles comme le soleil, l’éolien, la biomasse, l’hydroélectricité, « power to H2 » et également l’efficacité énergétique, etc.
- Que faut-il faire pour atteindre ce plein potentiel ?
- Il y a des impératifs sociétaux, technologiques, financiers et politiques qui seront déterminants. Tous les modèles énergétiques des autres secteurs économiques et sociaux doivent également s’aligner sur cette trajectoire et introduire l’électricité pour rentabiliser et profiter de ce potentiel : industrie, transport, design des villes, habitat, dessalement de l’eau de mer, climatisation, pompage agricole, etc. Au-delà de la capacité de production, c’est toute une transformation sociétale qui doit se faire.
- Avec la loi qui permet d’investir dans la production électrique renouvelable, les particuliers et les entreprises peuvent-ils contribuer à atteindre le plein potentiel ?
- C’est une condition sine qua non. En plus des efforts et investissements étatiques sectoriels, il faut que toutes les parties prenantes –les ménages, les industriels, les producteurs privés, les collectivités territoriales, le secteur bancaire et financier national- participent et contribuent à la mise en oeuvre et au financement de cette transition.
Hassan Agouzoul, expert en transition énergétique et en développement durable, a répondu à nos questions sur le potentiel à atteindre pour la production de l’électricité d’origine renouvelable.
- Quel est, selon vous, le potentiel à atteindre pour le secteur de l’électricité au Maroc ?
- Le potentiel est énorme. Pour l’électricité d’origine renouvelable, le productible national pourrait dépasser les 90% de la production globale d’électricité au Maroc. Nous avons ce qu’il faut pour rendre notre mix électrique majoritairement renouvelable grâce à des ressources naturelles comme le soleil, l’éolien, la biomasse, l’hydroélectricité, « power to H2 » et également l’efficacité énergétique, etc.
- Que faut-il faire pour atteindre ce plein potentiel ?
- Il y a des impératifs sociétaux, technologiques, financiers et politiques qui seront déterminants. Tous les modèles énergétiques des autres secteurs économiques et sociaux doivent également s’aligner sur cette trajectoire et introduire l’électricité pour rentabiliser et profiter de ce potentiel : industrie, transport, design des villes, habitat, dessalement de l’eau de mer, climatisation, pompage agricole, etc. Au-delà de la capacité de production, c’est toute une transformation sociétale qui doit se faire.
- Avec la loi qui permet d’investir dans la production électrique renouvelable, les particuliers et les entreprises peuvent-ils contribuer à atteindre le plein potentiel ?
- C’est une condition sine qua non. En plus des efforts et investissements étatiques sectoriels, il faut que toutes les parties prenantes –les ménages, les industriels, les producteurs privés, les collectivités territoriales, le secteur bancaire et financier national- participent et contribuent à la mise en oeuvre et au financement de cette transition.
Recueillis par O. A.
Repères
Vers la sobriété carbone en 2050
Le gouvernement marocain et le ministère de l’ Énergie et des Mines travaillent actuellement sur une stratégie de développement national à bas carbone à l’horizon 2050. Cette stratégie est une réponse à un engagement du gouvernement du Maroc pris dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat (stipulé dans l’article 4.19 de l’Accord) qui engage les gouvernements à élaborer une stratégie volontaire nationale pour atteindre la sobriété ou la neutralité carbone de leurs économies et sociétés à l’horizon 2050.
Relance et résilience
En 2020, le choc provoqué par la crise sanitaire a déclenché une nouvelle tendance mondiale des gouvernements et des bailleurs de fonds pour l’élaboration et le financement de plans de reprise post-Covid basés sur la durabilité et la résilience. Appelés «Sustainable and resilient recovery» ou «Build back better», ces plans visent à aligner les réponses des gouvernements face aux dégâts de la crise sanitaire avec la concrétisation des objectifs climatiques inscrite dans les divers NDC et l’atteinte des ODD de l’Agenda 2030.