La Banque Mondiale (BM) vient de publier un nouveau rapport sur l’économie marocaine. Dans ce document de 50 pages, trois volets sont traités à savoir «évolution économiques récentes, perspectives et risques, et inégalité de l’inflation au Maroc». Dans notre édition d’hier, nous avons abordé (en page 5) le volet concernant la croissance et les prévisions de la BM pour le Royaume. Dans le présent article, nous traiterons d’autres éléments étudiés par ledit rapport intitulé : «Le Maroc face aux chocs d'offres», dans le cadre du suivi de la situation économique au Maroc Hiver 2022-2023.
Il a été présenté, lors d’une table mardi à Rabat, par Javier Diaz Cassou, Economiste senior principal à la Banque Mondiale au Maroc devant Jesko Hentschel, Directeur Pays de la BM pour le Maghreb et Malte. Abordant la réforme de la protection sociale, le rapporte note une satisfaction qualifiée même de salutaire.
La BM estime, à cet égard, que cela se traduira par le ciblage des aides publiques aux ménages modestes et vulnérables. Pour les experts de l’institution de Breton Woods, les mesures récentes, visant à contrer les chocs d’offres et à préserver le pouvoir d’achat des ménages marocains, ont atténué l’impact dans une large mesure, et empêché que davantage de personnes ne tombent dans la pauvreté.
En effet, peut-on lire dans le rapport, le déploiement prévu du système d’allocations familiales permettra au Maroc de cibler efficacement la population vulnérable de manière rentable et équitable afin de faire face aux hausses de prix d’une telle ampleur. Cependant, et à l’avenir, souligne le document, des instruments de protection sociale mieux ciblés (tels que des transferts en espèces) constitueraient un outil efficient pour atténuer les effets de ces chocs d’offres.
Dans cette optique, une part disproportionnée des ressources publiques nécessaires pour soutenir les subventions des prix non ciblés du Maroc, font remarquer les rédacteurs, profite aux ménages les plus riches, qui, en termes absolus, consomment davantage de biens subventionnés. Du point de vue de l’équité, cela justifie pleinement le remplacement des subventions actuelles par des allocations familiales, dans le cadre de la réforme en cours de la santé et de la protection sociale. Dans cette perspective, le rapport montre qu’un tel système ciblé permettra au gouvernement de protéger les ménages les plus pauvres de manière plus efficace et efficiente contre les effets de la détérioration de l’environnement économique. Il permettra également d’éviter une autre conséquence potentielle de la gestion des chocs d’offres par des subventions de prix : l’atténuation du signal de prix, qui peut ralentir l’ajustement des consommateurs au choc, nuire à l’efficacité de l’allocation des ressources et éventuellement accroître la pression sur la balance des paiements.
D’ailleurs, le fait que le système actuel de subventions profite aux ménages aisés de manière importante a amené le gouvernement à améliorer l’adéquation, le ciblage et l’adaptabilité du système de protection sociale afin d’atténuer l’impact des chocs économiques. Ainsi, conscient des limites du système de subventions actuel, le gouvernement travaille à l’universalisation du programme d’allocations familiales dans le cadre d’une réforme plus large du système de santé et de protection sociale.
Ce transfert monétaire sera ciblé vers les plus vulnérables et pourrait fournir l’opportunité de remplacer progressivement le système de subventions coûteux et régressif actuellement en place. En outre, l’établissement d’un registre social peut permettre la mise en place d’un système de soutien adaptatif, les programmes pouvant être renforcés ou réduits en fonction des besoins.
De tels mécanismes ciblés seraient plus efficaces pour protéger les pauvres contre divers types de chocs, y compris la poussée des prix. Ils auraient l’avantage supplémentaire de ne pas fausser le signal prix, contribuant à améliorer l’efficacité de l’allocation des ressources et faciliter l’ajustement aux chocs.
Sur un autre plan, d’après les prévisions de la BM, le Maroc continuera de faire face à un environnement international défavorable en 2023.
