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Actu Maroc

Pour Xavier Driencourt, le pari algérien de Macron "laisse filer" le Maroc vers d'autres alliés


Rédigé par Anass Machloukh Samedi 1 Juillet 2023

L’ex-ambassadeur français en Algérie, Xavier Driencourt, a regretté l’échec du pari algérien d’Emmanuel Macron qui, selon lui, « laisse filer le Maroc » vers d’autres alliés. Détails.



Photo : FAROUK BATICHE/AFP
Photo : FAROUK BATICHE/AFP

A travers une démonstration circonstanciée de 20 pages,  le diplomate chevronné, qui connait assez bien les coulisses du pouvoir algérien pour en déceler la pensée, a expliqué comment le président français a perdu son pari sur l’Algérie, dont il ne faut rien espérer.

En gros, Xavier Driencourt voit dans les multiples reports de la visite du président Tebboune à Paris et son rapprochement ostensible avec Moscou des signes qui montrent que le régime algérien n’est pas aussi déterminé que la France à poursuivre le rapprochement initié par Macron depuis 2017. En plus, bien que le Chef de l’Armée algérienne, Said Chengriha, se soit rendu en France, il y a quelques mois, rien n’augure des contrats d’armement juteux pour le gouvernement français puisque, explique le diplomate, l’Armée algérienne demeure loyalement attachée à son fournisseur de prédilection : la Russie.

Si le diplomate se montre pessimiste quant au succès du pari d’Emmanuel Macron, il reste plus préoccupé par les conséquences de cela sur les relations avec le Maroc qui n’ont eu de cesse de se dégrader. Il ne fait plus de doute qu’une sérieuse crise silencieuse sépare Paris et Rabat qui pratiquement ne se parlent plus actuellement. Xavier Driencourt y voit une conséquence dommageable du choix délibéré de Macron en faveur d’Alger.  « Il a contribué à brouiller la France avec le Maroc, alors que jusqu’à présent elle avait réussi à maintenir un équilibre entre les deux capitales maghrébines », a -t-il écrit, rappelant que la France a besoin d’une relation apaisée avec le Maroc.

« Croire que le pari algérien nous dispensera de rapports amicaux et substantiels avec Rabat est une erreur : les dossiers (politiques, sécuritaires, économiques, migratoires) sur lesquels la France doit travailler avec le Maroc ne manquent pas », a poursuivi le diplomate français, intimement convaincu que l’exclusivité du choix en faveur d’Alger a éloigné la France du Maroc.

Ceci fait craindre que le Royaume aille à la recherche d’autres partenaires tels que les Etats Unis, l’Espagne, Israël et la Chine au détriment du partenaire français dans les années à venir. 

En s’éloignant maladroitement de la politique équilibriste de ses prédécesseurs à l’Elysée, Emmanuel Macron risque de saborder complètement les relations avec le pays le plus stable et le plus crédible dans la région, en l’occurrence le Maroc, pour un rapprochement inutile avec Alger.  « A ce stade, nous nous sommes écartés du Maroc et nous ne récoltons rien, ou pas grand-chose, de notre pari algérien », a souligné à cet égard l’ex-ambassadeur.

En effet, le président Macron serait lui-même responsable de l’état de dégradation des relations franco-marocaines, à en croire l’écrivain Tahar Benjelloun qui, dans une interview accordée à la chaîne I24, a confié que le président français se serait comporté maladroitement avec le Souverain lors d’un appel téléphonique.

En dépit de cela, Macron, lui-même, a prétendu qu’il a des relations amicales avec le Roi du Maroc, à la veille de la sa dernière tournée africaine avant qu’il ne soit contesté par une source marocaine qui a confié à « Jeune Afrique » que les relations ne sont ni bonnes ni amicales, pas plus entre les deux gouvernements qu’entre le Palais royal et l’Élysée ». Un démenti d’autant plus fort qu’il a éveillé chez plusieurs personnalités françaises la conscience que la crise est sérieuse entre Paris et Rabat.

Pour cette raison, la droite française, attachée à l’alliance franco-marocaine, fait pression sur le gouvernement français pour régler la crise actuelle par un geste fort à l’endroit du Royaume. Un geste qui ne peut qu’être la reconnaissance de la marocanité du Sahara, comme l’a fait savoir le patron des « Républicains », Éric Ciotti qui s’est rendu au Maroc, en mai dernier.