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Oxfam : En dépit de la pandémie, les milliardaires nord-africains sont plus riches


Vendredi 28 Août 2020

Même dans un contexte de crise sanitaire, la fortune des milliardaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord a augmenté de 10 milliards de dollars depuis mars, soit près du double du montant estimé pour la reconstruction de Beyrouth



Un impôt sur la fortune de 2% au Maroc, aurait permis de collecter des recettes fiscales qui auraient pu être investies dans l'amélioration des services sociaux
Un impôt sur la fortune de 2% au Maroc, aurait permis de collecter des recettes fiscales qui auraient pu être investies dans l'amélioration des services sociaux
Selon le rapport "Pour une décennie d'espoir et non d'austérité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord" de l’ONG Oxfam, publié aujourd’hui, les 21 milliardaires les plus riches au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ont vu leur richesse augmenter de près de 10 milliards de dollars depuis le début de la crise de COVID-19. 

Dans cette même période et dans la même région, 45 millions de personnes se sont ajoutées au nombre de personnes en situation de vulnérabilité (susceptible de basculer dans la pauvreté à tout moment), en raison de la pandémie.

La fortune amassé par les milliardaires de la région équivaut, selon ledit rapport, à plus du double des fonds d'urgence régionaux fournis par le Fonds Monétaire International (FMI) pour répondre à la pandémie, et à près de cinq fois les fonds du plan de réponse humanitaire à la Covid-19 de l’ONU pour la région.

 « La pandémie a mis en évidence les profondes inégalités et les défaillances massives des systèmes économiques de la région, qui ont laissé des millions de personnes sans emploi, dépourvues de soins de santé, sans filet de sécurité sociale et qui ont permis aux fortunes des milliardaires d'augmenter de plus de 63 millions de dollars par jour depuis le début de la pandémie », a déclaré Nabil Abdo, conseiller en matière d’analyse des politiques de développement d'Oxfam au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

« Si les gouvernements ne donnent pas immédiatement la priorité aux personnes plutôt qu'aux profits et si les riches ne paient pas leur juste part d’impôt, des millions de personnes supplémentaires seront poussées au bord de la pauvreté et seront privées de leurs droits fondamentaux» a-t-il ajouté.

Selon Oxfam, les gouvernements de la région doivent agir rapidement et affecter plus de ressources financières à la protection des personnes les plus vulnérables. Au Liban, si un impôt de solidarité sur la fortune avait été introduit l'année dernière à un taux de 5 %, 3,7 milliards de dollars de recettes auraient été générées pour aider à reconstruire les infrastructures électriques et les réseaux d'eau et prendre des mesures pour assurer la sécurité des personnes au lendemain de l'explosion.

Des inégalités criantes au Maroc et dans le reste de la région 

Avant que le virus ne frappe la région, les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord enregistraient des inégalités parmi les plus fortes au monde. 

D’ailleurs, publié le 29 avril 2019, le rapport de Oxfam intitulé « Un Maroc égalitaire, une taxation juste », avait dressé la situation des écarts de richesse au sein du royaume et plaidait pour une fiscalité plus juste et où on mettait en exergue la faiblesse du système éducatif au Maroc, et un déséquilibre flagrant dans le financement des régions, ainsi qu’un système fiscal défaillant, mettant l’accent sur les avantages fiscaux abusives dont profitent les entreprises multinationales dans le Royaume.

En outre, dans un autre rapport de 2018, Oxfam avait montré qu’il faudrait 154 ans à une personne salariée au SMIG pour gagner ce que reçoit en 12 mois l’un des milliardaires du Maroc. Le rapport de 2019 rappelait aussi qu’un•e Marocain•e sur huit est en situation de vulnérabilité. 

Ces inégalités se sont accentuées encore plus par la crise de la Covid-19. 76 % des revenus de la région vont aux 10 % les plus riches de la population et 37 milliardaires possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population adulte.

Si la Jordanie, le Liban, l'Égypte et le Maroc avaient mis en place un impôt sur la fortune de 2% à partir de 2010, ces pays auraient pu collecter 38 milliards de dollars de recettes fiscales, qui auraient pu être investies dans l'amélioration des soins de santé publique et dans le renforcement des systèmes de sécurité sociale.

A ce propos, Nabil Abdo a déclaré « L'austérité écrasante de ces dernières années aurait pu être évitée si les plus riches de la région avaient payé plus d'impôts, un coût qu'ils peuvent aisément se permettre. Cela aurait octroyé à ces pays une plus grande flexibilité dans leurs politiques de dépenses et, surtout, permettre à la région d'entrer dans la crise du coronavirus avec moins d'inégalités et de dettes ».

Dans le même temps, les mesures visant à protéger les personnes vivant en situation de pauvreté ont été insuffisantes. On estime que seuls 11 % des plans de relance dans la région se sont concentrés sur des mesures de protection sociale et de santé. Dans ce contexte, on estime que 89 % des 16 millions de travailleurs et travailleuses du secteur informel de la région ont été gravement touchés par les mesures de lutte contre la pandémie. Les investissements étrangers devraient également chuter de 45 % et 1,7 million de personnes devraient perdre leur emploi, dont 700 000 femmes, ce qui coûtera 42 milliards de dollars en salaires perdus.

Pour éviter que des millions d'autres personnes ne soient poussées au bord de la pauvreté, les gouvernements de la région doivent adopter d'urgence des politiques délibérément axées sur la lutte contre les inégalités, comme les soins de santé et l'éducation pour tous, et doivent augmenter le salaire minimum et taxer les richesses de manière équitable afin de construire des économies et des sociétés meilleures et plus égalitaires.
 








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