En effet, l’économie mondiale devrait fortement décélérer, en particulier dans la zone euro (principal partenaire commercial du Maroc), où la croissance devrait passer de 3,3% en 2022 à 0% en 2023 (World Bank’s Global Economic Prospects, janvier 2023). Cela réduira la demande européenne pour les biens et services marocains, ce qui aura un impact négatif sur la croissance économique. Cependant, l’analyse économétrique suggère que ces impacts devraient se dissiper relativement rapidement, affectant l’économie marocaine principalement au cours des premiers mois de l’année, coïncidant avec la récession de courte durée attendue en Europe.
En raison de la guerre prolongée en Ukraine, les prix internationaux des matières premières resteront élevés en 2023, bien qu’une baisse substantielle soit attendue pour les produits énergétiques et non énergétiques (-11,2% et -8%), selon les perspectives économiques mondiales de la Banque. Enfin, le document de la BM indique que le Maroc a atteint une étape critique dans la mise en œuvre des réformes clés, ce qui entrainera des dépenses publiques élevées en 2023. Toutefois, relève-t-il, les mesures de mobilisation des recettes adoptées dans la Loi de Finances devraient contribuer à maîtriser le déficit budgétaire.
Dans ce cadre, la Loi de Finances 2023 prévoit d’ailleurs une augmentation substantielle des dépenses en termes nominaux par rapport au budget initialement approuvé pour 2022 (+12,5%), mais plus modérée par rapport au budget rectificatif 2022 (+1,7%). Cela traduit l’engagement du gouvernement avec la mise en œuvre de la réforme de la santé et de la protection sociale (notamment le déploiement des allocations familiales universelles fin 2023), mais aussi avec la réforme de l’éducation qui commence à se déployer. Une autre priorité sera de déployer de nouveaux investissements dans les infrastructures hydrauliques.
Il a été présenté, lors d’une table mardi à Rabat, par Javier Diaz Cassou, Economiste senior principal à la Banque Mondiale au Maroc devant Jesko Hentschel, Directeur Pays de la BM pour le Maghreb et Malte. Abordant la réforme de la protection sociale, le rapporte note une satisfaction qualifiée même de salutaire.
La BM estime, à cet égard, que cela se traduira par le ciblage des aides publiques aux ménages modestes et vulnérables. Pour les experts de l’institution de Breton Woods, les mesures récentes, visant à contrer les chocs d’offres et à préserver le pouvoir d’achat des ménages marocains, ont atténué l’impact dans une large mesure, et empêché que davantage de personnes ne tombent dans la pauvreté.
En effet, peut-on lire dans le rapport, le déploiement prévu du système d’allocations familiales permettra au Maroc de cibler efficacement la population vulnérable de manière rentable et équitable afin de faire face aux hausses de prix d’une telle ampleur. Cependant, et à l’avenir, souligne le document, des instruments de protection sociale mieux ciblés (tels que des transferts en espèces) constitueraient un outil efficient pour atténuer les effets de ces chocs d’offres.
Protection des ménages
Dans cette optique, une part disproportionnée des ressources publiques nécessaires pour soutenir les subventions des prix non ciblés du Maroc, font remarquer les rédacteurs, profite aux ménages les plus riches, qui, en termes absolus, consomment davantage de biens subventionnés. Du point de vue de l’équité, cela justifie pleinement le remplacement des subventions actuelles par des allocations familiales, dans le cadre de la réforme en cours de la santé et de la protection sociale. Dans cette perspective, le rapport montre qu’un tel système ciblé permettra au gouvernement de protéger les ménages les plus pauvres de manière plus efficace et efficiente contre les effets de la détérioration de l’environnement économique. Il permettra également d’éviter une autre conséquence potentielle de la gestion des chocs d’offres par des subventions de prix : l’atténuation du signal de prix, qui peut ralentir l’ajustement des consommateurs au choc, nuire à l’efficacité de l’allocation des ressources et éventuellement accroître la pression sur la balance des paiements.
D’ailleurs, le fait que le système actuel de subventions profite aux ménages aisés de manière importante a amené le gouvernement à améliorer l’adéquation, le ciblage et l’adaptabilité du système de protection sociale afin d’atténuer l’impact des chocs économiques. Ainsi, conscient des limites du système de subventions actuel, le gouvernement travaille à l’universalisation du programme d’allocations familiales dans le cadre d’une réforme plus large du système de santé et de protection sociale.
