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Où en est la 5G ? : La question qui fâche les acteurs de la filière


Rédigé par Safaa KSAANI Lundi 12 Décembre 2022

Malgré le flou qui entoure le dossier du déploiement de la 5G au Royaume, les professionnels restent confiants et aspirent à ce que ce dossier ne soit plus mis au placard de l’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT).



Où en est la 5G ? : La question qui fâche les acteurs de la filière
Pour déranger les acteurs de la filière 5G, il suffit de leur demander : où en est la 5G au Maroc ? C’est ce que nous avons fait, sans intention de confondre ou de tromper, lors du premier congrès national et continental pour faire bouger l’écosystème de la 5G, « 5G Event Morocco ». C’est une question qui fâche visiblement. En nous rapprochant des acteurs dépendant de l’ANRT ou du microcosme des télécoms, que nous avons rencontré à cette occasion pour en savoir plus, les regards changent et ils deviennent plus distants.

Pour certains, « il ne faut pas compter sur l’ANRT pour avoir la réponse à cette question », tandis que d’autres ont longtemps tergiversé avant de décider de venir nous annoncer qu’ils ne peuvent pas s’exprimer sur le sujet, avançant qu’ils doivent échanger avec leur hiérarchie d’abord. N’auraient-ils pas reçu des instructions pour ne pas communiquer autour du sujet de la 5G ?

Ça se concocte en catimini ?

Le Royaume se fixe comme objectif de permettre le lancement de la 5G avant la fin de la Note d’orientations générales pour le développement du secteur des télécommunications, soit à l’horizon 2023. Officiellement, selon le même document, « une étude sera menée, 2020, pour proposer les conditions et modalités d’exploitation de réseaux 5G au Maroc et identifier et préparer les schémas de réaménagement du spectre des fréquences cible. L’étude devra également détailler les critères de qualité à respecter par les opérateurs et les obligations attachées au déploiement de la 5G (couverture, partage, roaming, business model,...) et identifier les besoins des verticales sectorielles ».

Actuellement, « l’ONCF, l’OCP, les sociétés de transport, MANAGEM, Marsa Maroc, les aéroports,… sont invités à faire des études pour mettre en place des cas d’usage (use cases). C’est-à-dire comment implémenter cette technologie de pointe dans des cas d’usage bien définis pour améliorer la qualité des performances des travaux. C’est un grand chantier. Derrière, il y a beaucoup d’investissement, et la technologie n’est pas évidente, il y a peu d’acteurs qui maîtrisent la technologie 5G », nous déclare Jlil Tibari, président du Congrès national « 5G Event Morocco » et fondateur de Beamtel, l’une des entreprises qui opèrent dans l’écosystème 5G.

Commentant les délais d’installation de la 5G, la réponse de Jlil Tibari était ferme et définitive : « C’est une question de temps, ça va arriver au Maroc. En tant qu’acteurs privés, nous avons notre propre agenda, et nous ne sommes pas en mesure de discuter de l’agenda du régulateur. C’est un établissement. Les deux agendas convergent. Aujourd’hui, je ne peux pas dire que le régulateur ou les opérateurs sont en retard ».

Les opérateurs télécom sur les gardes

Officieusement, dans les coulisses, on souffle qu’aujourd’hui, les opérateurs investissent pour apporter plus de capacité 4G, mais pendant ce temps, ils déploient des équipements prêts pour la 5G afin d’en simplifier la migration une fois les licences attribuées. Suite au silence des représentants des responsables des opérateurs télécoms, nous nous sommes rapprochés de Bassim Bennani, Chief Marketing Officer Afrique à Nokia, leader mondial de la 5G qui dispose de 216 réseaux 5G déployés dans le monde, pour en savoir plus.

De son côté, il nous a fait savoir que « la 5G ne sera lancée qu’une fois le régulateur décidera d’attribuer des licences. En attendant, nous travaillons avec les opérateurs pour préparer leurs réseaux pour les aider à avoir l’infrastructure nécessaire pour permettre un passage simple à la 5G, qui peut se faire du jour au lendemain ».

En l’état actuel des choses, et au vu des coûts d’investissement, il est difficile que chaque opérateur déploie seul son propre réseau. C’est la raison pour laquelle « il faut trouver le bon équilibre entre concurrence par les infrastructures et mutualisation au vu des investissements lourds. Chaque pays peut trouver et doit trouver cet équilibre. C’est l’enjeu du dialogue entre les acteurs de la filière. Ce dialogue est nécessaire et vital, sinon le pays perdra en compétitivité », estime Michel Combot, Directeur général de la Fédération française des télécoms, que nous avons rencontré lors du tout premier congrès national et continental sur l’écosystème 5G, tenu les 7 et 8 décembre à l’hôtel Dawliz de Salé.

Malgré les doutes et incertitudes, il est sûr que cette technologie va apporter de la valeur ajoutée au développement et à la digitalisation du pays. Les fonctionnalités de la 5G s’avèrent utiles dans de nombreux domaines, notamment de la santé, des mines, de l’automobile et des énergies renouvelables, comme démontré lors du congrès « 5G Event Morocco ».

