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NMD : Plaidoyer pour la montée en force d’un tiers-secteur mal exploité


Rédigé par Anass MACHLOUKH Lundi 3 Janvier 2022

Adoubé par le Nouveau Modèle de Développement (NMD), le tiers-secteur est en mesure de promouvoir le développement du pays à travers une meilleure coopération entre l’Etat, le secteur privé et la société civile. Une nouvelle étude du PCNS démontre les vertus du soutien à l’innovation et au développement territorial.



NMD : Plaidoyer pour la montée en force d’un tiers-secteur mal exploité
Peu connu du grand public qui n’entend parler que des secteurs public et privé, le tiers-secteur est une source de création de richesse à laquelle on accorde peu d’attention. Constitué de l’ensemble des organisations qui ne relèvent ni du secteur privé lucratif, ni du secteur public, ce vaste espace est susceptible de contribuer au développement du pays s’il est exploité efficacement.

En gros, c’est tout ce qui se trouve au-delà du monde de l’entreprise mais qui crée de la valeur ajoutée. Il s’agit du monde associatif, des coopératives, des ONG, des acteurs du volontariat. Bref, tous les acteurs qui contribuent à l’économie à travers des actions d’utilité publique à des fins non lucratives. Le tiers-secteur est d’autant plus important que le rapport du Nouveau Modèle de Développement en parle et y consacre toute une page. La commission de Chakib Benmoussa y voit un complément de l’Etat et du marché. “Le tiers-secteur s’est organisé en réponse à des besoins que ni l’Etat ni le marché ne parviennent à satisfaire avec efficacité”, explique le rapport du NMD.

Dans une nouvelle publication, le Policy Center For The News South (PCNS) a décelé les vertus du tiers-secteur, qu’il considère comme “un possible levier de croissance, de cohésion, de sécurité, de bien-être, de développement durable et inclusif”. Le Think-tank plaide ainsi pour un tiers-secteur plus fort au Maroc, qui soit au service de la recherche-innovation, d’une part, et du développement territorial, d’autre part, via des dispositifs dédiés et qui fédèrent divers acteurs.

En effet, le tiers-secteur puise son origine dans les valeurs ancestrales de solidarité au Maroc, à savoir la mutualisation, le partage et la solidarité. Ces valeurs ont été traduites par des pratiques d’entraide qui ont caractérisé la société marocaine à travers les siècles. Le document du Policy Center en cite les habous publics, les khattara, l’ouziaa et la touiza, qui furent voués au partage des richesses de façon collective à des buts de solidarité et d’intérêt général.

Les habous en sont les plus connus, sachant que les Marocains avaient tendance à céder leurs biens à une fin d’intérêt général (une maison affectée à l’accueil des sans-abri par exemple ou un puits à eau accordé à la collectivité). 

Les associations paralysées par les défauts de gouvernance

Cette vocation humanitaire, assumée autrefois par les individus et par les tribus, incombe désormais aux associations, aux fondations et aux coopératives qui ont pris la relève à l’ère de la modernité. Le Maroc compte plus de 130.000 associations, selon les chiffres du Haut- Commissariat au Plan (HCP), 40.531 coopératives avec 646.901 adhérents et 62 mutuelles au Maroc. 4 millions en bénéficient avec un montant total de cotisations de 5 milliards de dirhams. Bien qu’il joue un rôle social important, le tissu associatif et coopératif demeure paralysé par quelques «handicaps’’, selon l’étude du PCNS.

Faute de structure de gestion efficace et de compétences techniques et communicationnelles, d’équipements et de locaux ou encore de ressources humaines et financières, les acteurs de la société civile ne peuvent pas jouer pleinement leur rôle. Ceci complique leur coopération avec l’Etat et les collectivités territoriales qui manquent d’informations sur les associations actives et leurs activités.

“Cette situation appelle à ce que de nouvelles approches impliquant l’Etat, le secteur privé et la société civile soient adoptées, pour donner un nouveau souffle et un nouvel élan à une collaboration et à un partenariat rénovés”, précise le document qui recommande à l’Etat et au secteur privé de renforcer leur partenariat avec le tiers-secteur dans deux domaines fondamentaux : La recherche et l’innovation, et le développement territorial.

Recherche et innovation : vers une collectivisation des efforts

Concernant la recherche scientifique et l’innovation qui demeurent des domaines où le Maroc enregistre des défaillances, le Think Tank recommande une meilleure coopération, impliquant régions, universités, entreprises publiques et autres acteurs de la société civile dans le cadre de fondations de recherche.

L’objectif est d’améliorer la gouvernance et surtout d’assurer un meilleur financement de la recherche, sachant que le secteur privé ne contribue qu’à hauteur de 22% à la recherche au niveau national, le reste est assumé par l’Etat (73%) et par la coopération internationale (5%). Une implication plus forte de la société civile aux côtés de l’Etat et du secteur privé permettrait de soutenir la recherche au Maroc sachant que le Royaume n’y consacre que 0,8 % de son PIB, loin derrière des pays comme la Corée du Sud qui mobilise plus de 4,5% de sa richesse nationale à la recherche et l’innovation.

Le Maroc demeure en-deçà de la moyenne des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui se situe à 2,27%, explique le rapport signé M’hammed Dryef.

Comment l’Etat, le secteur privé et la société civile peuvent-ils joindre leurs efforts pour booster la recherche ? Le document propose un modèle de gouvernance centré autour des fondations de recherche qui agissent de concert avec les universités, les collectivités territoriales, les Etablissements et entreprises publiques (EEP) et les entreprises privées pour mettre en place des projets de recherche communs. Ceci permettra aux fondations d’assurer un financement conséquent de la part des organismes précités qui, à leur tour, peuvent jouer un rôle de pilotage et de suivi.

Pour une gouvernance efficace de ces fondations, il est proposé que leurs Conseils d’administration soient constitués des représentants des Régions, des universités, du secteur privé, des établissements publics concernés et des associations qui veulent s’impliquer.

Développement territorial : pour une meilleure gouvernance

Par ailleurs, l’étude du centre de recherche propose de mobiliser le tiers-secteur au service du développement territorial, et particulièrement dans le monde rural qui, à de nombreux égards, apparaît prioritaire. Malgré de multiples programmes de développement lancés par l’Etat pour le développement du monde rural, il est encore difficile d’assurer aux habitants un large accès aux services publics. D’où l’utilité du tiers-secteur qui peut intervenir dans plusieurs domaines, à savoir l’agriculture, l’emploi, la santé, le transport, l’eau, le logement et le sport.

De toute évidence, la coopération entre l’Etat et les acteurs de la société civile est vivement recommandée, surtout en ce qui concerne la conception des projets adaptés aux besoins spécifiques des habitants.

Dans ce sens, il est recommandé de créer des Sociétés de développement local (SDL), composées par l’Etat, des collectivités territoriales et des associations à l’échelle des “cercles”, c’est-à-dire des territoires situés à l’intérieur des provinces et qui regroupent communes et douars. Les SDL auront pour vocation de planifier, de façon rationnelle, des projets de développement en fonction des priorités de chaque région.



Anass MACHLOUKH








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