Ce transfert monétaire sera ciblé vers les plus vulnérables et pourrait fournir l’opportunité de remplacer progressivement le système de subventions coûteux et régressif actuellement en place. En outre, l’établissement d’un registre social peut permettre la mise en place d’un système de soutien adaptatif, les programmes pouvant être renforcés ou réduits en fonction des besoins.
De tels mécanismes ciblés seraient plus efficaces pour protéger les pauvres contre divers types de chocs, y compris la poussée des prix. Ils auraient l’avantage supplémentaire de ne pas fausser le signal prix, contribuant à améliorer l’efficacité de l’allocation des ressources et faciliter l’ajustement aux chocs.
Mise en œuvre des réformes clés
Sur un autre plan, d’après les prévisions de la BM, le Maroc continuera de faire face à un environnement international défavorable en 2023.
En effet, l’économie mondiale devrait fortement décélérer, en particulier dans la zone euro (principal partenaire commercial du Maroc), où la croissance devrait passer de 3,3% en 2022 à 0% en 2023 (World Bank’s Global Economic Prospects, janvier 2023). Cela réduira la demande européenne pour les biens et services marocains, ce qui aura un impact négatif sur la croissance économique. Cependant, l’analyse économétrique suggère que ces impacts devraient se dissiper relativement rapidement, affectant l’économie marocaine principalement au cours des premiers mois de l’année, coïncidant avec la récession de courte durée attendue en Europe.
En raison de la guerre prolongée en Ukraine, les prix internationaux des matières premières resteront élevés en 2023, bien qu’une baisse substantielle soit attendue pour les produits énergétiques et non énergétiques (-11,2% et -8%), selon les perspectives économiques mondiales de la Banque. Enfin, le document de la BM indique que le Maroc a atteint une étape critique dans la mise en œuvre des réformes clés, ce qui entrainera des dépenses publiques élevées en 2023. Toutefois, relève-t-il, les mesures de mobilisation des recettes adoptées dans la Loi de Finances devraient contribuer à maîtriser le déficit budgétaire.
Dans ce cadre, la Loi de Finances 2023 prévoit d’ailleurs une augmentation substantielle des dépenses en termes nominaux par rapport au budget initialement approuvé pour 2022 (+12,5%), mais plus modérée par rapport au budget rectificatif 2022 (+1,7%). Cela traduit l’engagement du gouvernement avec la mise en œuvre de la réforme de la santé et de la protection sociale (notamment le déploiement des allocations familiales universelles fin 2023), mais aussi avec la réforme de l’éducation qui commence à se déployer. Une autre priorité sera de déployer de nouveaux investissements dans les infrastructures hydrauliques.
Lire le rapport dans son intégralité sur le site :(https://documents1.worldbank.org/curated/en/099337102132324304/pdf/IDU0b65b92ce0ee6e04aac0af020c702ce303424.pdf)
Bon à savoir
Selon le rapport de la BM, les recettes totales devraient suivre le même chemin, car le gouvernement met en œuvre la réforme fiscale en cours et continue de s’appuyer sur la monétisation des actifs publics. Le gouvernement prévoit une augmentation substantielle des recettes totales entre les années d’avant la crise (2017-2019) et la «nouvelle normalité» (2023-2025) : en moyenne, de 19,7% du PIB à 21,2% du PIB. Cela reflète les différentes mesures qui sont mises en place pour accroître la capacité de mobilisation des recettes de l’État, qui est essentielle pour absorber l’impact des dépenses supplémentaires que les réformes en cours nécessiteront. Cependant, il est intéressant de noter que lorsque les éléments non fiscaux (principalement la monétisation des actifs publics ou des financements innovants selon les termes du MEF) sont exclus du calcul, la taille des recettes en termes de PIB diminue entre les deux périodes (de 17,4% du PIB à 17,1% du PIB), offrant une vision plus nuancée de l’impact potentiel de la réforme fiscale en cours sur la génération de recettes. Dans l’ensemble, le gouvernement a l’intention de revenir aux niveaux de déficit budgétaire d’avant la crise de la Covid-19 d’ici 2025.