A cette occasion, la 5G a été débattue à travers cinq chapitres, à savoir : « La 5G & 5GC : Solutions et Business Models »; « La 5G au service de l’industrie 4.0, de l’industrie automobile et de la santé »; « Cloud et Souveraineté Cloud » ; « 5G-Aspects de confidentialité et de sécurité »; « Technologie V2X et IoT ».



Safaa KSAANI

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Europe


La 5G et la 4G resteront des technologies complémentaires
 
La France et l’Europe ont lancé la 5G il y a 3 ans déjà, bien après l’Asie et les Etats- Unis. La 5G va être déployée progressivement en Europe. « Il ne s’agit pas de remplacer l’intégralité du réseau 4G par la 5G mais d’utiliser cette technologie pour de nouveaux usages – dans l’industrie, l’automobile ou la santé – ou pour éviter la saturation de la 4G. Le déploiement de la 5G est un vrai enjeu pour l’économie, l’industrie et les usagers », nous explique le Directeur général de la Fédération française des télécoms, Michel Combot. Actuellement, on parle de la fin du mode « Avion ».

En effet, la Commission Européenne a décidé de se pencher sur le sujet. « A l’avenir, les passagers pourront profiter d’un réseau 5G afin d’utiliser leur smartphone au maximum de ses capacités et de ses fonctionnalités durant leur vol, signant ainsi la mort du mode Avion », annonce la Commission dans un communiqué.

 

En attendant la 5G

Où en est la 5G ? : La question qui fâche les acteurs de la filière

Les opérateurs poursuivent leurs projets d’extension de la 4G
 
Les opérateurs des télécoms continuent à couvrir la population en réseaux 2G, 3G et 4G. Partiellement ou intégralement, ces opérateurs ont recours à des sociétés d’installation de l’infrastructure télécom et mise en oeuvre des réseaux mobiles, depuis l’étude de la demande jusqu’à la mise en service des stations de base des réseaux. Une opération qui prend entre un et trois mois, en moyenne.

Brahim Iddanou, Directeur général de la société Brazer Ingénierie opérant dans ce secteur depuis 2004, nous explique comment procède-ton, entièrement. « Quand un opérateur télécom souhaite couvrir une zone ou un axe routier, il nous donne les coordonnées GPS du site. On commence par chercher le foncier. Nous préparons le contrat de bail, et parfois le signons, une fois l’emplacement validé. On passe ensuite à la partie d’ingénierie qui concerne tout ce qui est plan, avant-projet détaillé (APD) et avant-projet sommaire (APS). Une fois que ces plans sont validés par nos clients, nous passons à la partie opérationnelle, à savoir l’excavation du terrain, l’implantation du ferraillage, le montage de la charpente métallique… », nous détaille-t-il.

Selon notre interlocuteur, pour que le site soit opérationnel, les sociétés passent ensuite à l’étape de l’électrification via un câblage aérien, sous-terrain…, avant de passer à l’installation radio et de matériel de transmission.

Par rapport à la 5G, les sociétés opérant dans ce secteur n’ont reçu aucune demande de la part des opérateurs, qui sont à l’affût des licences de l’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT), qui est chargée de délivrer les autorisations pour l’exploitation de réseaux de radiocommunication. Cependant, « ça n’empêche que nous devons être prêts dès maintenant pour un éventuel lancement de l’installation du réseau 5G », note-t-il.

 

3 questions à Michel Combot


« Il faut trouver le bon équilibre entre concurrence par les infrastructures et la mutualisation »
 
Le Directeur général de la Fédération française des télécoms nous explique que l’amélioration de la couverture du territoire avec la 5G est la responsabilité de l’ensemble des acteurs de la filière.


- Pour généraliser la 5G, la 4G doit couvrir tout le territoire du Maroc, au moment où des zones ne sont pas encore couvertes de la 2G. Qu’en est-il de la faisabilité ?


- La 5G va servir des usages différents – l’industrie 4.0, l’automobile connectée,… - de la 2G, de la 3G ou de la 4G. Elle ne sera pas forcément déployée partout mais auprès des usagers qui en auront besoin et sera complémentaire. Il faut donc aussi arriver à déployer les autres technologies sur l’ensemble du territoire et on le sait les dernières zones sont les plus difficiles à couvrir.


- Est-ce une question de moyens techniques, humains et de concurrence ?

- L’enjeu, pour améliorer la couverture du territoire en technologies sans-fil est de rassembler l’ensemble des acteurs : opérateurs, élus,… Ce n’est pas qu’une question de concurrence, qui peut agir sur les prix, mais surtout d’ambition collective : les opérateurs investissent et l’Etat peut aider en baissant le prix des fréquences, en facilitant le déploiement des pylônes. C’est ce que nous avons fait en France.


- En l’état actuel des choses, et au vu des lourds coûts d’investissement, il est difficile que chaque opérateur déploie seul son propre réseau. Quelles alternatives se présentent ?

- Bien entendu, il faut trouver le bon équilibre entre concurrence par les infrastructures et la mutualisation au vu des investissements lourds. Chaque pays peut trouver et doit trouver cet équilibre. C’est l’enjeu du dialogue entre les acteurs de la filière. Ce dialogue est nécessaire et vital, sinon le pays perdra en compétitivité.


Recueillis par S. K.

 








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