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Actu Maroc

Numérique : Le Maroc massivement connecté, mais encore inégal face aux usages


Rédigé par L'Opinion Lundi 3 Novembre 2025

L’enquête nationale de l’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT) sur l’accès et l’usage des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) dresse le portrait d’un Maroc désormais massivement connecté, mais encore marqué par des inégalités d’accès et d’usage entre milieux, âges et compétences.



L’accès à Internet au niveau des ménages a fortement progressé entre 2019 et 2024 : le taux national atteint 89,2 % en 2024 contre 80,8 % en 2019, avec des gains particulièrement marqués en milieu rural (+12 points). La progression de l’accès mobile explique l’essentiel de cette dynamique : l’accès mobile atteint 93,6 % en milieu urbain et 78,4 % en milieu rural. Cependant, la connexion fixe à domicile reste beaucoup plus présente en zone urbaine qu’en zone rurale, et des écarts territoriaux persistent.

Le téléphone mobile est presque universel en milieu urbain et tend vers la saturation nationale, tandis que l’équipement en smartphone progresse rapidement : le parc smartphone est estimé à 30,7 millions d’individus sur un parc mobile de 32,5 millions. L’équipement en ordinateur et/ou tablette augmente aussi (passant de 60,4 % en 2019 à 74 % en 2024 au niveau des ménages), signe d’une appropriation croissante d’outils diversifiés.

Le nombre d’internautes est estimé à 31,5 millions en 2024 ; l’usage d’Internet s’est accéléré (+22,5 % entre 2019 et 2024) et l’utilisation quotidienne atteint désormais 93 % des internautes, contre 79 % en 2019. Le smartphone s’impose comme support principal pour se connecter (utilisé par 94,2 % des internautes). Ces chiffres témoignent d’une transition nette vers un usage mobile intensif et quotidien.
 
Les jeunes en tête, les seniors et le rural à la traîne
 
L’enquête confirme un clivage générationnel : la quasi-totalité des 15–24 ans sont internautes et pratiquent intensément les réseaux sociaux, alors que les taux chutent fortement chez les 45 ans et plus. Le rural rattrape du terrain mais reste en deçà de l’urbain sur plusieurs indicateurs d’usage et de maîtrise des outils. Par ailleurs, si l’équipement progresse chez les femmes, des écarts de pratiques subsistent selon le genre pour certains usages avancés.

Les réseaux sociaux touchent désormais la quasi-totalité des internautes (utilisation affichée autour de 97–99 % selon les groupes d’âge et de milieu). Le temps moyen passé s’allonge (13 % passent plus de 4 heures en 2024 contre 7 % en 2019). Les enfants utilisent davantage Internet à des fins éducatives, ludiques et sociales : la proportion d’enfants internautes dans les foyers est passée de 50,1 % à 67 % entre 2019 et 2024, suscitant des inquiétudes parentales croissantes sur l’impact sur la santé et le temps d’écran.
 
E-commerce et paiements numériques : Adoption rapide
 
L’achat en ligne progresse fortement : la pratique a augmenté de +65 % entre 2019 et 2024, avec une fréquence d’achat plus soutenue (une hausse de +48 % des individus effectuant 2 à 5 achats). Les catégories en croissance incluent l’habillement, les cosmétiques et l’alimentation ; la livraison directe chez l’acheteur domine largement (passant de 76,7 % en 2019 à 89,8 % en 2024). Les solutions de paiement mobile gagnent en usage, confirmant une montée de la confiance envers les instruments financiers numériques.

Les internautes indiquent une sensibilisation croissante aux types de menaces (phishing, virus, usurpation d’identité) ; néanmoins, un internaute sur trois déclare avoir été victime d’un virus informatique, et parmi ces victimes, 52,9 % estiment l’impact comme faible. Globalement, l’inquiétude vis-à-vis des menaces à la vie privée et à la sécurité reste modérée : une majorité relative ne se dit pas « très inquiète ». Ces résultats montrent une prise de conscience réelle, mais aussi une perception d’un risque parfois sous-estimée face à la récurrence des incidents.
 
Intelligence Artificielle : Connaissance en hausse, usages encore circonscrits
 
Près de 4 personnes sur 10 déclarent connaître l’Intelligence Artificielle (IA) ; parmi celles-ci, une large majorité juge son impact globalement bénéfique (98 % des répondants qui connaissent l’IA la considèrent utile, avec des nuances). L’usage d’applications d’IA progresse (près de 4 urbains sur 10 ont utilisé une application d’IA en 2024) et la vérification des résultats — par exemple pour ChatGPT — est devenue une pratique commune pour une part significative d’utilisateurs.

L’ANRT met en lumière un paradoxe : la diffusion matérielle des TIC est aujourd’hui très avancée, mais la maîtrise effective et l’exploitation productive du numérique (démarches administratives en ligne, usages professionnels, compétences bureautiques) restent incomplètes. Le rapport identifie clairement la nécessité de renforcer la formation numérique, de cibler l’inclusion des publics vulnérables (seniors, ruralité, certaines femmes) et d’accentuer les mesures de cybersécurité et de protection des données pour consolider la confiance.