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Politique de la ville: Maillon faible du gouvernement, défi majeur du NMD


Rédigé par Hajar LEBABI Dimanche 20 Juin 2021

La politique de la ville demeure un défi majeur qui fait l’objet de discussion, non seulement dans le rapport sur le nouveau modèle de développement, mais également au sein du Parlement.



Parmi les défis relevés par le rapport sur le nouveau modèle de développement, figurent la très polémique politique de la ville et de l’urbanisation. Noir sur blanc, celui-ci précise que l’accélération de l’urbanisation et la littoralisation accrue des activités économiques et humaines accentueraient les défis en matière de gouvernance des villes, de mobilité et d’aménagement du territoire pour répondre à une demande croissante de services publics.

Un retard d’exécution

La thématique a également été débattue la semaine dernière au parlement, où les députés n’ont pas manqué de relever les mille et une lacunes de la politique de la ville. «Nous nous interrogeons, depuis 2018, sur ce qui a été réalisé grâce aux programmes politiques de la ville pour réhabiliter, moderniser et améliorer le développement durable», soulève le député istiqlalien Mohammed Hafed.

«Nous savons que la plupart des centres émergents ont continué à souffrir d’un équipement de base faible, car la modernisation de ces centres reste soumise à des calculs étroits loin de la dimension du développement », pointe le député. «La plupart des programmes sont préjudiciables, sans véritable suivi, du fait de l’absence de tous les moyens de suivi nécessaires, ce qui fait que ces programmes sont entre les mains du délégué, qui est dans la plupart des cas dans les Conseils régionaux, dans lesquels ils agissent à des fins personnelles, politiques ou électorales, comme c’est le cas dans la ville de Sidi Kacem», s’insurge-t-il.

A cela s’ajoute la non activation de l’intégralité de l’accord-cadre du ministère avec la région de Rabat-Salé- Kénitra, «où le ministère a engagé 500 millions de dirhams pour réhabiliter 92 groupes dans cette zone, qui s’interrogent encore sur l’issue de cet accord au moment où nous sommes à la fin de ce gouvernement».

De son côté, le député istiqlalien Lahcen Haddad s’est penché sur le volet littoral de la politique de la ville. A ce sujet, ce dernier a révélé que « la loi littorale » a été stricte en ce qui concerne l’aménagement de la bande côtière, mais, il y a eu une circulaire conjointe entre le ministère de l’Intérieur et le ministère de l’Habitat en 2016 qui a vidé cette loi de son contenu». Selon Haddad, «cela a provoqué une grande sédimentation au niveau de la bande côtière. Le paysage doit être restauré, car c’est l’héritage de tous les Marocains, et non seulement des promoteurs immobiliers», ajoute-t-il.

Une stratégie intégrée s’impose

De son côté, la ministre de l’Aménagement du Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville, Nouzha Bouchareb, a déclaré que la politique de la ville est une priorité du ministère, soulignant que 2,33 millions de familles marocaines ont bénéficié des programmes de politique de la ville.

Bouchareb a ajouté, lors de la séance hebdomadaire des questions orales à la Chambre des Représentants, lundi, que 158 accords ont été signés pour un coût total de 25 milliards de dirhams, auxquels le ministère a contribué avec 7,2 milliards de dirhams.

La responsable gouvernementale a également indiqué que ces programmes ont contribué à l’achèvement d’importants préparatifs liés aux routes et aux espaces de proximité, et comprenaient 700 communes de ces accords. Bouchareb a reconnu qu’il y a de «très grands défis» et a souligné la nécessité de développer «des projets intégrés visant à améliorer le cadre de vie de la population, l’accès aux services et les équipements de proximité».

La ministre a également estimé que le nouveau contrat sur la politique de la ville devrait être «étendu pour assurer la convergence des politiques publiques, et un programme national lié aux pôles émergents».

Dans ce sens, force est de rappeler que les politiques publiques, portant sur la ville, nécessitent la mise en place d’une stratégie intégrée qui garantit un développement équilibré et durable des espaces urbains et ruraux.

3 questions à Driss Benhima

«Certaines structures ne sont pas en mesure d’affronter la globalité des défis qui se posent à nos villes»

Membre de l’Alliance Istiqlalienne des Ingénieurs et ex-Wali de Casablanca, Driss Benhima nous livre ses réflexions sur la politique de la ville.

Au Maroc, les villes n’ont pas réussi à se préparer aux effets engendrés par la transition démographique. Selon vous, quelles en sont les raisons ?

Je reconnais et j’apprécie les initiatives organisationnelles qui se sont traduites par la création des Sociétés de Développement Local (SDL), chacune dédiée à une problématique de gestion urbaine. Mais il me semble que ces structures ne sont pas en mesure d’affronter la globalité des défis qui se posent à nos villes, ni pour rattraper les retards accumulés, et encore moins pour faire face aux défis de l’avenir. C’est vrai qu’en termes de planification, une pièce manque encore : c’est l’organe de coordination entre toutes les SDL qui serait chargé en outre de la planification d’ensemble. Il est à noter que lors de la création de la première Agence urbaine, celle de Casablanca, il était envisagé que cette institution devienne un organe central pour toute la planification de l’ensemble de la gestion urbaine. Il est dommage qu’avec le temps, elle se soit cantonnée plus essentiellement au zoning des espaces urbains et au contrôle des projets de construction.

Quelles sont les mesures à mener pour améliorer la gestion de la politique de la ville ?

Je crois que, collectivement, nous nous référons aux politiques européennes de la ville. Or, les situations sont radicalement différentes. Nous sommes encore à moins de 70% de taux d’urbanisation et l’exode rural va encore se prolonger longtemps. Il faut donc rattraper les retards enregistrés dans les services urbains et faire face à une expansion qui continue. L’idée que les citoyens des villes doivent prendre en charge les infrastructures d’expansion urbaine, sans intervention supplémentaire de l’Etat en dehors de la contribution de la TVA, me semble inadaptée aux défis des villes actuelles.

Comment accroître la compétitivité des villes sur les plans national et international ?

Cette bataille se joue sur deux fronts : celui des infrastructures et j’en ai longuement parlé et celui de l’architecture organisationnelle et institutionnelle de la gouvernance urbaine. Tout milite pour qu’on rebatte les cartes et qu’on clarifie et rationalise le rôle de chacun : wilaya, préfectures, agence urbaine, Conseil de la ville, Conseil de région, Conseils d’arrondissement, SDL, gestionnaires délégués.
 



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