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International

Palestine : Evasion de Gilboa, un goût d’inachevé


Rédigé par La rédaction Mardi 14 Septembre 2021

Le 6 septembre au matin, les portables se sont soudainement mis à vibrer à Jénine. Six hommes du coin venaient de réussir à s’évader d’une prison israélienne.



Palestine : Evasion de Gilboa, un goût d’inachevé
«La première heure après l’annonce de l’évasion, nous étions remplis d’espoir. Nous nous disions, +s’il n’a pas été encore arrêté, il restera peut-être libre à jamais+», souffle Abou Antoine, l’oncle de Zakaria al-Zoubeidi, le plus connu des six évadés, qui a été écroué pour des attaques anti-israéliennes. Zakaria al-Zoubeidi s’était fait connaître lors de la seconde Intifada, le soulèvement palestinien du début des années 2000, comme le leader des brigades des martyrs d’Al-Aqsa, la branche armée du Fatah, dans le camp de Jénine, l’un des bastions de la contestation armée.

A Jénine, les posters décatis des «martyrs» de l’Intifada collent toujours aux murs comme si le soulèvement ici ne s’était jamais affadi. Mais depuis quelques jours, les affiches de nouveaux «héros», bien vivants ceux-là, les côtoient. Lorsque Zoubeidi et cinq membres du Jihad Islamique, autre grand groupe armé palestinien de Jénine, se sont évadés de la prison israélienne de Gilboa - via un tunnel creusé sous l’évier d’une cellule et débouchant à l’extérieur du pénitencier dans un scénario quasi hollywoodien -, Jénine a explosé de joie. Et comme les fugitifs n’ont pas été attrapés sur le champ, les espoirs ont pris de l’ampleur, certains à Jénine les imaginant traverser la frontière avec la Jordanie voisine, pour ensuite pousser en Syrie, pays ennemi d’Israël.

Des espoirs douchés

Mais vendredi soir, de premiers espoirs ont été douchés lorsque deux des fugitifs, Mahmoud Abdullah Ardah, et Yaqoub Qadri ont été arrêtés par la police israélienne à Nazareth, suivi le lendemain matin par Zakaria al-Zoubeidi et Mohammad Ardah. «Cette évasion était et demeure une victoire pour les Palestiniens, mais avec les arrestations la victoire n’est pas complète. C’est comme un match de foot, nous avons gagné, mais le score final est plus serré que nous l’espérions», témoigne l’oncle de Zakaria al-Zoubeidi.

Il raconte que le grand-père maternel s’était déjà échappé de la prison de Shata, ancêtre de celle de Gilboa. C’était à l’été 1958. Aujourd’hui, sur des groupes WhatsApp, des coupures de presse de l’époque, en arabe et en hébreu, s’échangent pour attester de la «gloire» familiale.

D’autres images tournent sur les réseaux. Celles photoshoppées des quatre fugitifs retrouvés, les présentant non pas abattus mais souriants pour bien tenter de marquer les esprits avec un mot: «intisar», «victoire». Agé de 20 ans, Ahmed, lui, s’époumone dans les rues de Jénine pour rendre gloire à ces prisonniers palestiniens «qui ont déjoué l’armée la plus technologique de tout le Moyen-Orient».

«Quand ils se sont évadés, j’étais euphorique (...) mais avec les arrestations nous devons lutter contre nous-mêmes pour maintenir ce sentiment vivant». La chaîne du Jihad islamique, Falestine al-Youm (La Palestine aujourd’hui) diffuse en boucle des hommages aux évadés en mettant au premier-plan Mahmoud Abdullah Ardah, qui a passé les 25 dernières années de sa vie en prison pour son rôle dans des attaques contre l’Etat hébreu, et considéré comme l’architecte de l’évasion.

« J’espérais qu’il ouvre la porte de la maison pour me voir »

Dans le village d’Arrabah, à la sortie de Jénine, une affiche géante de ce combattant orne la maison familiale. Dans le salon, sa mère, vêtue d’un hijab couleur muguet, a les yeux rivés sur Falestine al-Youm. Lorsqu’il s’est évadé, «je dansais de joie (...) j’espérais qu’il ouvre la porte de la maison pour me voir», raconte-t-elle. Mais rien. Un frère de Mahmoud Ardah, Mohammad - à ne pas confondre avec un évadé du même nom -, a été contacté par un officier du renseignement israélien.

«Il m’a dit: +si Mahmoud rentre à la maison, laisse-le embrasser sa mère, puis appelle-nous pour que nous allions l’arrêter+. J’ai répondu: +non, je ne vous appellerai pas+». Mais la situation ne s’est pas présentée. Le fugitif a été arrêté sans résistance à Nazareth après cinq jours de cavale. «Je n’arrivais pas à le croire, j’étais triste mais je me suis dit qu’au moins il était toujours en vie, et que ces cinq jours de liberté, c’est l’équivalent pour lui de 50 ans», confie Mohammad.

 


Craintes sur le sort des évadés arrêtés

Le Club des prisonniers palestiniens (non gouvernemental) a exprimé samedi ses craintes sur le sort des quatre prisonniers évadés de nouveau arrêtés par Israël. Selon la même source, la confrontation avec l’administration pénitentiaire risque de se poursuivre, allant jusqu’à l’entrée dans une grève de la faim. Dans un communiqué, dont l’Agence Anadolu a reçu copie, le Club a fait part de ses «grandes craintes» quant au sort des quatre prisonniers arrêtés: Mahmoud Al-Ardah, Zakaria Al-Zubaidi, Mohamed Al- Ardah et Yaqoub Qadri.

‘’Les fugitifs risquent d’être soumis à des actes de tortures et d’être isolés. Ils devraient se voir refuser l’accès à un avocat pendant une longue période. Ces pratiques sont, en effet, assez répandues auprès de l’occupation israélienne contre les détenus, et ce, rien que pour se venger et pour faire pression sur eux’’, a expliqué le communiqué. Il a appelé les institutions internationales des droits de l’Homme y compris les Nations Unies, à ‘’assumer leurs responsabilités envers les prisonniers et à intervenir d’urgence et immédiatement, pour arrêter les ‘’punitions’’ collectives et les mesures abusives actuelles et continues contre les détenus dans les prisons de l’occupation’’.

Dans un communiqué distinct, le Club a déclaré que les prisonniers palestiniens «refusent catégoriquement les «doubles mesures punitives et abusives que l’administration pénitentiaire continue d’infliger». Il a, en ce sens, déclaré que les détenus «pourraient entamer à la fin de la semaine une grève de la faim’’. Mais la grève - selon le communiqué - dépend de la réponse et la réactivité de l’administration pénitentiaire aux demandes des détenus, «notamment l’annulation des peines et restrictions qui leur sont imposées, et la cessation des incursions brutales».

Le Club a souligné que l’administration pénitentiaire d’occupation s’est lancée dans une «guerre ouverte contre les prisonniers après l’évasion desdits détenus de la prison de Gilboa, à travers une série de sanctions inhumaines et injustes.

 








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