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Mohammedia : La route côtière sous haute tension


Rédigé par Houda BELABD le Lundi 21 Juillet 2025

La «route des Sablettes» reste l’un des axes les plus sensibles de la ville. La sécurité des usagers y demeure un enjeu majeur, en raison des vitesses excessives et des traversées piétonnes peu sécurisées, entre autre...



Photo: tous droits réservés.
Photo: tous droits réservés.
La route côtière reliant la ville au complexe balnéaire de Sablettes offre des paysages magnifiques… mais elle est aussi l’un des axes les plus accidentogènes de la région. Entre absence de ralentisseurs, excès de vitesse fréquents, carrefours mal aménagés et rares passages piétons sécurisés, cette voie rapide est devenue, pour les usagers comme pour les riverains, un danger permanent.

Sur cette route qui traverse plusieurs quartiers populaires comme Nahda, Mimosa ou Al Alia, les conducteurs dépassent régulièrement les 80 km/h, bien au-delà de la limite autorisée et les conséquences se font sentir. Selon les données du service provincial de la circulation, Mohammedia a enregistré 327 accidents corporels en 2023, dont 27 sur la seule route côtière, avec 9 décès et 68 blessés, un chiffre en hausse par rapport à 2022. À l’échelle nationale, le Maroc comptabilise plus de 3 500 morts par an sur les routes, ce qui en fait l’un des pays les plus touchés du pourtour méditerranéen.

Ahlam, habitante du quartier Nahda, en a fait l’amère expérience. « Mon fils a été renversé il y a quelques années devant l’école primaire. Il traversait au niveau du virage, là où il n’y a ni feu ni passage piéton. Il a eu une jambe fracturée. On a alerté les autorités, signé des pétitions, mais rien ne bouge vraiment». Depuis, elle ne laisse plus ses enfants aller seuls à l’école. Son témoignage résonne comme un appel à une prise en charge urgente et durable du problème.

Même constat pour Yassine, chauffeur de taxi depuis quinze ans. Pour lui, les carrefours de la ville sont devenus des pièges à ciel ouvert. « Le rond-point de l’ancienne entrée de la ville, côté Zaidia, c’est l’un des pires. Aucun feu, les gens s’insèrent sans visibilité, et le soir, c’est l’anarchie. Ajoutez à cela les jeunes à scooter sans casque ni permis… On joue notre vie chaque jour».

Face à cette réalité, la commune de Mohammedia affirme avoir engagé plusieurs mesures. En 2023, dans le cadre de son Plan Communal de Circulation et de Sécurité Routière, elle a lancé un audit des points noirs identifiés par les forces de police, les associations de quartier et les services techniques. Le recensement a relevé 14 zones à risque élevé, dont le carrefour de la gare routière, la sortie nord vers Zenata, et plusieurs artères proches des établissements scolaires.

« Nous avons commencé à équiper ces points avec des radars fixes, des feux tricolores intelligents et des ralentisseurs conformes aux normes internationales. Un budget de 11 millions de dirhams a été mobilisé pour la première phase, en partenariat avec la direction régionale de l’Équipement », indique une responsable au sein du service de la voirie et de la mobilité urbaine. Elle précise que la commune travaille également sur un plan de sécurisation des abords des écoles, avec trottoirs élargis, marquage au sol et signalétique renforcée.

L’initiative locale rejoint la dynamique nationale. En effet, le Comité National de Prévention des Accidents de la Circulation (CNPAC) a lancé une nouvelle stratégie 2023–2026 pour faire baisser de 50 % le nombre de morts sur les routes à l’horizon 2030. Parmi les mesures : généralisation des radars de contrôle automatique, révision des permis de conduire, renforcement de l’éducation routière dans les écoles, et investissements dans l’infrastructure sécurisée. Mohammedia a été désignée ville-pilote dans la région Casablanca-Settat pour expérimenter ces actions en coordination avec les collectivités territoriales.

En parallèle, le Conseil communal multiplie les campagnes de sensibilisation dans les lycées et organisent des simulations d’accidents pour alerter sur les risques liés à l’excès de vitesse et à l’imprudence piétonne. Selon leurs relevés, moins de 30% des passages piétons dans les zones périurbaines sont visibles la nuit, en raison du manque d’entretien ou de l’éclairage insuffisant.
 
Houda BELABD

Des efforts tous azimuts

Malgré les efforts engagés, la population reste en attente de résultats concrets. Car si la sécurité routière est aujourd’hui prise au sérieux par les institutions, le ressenti quotidien des habitants ne reflète pas encore une amélioration nette. À Mohammedia, la lutte contre les accidents ne pourra se gagner que si les infrastructures, la prévention et la sanction avancent de front. Autrement dit, réduire les points noirs ne passe pas seulement par des plans et des promesses, mais par une vraie volonté d’éclairer, de réorganiser, et surtout… de ralentir.







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