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PLF 2021 : L’Istiqlal dénonce une politique anti-sociale


Rédigé par Anass MACHLOUKH Mardi 27 Octobre 2020

Le Parti de l’Istiqlal fait état d’un budget incapable de sortir l’économie nationale des griffes de la récession actuelle, jugeant que l’Exécutif n’a pas encore pris conscience de la gravité de la situation.



PLF 2021 : L’Istiqlal dénonce une politique anti-sociale
En pleine crise économique liée à la pandémie de la Covid-19, le gouvernement de Saâd-Dine El Othmani a finalement présenté le dernier budget de cette législature, ce budget, censé sortir le pays de la récession actuelle, est loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique.

Lors d’une journée d’étude tenue dimanche, le Parti de l’Istiqlal a rassemblé tous ses cadres pour scruter les dispositions de ce projet décisif pour l’avenir du Maroc qui traverse une crise économique sans précédent depuis les années quatre-vingt-dix, et où il risque d’effleurer de nouveau la «  crise cardiaque ». Un chômage de masse qui avoisine les 14%, une récession chronique qui dure depuis le début de la pandémie, et une sécheresse qui ravage le monde rural. Tous les ingrédients d’une explosion sociale sont là. Pour autant, avec des mesures timides et anti-sociales, le gouvernement est loin de concrétiser les orientations royales pour opérer une véritable relance.

«  Le gouvernement est loin de prendre conscience de la gravité de la situation  », c’est l’impression générale de l’ensemble des parlementaires istiqlaliens après la lecture du texte du PLF. «  Ce projet de loi des Finances est une comédie qui se moque de l’intelligence des Marocains », a martelé Abdesslam Lebbar, président du grouppe istliqlalien à la Chambre des Conseillers. Même son de cloche pour Noureddine Mediane, chef des députés istiqlaliens à la Chambre des Représentants, qui considère que le nouveau budget de l’Etat n’est aucunement capable de relancer l’économie nationale dans cette conjoncture exceptionnelle marquée par une crise sociale intense. 

De son côté, le Secrétaire Général du Parti de l’Istiqlal, Nizar Baraka, a souligné que ce projet de loi des Finances intervient dans un contexte de crise particulière, marqué par un creusement des inégalités et une perte de confiance des Marocains, rappelant le rapport du HCP qui fait état d’une baisse de la confiance des familles marocaines dans l’avenir.  

Un budget anti-social

Le PLF 2021 a pour principal objectif d’opérer le plan de relance soutenu par une enveloppe de 120 milliards. Nizar Baraka a dénoncé le penchant ultralibéral du gouvernement qui s’attache à une politique de l’offre sans aucun égard au soutien de la demande. La classe moyenne demeure la principale victime des attaques permanentes sur son pouvoir d’achat, a-t-il asséné. En témoigne la contribution de solidarité qui touche principalement une large partie des couches moyennes, qui, selon lui, doit être réservée aux salaires supérieurs.

Qui plus est, la classe moyenne ne bénéficie d’aucun mécanisme de compensation de la perte d’emploi dans ce projet de loi, estime M. Baraka qui a dénoncé le retard de déploiement de l’Assurance chômage. Dans le même ordre d’idées, le leader de l’Istiqlal a souligné l’absence de mesures, de la part de l’Exécutif, pour venir en aide au monde rural qui souffre en silence.

Pour une politique contracyclique

«  Il est clair que l’Exécutif s’attache obstinément à l’orthodoxie budgétaire qui est loin d’assurer une reprise de la croissance  », conviennent les cadres istiqlaliens. Le Parti dans son ensemble recommande une politique contracyclique destinée à soutenir le pouvoir d’achat et la durabilité des PME, et ce, pour renverser le cours de l’activité économique vers un élan de la croissance. 

S’agissant de la contribution de solidarité, elle manque d’équité, estime Abdelatif Maâzouz, président de l’Alliance des économistes istiqlaliens. Cette contribution touche principalement une catégorie très large de la classe moyenne qui constitue un vecteur de la croissance, a-t-il précisé. L’Alliance recommande de réviser la tranche des revenus de la population soumise à cette contribution.

