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Sport

Point de vue : Quel sort pour les manifestations sportives ?


Rédigé par Mbarek JANAOUII le Vendredi 29 Mai 2020

Trois solutions: Soit l’annulation de la saison, soit sa clôture prématurée, ou encore son report et chaque solution a ses avantages et ses inconvénients



Point de vue : Quel sort pour les manifestations sportives ?
L’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré le Covid19 qui affecte le monde depuis le début de l’année 2020, comme étant une pandémie mondiale, appelant les Etats de la planète à agir contre ce danger par l’adoption de mesures sanitaires appropriées, comme le confinement de la population et l’annulation des rassemblements.

Prolongation de l’annulation

Le sport, comme les autres secteurs de la vie n’y a pas été épargné. Aussi, les fédérations internationales ont décrété la suspension des manifestations sportives.

Au Maroc, les manifestations sportives ont été annulées dès le début du mois de mars, avant même la déclaration de l’état d’urgence sanitaire. 

La prorogation à deux reprises de l’état d’urgence sanitaire a engendré automatiquement la prolongation de l’annulation des manifestations sportives. Et à ce jour, personne ne peut prévoir la date de la reprise des compétitions sportives. On se pose alors la question en s’interrogeant sur le sort des manifestations sportives programmées pour la saison 2019-2020, sachant bien que ces manifestations sont des évènements qui ont un caractère intermittent pour ne pas dire saisonnier. Ces derniers se limitent à une saison sportive, qui commence généralement début du mois de juin ou de septembre pour prendre fin vers la fin du mois de juillet ou d’août de l’année suivante. La fin de la saison sportive, après l’achèvement de tous les matches et toutes les compétitions programmées, a des impacts majeurs aussi bien au niveau national qu’au niveau mondial. Ainsi des clubs sont déclarés champions nationaux de leur discipline, des trophées et des récompenses leur sont attribués. Ils peuvent aussi se voir qualifier à des compétitions régionales ou mondiales. Par contre, des clubs peuvent se voir relégués à la division inférieure de leur championnat.  

Chercher les réponses à cette problématique

Il faut d’abord rappeler que ce genre de décision est du ressort des fédérations sportives, conformément à l’article 22 de la loi 30/09 relative à l’éducation physique et aux sports. C’est dans les statuts de chaque fédération qu’il faut chercher les réponses à cette problématique. De même, il ne faut pas s’attendre à une solution unique dans tout le mouvement sportif puisque chaque fédération est souveraine et indépendante.

Mais les choix possibles restent très limités, ils sont au nombre de (3) trois, soit l’annulation de la saison, soit sa clôture prématurée, ou encore son report et chaque solution a ses avantages et ses inconvénients et c’est ce que nous allons essayer de voir. 

I/ Annuler la saison

Décider de l’annulation de la saison sportive reste une option possible pour les fédérations sportives. Par l’annulation de la saison il faut entendre la radiation et l’annulation des résultats partiels obtenus par les clubs et les sportifs jusqu’à la date de l’arrêt des manifestations, c’est-à-dire que la saison sera considérée comme n’ayant jamais était jouée. Une année sportive blanche.

Prendre cette décision par une fédération se justifie par le fait que la saison sportive n’a pas pu être clôturée, à cause d’un cas de force majeur et il est quasiimpossible de la reprendre à cause de la longue période d’arrêt. Rappelons à ce sujet que la FIFA, a qualifié cette pandémie de cas de force majeure, tout en laissant le choix pour chaque fédération nationale de décider le sort qu’elle entend réserver à ses championnats.

Ainsi, dès que tous les matchs et compétitions programmés n’ont pas pu être joués, il ne peut alors y avoir de vainqueur ni de perdant, et aucune équipe ne peut réclamer un droit sur les résultats partiels enregistrés tant que le calendrier n’a pas été honoré entièrement. Déclarer la saison alors blanche reste une conséquence logique d’un état de fait consommé. La fédération de football du Soudan du Sud, par exemple, a opté pour ce choix et elle a annoncé l’annulation pure et simple de la saison. Cette solution peut paraître simple et efficace, et d’un point de vue juridique et elle est considérée comme fiable et rassurante pour les dirigeants des fédérations. Cependant l’organisation pyramidale du sport et la dépendance des fédérations nationales des fédérations continentales et internationales, concernant les qualifications pour les compétitions continentales et mondiales et qui prennent en compte les classements nationaux. L’annulation des compétitions nationales implique que les compétitions régionales et mondiales de l’année prochaine seront aussi annulées. Ce qui rend cette décision difficile à prendre et à envisager. 

II) Reprendre la saison après le confinement

Reprendre la saison après la fin du confinement et le feu vert des autorités étatiques reste envisageable. Certes, comme on l’a déjà souligné, la saison sportive débute généralement en juillet ou en septembre pour prendre fin au plus tard à la fin du mois de juin ou de juillet, mais la saison a été suspendue à cause d’un cas de force majeure, la reprendre après la levée de cet obstacle est possible. Rappelons aussi que l’article 6 du décret-loi annonçant l’état d’urgence sanitaire prévoit clairement que tous les délais réglementaires seront suspendus autant que dure l’état d’urgence.

Reprendre la saison après la levée de l’état d’urgence sanitaire, reste juridiquement possible. Cette solution a été même envisagée par la Fédération Internationale du Football FIFA, les délais de la fin de saison en cours et ceux du début de la saison prochaine peuvent subir des modifications, puisque si les compétitions reprennent en mois de juin ou juillet, elles ne termineront qu’en septembre voire plus, ce qui nécessite un réajustement de planning de la saison prochaine 2020/2021.

Heureusement que les statuts des fédérations sportives prévoient ce genre de modification de timing. A titre d’illustration, on cite le règlement des compétitions de la FRMF, qui même s’il fixe la date de début de saison au premier juillet de chaque année et sa fin au 30 juin de l’année suivante, il prévoit la possibilité de déroger à cette règle par une simple décision du comité-directeur.

Cette solution a le bénéfice d’achever la saison sportive correctement et de décerner les trophées et déclarer les gagnants et les perdants, les promus en division supérieure et les rétrogradés en celle inférieure. Elle aura aussi l’avantage de sauver les compétitions régionales et internationales dépendantes des qualifications nationales. Seulement l’option pour ce choix nécessite un grand effort de planning des dirigeants sportifs pour ajuster la saison actuelle et la saison prochaine. Encore faut-il prendre en compte les coûts financiers de cette opération (mesures sanitaires, distantation et la date de la levée de l’état d’urgence sanitaire). C’est pour cela que la fédération tunisienne du football, ainsi que la fédération allemande de football ont opté pour ce choix, tenant en compte l’état de maitrise de la pandémie dans ces deux pays. 

III) Annoncer la clôture prématurée de la saison

L’avantage de cette option, c’est qu’elle regroupe les avantages des deux choix précédents, puisque d’une part la saison va être clôturée et d’autre part on se basant sur les résultats obtenus jusqu’à l’arrêt des compétitions, les fédérations peuvent désigner les clubs et les sportifs vainqueurs et qualifiés. Mais malgré ces avantages, cette option reste difficile à envisager, par manque de base légale pouvant l’appuyer. Si les règles de droit commun ne peuvent pas donner un tel fondement, les règlements et les statuts fédéraux n’ont pas pu présumer ce genre de situation. Ce qui rend ce genre de décision faible et susceptible d’annulation en cas d’un recours juridictionnel ou arbitral.

Seul un consensus entre les acteurs d’une fédération peut encourager à prendre ce genre de décision. 
 
Mbarek JANAOUII