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Perspectives de croissance : L’économie survie au choc mais la reprise sera lente


Rédigé par N. BATIJE Mardi 7 Juillet 2020

Le HCP vient d’élaborer son point de conjoncture trimestriel. Il y présente les estimations pour le second trimestre 2020 et les prévisions pour le troisième. Un exercice qui s’apparente à un pronostic portant sur les perspectives d’un état des lieux



Perspectives de croissance : L’économie survie au choc mais la reprise sera lente
Le HCP estime qu’au terme du second trimestre de l’année en cours, l’économie nationale se serait contractée de 13,8% au deuxième trimestre 2020, après une hausse de 0,1% le trimestre précédent, sous l’effet d’une baisse de 14,4% de la valeur ajoutée non-agricole et d’un repli de 6,1% de celle de l’agriculture.

Au troisième trimestre 2020, précise-t-on de même source, la baisse de la valeur ajoutée hors agriculture s’atténuerait progressivement, avec la reprise des activités du commerce, du transport et des industries manufacturières, s’établissant à -4,1%. Et compte tenu d’un abaissement de 5,9% de la valeur ajoutée agricole, l’activité économique régresserait de 4,6%.

Morosité au deuxième trimestre 2020

A en juger par les estimations du HCP, la contre-performance de l’économie nationale relevée au deuxième trimestre 2020 est aussi attribuable à celle du secteur tertiaire qui, aurait régressé de 11,5% au lieu de +1,6%, un trimestre auparavant, suite à la contraction des activités commerciales, de transport, d’hébergement et de restauration.

A l’opposé, seuls la communication et les services non-marchands seraient restés dynamiques, avec le renforcement des dépenses de fonctionnement. 

La même tendance baissière est observée au niveau du secteur secondaire dont le rythme d’évolution serait passé à -14,3%, après +0,2% au premier trimestre.

En détails, la baisse d’activité aurait été plus prononcée dans le BTP, l’électricité et dans l’industrie, particulièrement le textile, les IMME (Industries Métallurgiques Mécaniques et Electromécaniques) et les matériaux de construction. En revanche, l’agroalimentaire et la chimie auraient conservé leur rythme de croissance tendanciel. Idem pour l’activité minière qui, malgré tout, aurait fait preuve d’une grande résistance aux effets de la crise COVID-19, et ce, grâce à l’amélioration de l’extraction des minerais nonmétalliques. 

A ce titre, la production du phosphate brut, qui avait quasiment stagné au premier trimestre 2020, aurait été plus soutenue en avril 2020, portée par une demande des industries locales de la chimie plus vigoureuse, en ligne avec l’expansion des quantités exportées des engrais.  

Une atténuation de la baisse d’activité en perspective

Sous l’effet de l’effet conjugué d’un certain nombre de facteurs dont un déconfinement progressif, une réouverture des frontières et d’une reprise des activités de transport et du commerce, la croissance et les échanges mondiaux devraient se redresser légèrement au troisième trimestre 2020.

Partant de la, le HCP fait état d’une amélioration de 3% par rapport au deuxième trimestre 2020 de la demande étrangère adressée au Maroc. Et les cours internationaux des produits énergétiques et alimentaires dans un contexte de poursuite de la situation excédentaire de l’offre par rapport à la demande mondiale auront à conditionner les pressions inflationnistes qui, selon le HCP, devraient rester contenues.

 Au niveau de la demande intérieure, le HCP estime que celle-ci se redresserait modérément et lentement. A ce titre, la baisse de la consommation des ménages s’atténuerait et la consommation publique poursuivrait sa tendance haussière au rythme de 6%, en variation annuelle, portée par la dynamique des dépenses particulièrement sociales. Et ce, au moment où l’investissement resterait globalement atone et sa reprise tarderait à se réaliser au troisième trimestre 2020.

Du coup, le repli de la demande devrait continuer à pénaliser les activités hors agriculture, entrainant ainsi une baisse de leur valeur ajoutée.

Ainsi, dans le secteur secondaire, la baisse de l’activité atteindrait -5,8%. Au niveau de l’activité minière, la baisse de la consommation agricole mondiale devrait brider la dynamique de la demande internationale de fertilisants et la production des minerais non-métalliques s’ajusterait à une demande extérieure moins vigoureuse, entraînant dans son sillage un ralentissement de la croissance de la valeur ajoutée minière.

L’activité du tertiaire serait portée par la dynamique des secteurs de la communication et des services non marchands, et dans une moindre mesure par la reprise des activités du commerce et du transport, alors qu’elle resterait peu dynamique dans les services évènementiels et dans l’hébergement.  

N. BATIJE

Encadré

Accélération des créances sur l’économie
A en juger par les données du HCP, la masse monétaire aurait évolué au rythme de 5,7%, au deuxième trimestre 2020. Le besoin de liquidité des banques se serait nettement creusé, à la suite de la hausse de la monnaie fiduciaire dans une conjoncture de confinement sanitaire de la population. Dans ce contexte, Bank Al-Maghrib avait abaissé le taux de réserve obligatoire de 2% à 0%, augmenté significativement le volume de ses financements aux banques et les avoirs officiels de réserve auraient progressé de 22,1%. Les créances nettes sur l’administration centrale auraient marqué une hausse de 7% de l’endettement monétaire du Trésor et l’encours des créances sur l’économie se serait accru de 6,7%, suite à l’accélération des crédits à la trésorerie des entreprises.

Repères

Le confinement freine l’indice des prix
L’indice des prix à la consommation aurait nettement ralenti pendant le confinement, affichant une hausse de 0,1% au deuxième trimestre 2020, au lieu de +1,4% un trimestre plus tôt. Cette décélération serait, principalement, due à la baisse de 0,3% des prix des produits non-alimentaires, en lien avec le reflux des prix des carburants. Le rythme de croissance des prix des produits alimentaires aurait également baissé, passant de +1,9% au premier trimestre à +0,9%, en glissements annuels. 
Demande étrangère en net recul 
Suite au repli du commerce mondial des biens, la demande étrangère adressée au Maroc se serait infléchie de 18% au deuxième trimestre 2020. De ce fait, précise le HCP, les exportations, en volume, auraient reculé de 25,1 pénalisées par le repli des expéditions de la plupart des secteurs, en particulier de l’automobile, du textile et cuir et de l’aéronautique. En revanche, les importations des biens alimentaires se seraient orientées à la hausse, alimentées par les achats des céréales, des aliments de bétail et du sucre.
Chute de la demande intérieure
Pâtissant des effets de la crise sanitaire de la COVID-19, la demande intérieure aurait contribué négativement à la croissance au deuxième trimestre 2020. La consommation des ménages, en volume, se serait repliée de 6,7%, en variation annuelle, au lieu de +1,4% au trimestre précédent. Selon le HCP, cette baisse aurait, particulièrement, concerné les dépenses des ménages en biens manufacturés, notamment celles de l’habillement et d’équipement ainsi que celles du transport, de la restauration et de loisirs. Les dépenses en biens alimentaires auraient conservé leur rythme de croissance tendanciel.