Dans le cadre des mesures fiscales prévues par le PLF 2021, l’Exécutif a décidé d’exonérer de l’IR toutes les personnes récemment embauchées dans le cadre d’un contrat CDI. Or, l’âge limite des bénéficiaires pose problème, Abdelatif Maâzouz comme Rehhal Mekkaoui, président de la Commission des Finances à la Chambre des Conseillers, estiment qu’il s’agit d’une mesure insensée sachant que plusieurs personnes au-delà de l’âge fixé entrent dans le marché de l’emploi pour la première fois, et qui seront donc privées de cette exonération. En effet, M. Maâzouz préconise d’amender cette mesure en y ajoutant les personnes ayant opéré un redéploiement professionnel, c’est-à-dire les personnes qui sont passées d’un métier à un autre à cause de la crise. 

Revigorer les petites entreprises

Au moment où les entreprises et les PME peinent à résister à la crise actuelle, 20.000 déclarations de faillite sont attendues en 2020, a annoncé Abdelatif Maâzouz, chef des économistes istiqlaliens. Pour remédier à cette situation, ce dernier préconise de traiter chaque entreprise en difficulté comme un investisseur potentiel. Ceci passe par la baisse de la pression fiscale sur leur capitalisation. «  Il faut exempter l’augmentation de capital des frais d’enregistrement pour les entreprises en difficulté, ce que le gouvernement avait augmenté dans une mesure dénuée de sens », a-t-il précisé.

De son côté, Amine Nejjar, Conseiller du président de l’Union générale des entreprises et des professions (UGEP), a appelé le secteur bancaire à changer de comportement envers les entreprises et les PME en ce qui concerne le financement. « Il faut des mesures fiscales exceptionnelles pour les entreprises et les opérateurs des secteurs les plus impactés par la crise », a-t-il revendiqué.  

L’Etat retardataire 

Un problème majeur s’impose dans le nouveau projet de loi des Finances, celui des dettes de l’Etat vis-à- vis des entreprises et notamment celles de la TVA. Le PLF 2021 ne prévoit que 6 milliards dans le cadre des remboursements avec une durée qui dépasse les six mois alors que le délai réglementaire est de trois mois, selon Fouad El Kadiri, expert financier. Ceci risque d’augmenter les difficultés financières des entreprises et les pousser à licencier davantage. L’Etat contribue ainsi à la récession à cause de la bureaucratie administrative.

Enfin, à une année de la fin de son mandat, le gouvernement est loin de tenir ses engagements en matière de croissance avec moyenne de 2,7% entre 2016 et 2019. De même, l’Exécutif a laissé filer le déficit à des proportions extravagantes alors qu’il s’est engagé à le maîtriser à 3% du PIB. 
 
Anass MACHLOUKH

Repères

Le secteur de l’Artisanat marginalisé dans le PLF
Le Projet de loi des Finances a marginalisé quelques secteurs importants, Allal Amraoui, député istiqlalien à la Chambre des Représentants, a mis l’accent sur le peu d’attention accordée au secteur de l’Artisanat dans le cadre du nouveau budget du gouvernement, ajoutant qu’une grande proportion de la population des villes traditionnelles, comme Fès et Marrakech, sont des artisans et sont fortement impactés par la crise actuelle et surtout par les restrictions de déplacement qui ont réduit considérablement leurs commerces. 
L’investissement public à la loupe
Le gouvernement avait annoncé 230 milliards alloués à l’investissement public. Ce chiffre ne correspond pas totalement à la réalité, selon Lahcen Haddad, député istiqlalien à la Chambre des Représentants, qui estime que ce montant n’est pas destiné directement à l’investissement public, en soustrayant les montant alloués au régime de garantie des entreprises et les montants alloués au Fonds Mohammed VI d’investissement, il ne reste que 70 milliards qui soient réellement destinés à l’investissement de l’Etat. Il a également critiqué l’absence de primes de compensation pour le personnel de Santé malgré leurs sacrifices pendant la crise. 
Une mesure fiscale troublante
Dans le cadre des mesures fiscales prévues dans le PLF 2021, Fouad El Kadiri a relevé une mesure particulière. Il est question de celle relative à la restructuration des entreprises publiques, et qui concerne les opérations de fusion, d’acquisition ou de cession d’une part de capital ou de liquidation. Selon lui, il s’agit d’une mesure dangereuse sous prétexte de laquelle il pourrait y avoir des exemptions des droits de cession d’une part de capital à des grandes entreprises qui pourront se prévaloir de cette ambiguïté. 








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