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Oxford Business Group : La reprise économique post-Covid se précise au Maroc


Rédigé par A. CHANNAJE Mercredi 8 Décembre 2021

Le cabinet d’intelligence économique londonien, Oxford Business Group (OBG), vient de publier un nouveau rapport consacré à la reprise économique post-Covid au Maroc, intitulé « Morocco Economic Recovery Report ». Explications.



Réalisée en partenariat avec l’Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations (AMDIE), l’étude souligne, en premier lieu, que l’économie marocaine devrait connaître cette année une croissance de 5,7% grâce aux bonnes performances du secteur agricole.

Pour les trois prochaines années, OBG, citant les prévisions du FMI, table sur 3,1% en 2022 %, 3,6% en 2023 et 3,5% en 2024. D’après le cabinet d’intelligence économique londonien, si l’économie marocaine renoue avec la croissance, c’est grâce aussi aux mesures rapides mises en place en réponse à la crise du Covid-19.

Des mesures prises pour bel et bien préserver les emplois et atténuer les répercussions sociales de la pandémie. Parmi ces procédures, création du Fonds spécial pour la gestion Covid-19, doté de 33,7 milliards de dirhams – équivalent à 3,1% du PIB – qui a été financé par le gouvernement, des banques, des entreprises privées et des contributions individuelles et étrangères.

Attractivité du Maroc

D’autre part, OBG note que le Maroc bénéficie d’un environnement opérationnel attractif : coût de la main d’oeuvre relativement bas, situation géographique stratégique entre l’Europe et le reste de l’Afrique, et systèmes monétaires et politiques stables.

Parallèlement, d’importants investissements dans les infrastructures sous-jacentes, telles que les ports, les chemins de fer et les services publics d’électricité, lui ont conféré des avantages concurrentiels par rapport aux autres juridictions, soutenus par des mesures ciblées de promotion des investissements comme une réduction des frais d’enregistrement des entreprises, exonération fiscale, suivie d’un taux d’imposition de 15% pour les entreprises qui s’installent dans les zones d’accélération industrielle.

Malgré ces fondamentaux, OBG fait remarquer que les IDE au Maroc ont accusé une baisse de 20% en 2020 à cause de la pandémie de Covid-19. Après avoir dépassé 3,5 milliards de dollars en 2018, les entrées d’IDE au Maroc ont chuté de 55% à 1,6 milliard de dollars en 2019. Alors que les blocages et les perturbations des affaires ont eu lieu dans le monde en 2020, les entrées d’IDE ont enregistré une nouvelle baisse de 20% d’une année sur l’autre de janvier à novembre.

A l’inverse, les envois de fonds de la diaspora marocaine - qui constituent 6 à 6,5% du PIB annuel - ont augmenté pour atteindre 61,9 milliards de Dh à fin novembre 2020, contre 59,6 milliards de Dh au cours de la même période de 2019. À la fin de juillet 2021, les entrées nettes d’IDE étaient revenues à des niveaux proches d’avant la pandémie, totalisant 10,7 milliards de Dh contre 9,8 milliards de Dh en janvier-juillet 2020.

L’industrie pharmaceutique poursuit sa lancée

OBG fait observer, également, que l’industrie pharmaceutique, avec quelque 5 milliards de DH de valeur ajoutée, est la deuxième industrie chimique au Maroc après les phosphates, et se classe comme la deuxième industrie pharmaceutique du continent.

Évaluée à 16,5 milliards de Dh en 2019 par l’agence internationale de notation Fitch Rating, l’industrie - qui comprend 51 unités de production, 55.000 employés et quelque 11.000 pharmacies - devrait atteindre 33,8 milliards de Dh d’ici 2028, à un taux de croissance annuel composé de 7,7%. Pour rendre les médicaments fabriqués localement plus abordables et augmenter la production nationale, une nouvelle politique gouvernementale cible les génériques.

Afin de renforcer la confiance du public dans les médicaments sans marque, les décideurs politiques ont imposé, en mars 2019, aux sociétés pharmaceutiques de démontrer la bioéquivalence d’un médicament générique avec un médicament de marque correspondant, avant d’obtenir l’autorisation de vendre la version générique.

Bien que ces mesures visent largement le marché local, une confiance accrue et une production plus élevée pourraient également positionner le pays pour développer ses exportations de médicaments, qui ont déjà une large portée en Afrique francophone. Les vaccins sont un domaine d’intérêt stratégique particulier pour les décideurs politiques à la lumière de la pandémie.

Par exemple, le Maroc a signé un protocole de coopération avec le chinois Sinopharm. Début juillet 2021, les deux ont annoncé leur intention de produire environ 5 millions de doses du vaccin Covid-19 de la société par mois au Maroc, ouvrant la voie au transfert de technologie et de connaissances, et à une éventuelle collaboration future sur d’autres vaccins.

Citant les médias locaux, OBG note que le projet devrait impliquer 421 millions d’euros d’investissement. Les organismes sectoriels prennent également des mesures pour renforcer l’industrie. En septembre 2020, l’Association Marocaine de l’Industrie Pharmaceutique a créé la Fédération Marocaine de l’Industrie et de l’Innovation Pharmaceutiques (FMIIP) afin d’accroître la compétitivité du Royaume dans le domaine pharmaceutique.

Une feuille de route pour le textile

Ledit rapport révèle aussi que l’industrie textile marocaine a été particulièrement touchée par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement liées à la pandémie de Covid-19. Chiffres de l’AMITH à l’appui, « le textile a connu une baisse de 11% en glissement annuel de la demande internationale en novembre 2020, et en février 2021, l’organisme professionnel a signalé qu’environ 80% des opérateurs textiles n’ont cité aucun projet d’investissement dans les mois à venir ».

Le textile figurait également parmi les industries les plus touchées par des fermetures temporaires ou définitives en réponse à la crise sanitaire. Selon un rapport de juillet 2020 de la Banque Mondiale, 76% des entreprises du textile et du cuir ont signalé des fermetures temporaires ou définitives en raison de la pandémie, derrière uniquement l’hébergement et la restauration, à 89%.

Le secteur est confronté à d’autres défis, notamment une dépendance vis-à-vis des marchés traditionnels de l’UE, ainsi qu’une dépendance visà- vis des matières premières importées d’Inde et de Chine. Pour relever certains de ces défis, OBG indique que l’AMITH a élaboré une feuille de route pour le secteur basée sur quatre piliers clés : l’adaptation aux besoins des clients; innovation et créativité; durabilité; et des capacités de développement technique et de fabrication.

Pris ensemble, ces facteurs aideront l’industrie textile locale à s’aligner sur la carte d’approvisionnement mondiale dans un monde postpandémique, notamment en mettant en relation les fournisseurs locaux avec les producteurs qui s’efforcent de réduire leur dépendance vis-à-vis des pays asiatique. 


A. CHANNAJE


De belles perspectives pour l’industrie sucrière

Alors que les activités du segment agro-industriel se sont développées au fil des ans au Maroc, OBG indique, dans ce rapport, que des opportunités exceptionnelles sont apparues pour les cultures à fort potentiel d’exportation. Le sucre est un excellent exemple de cette tendance, le segment ayant bénéficié d’investissements ciblés et d’un soutien gouvernemental ces dernières années. En 2020, les exportations de sucre ont augmenté de 25% pour atteindre 647.000 tonnes, ce chiffre devant encore augmenter de 10% en 2021 pour atteindre 712.000. Les perspectives sont positives pour une nouvelle croissance des exportations agro-industrielles du Royaume dans les années à venir.