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Mohamed Briouig : « La reconstitution de la flotte marchande nationale est nécessaire pour la sécurité économique du pays »

Entretien avec le Dr Mohamed Briouig, Directeur de l’Institut Supérieur des Etudes Maritimes


Rédigé par Safaa KSAANI Mardi 24 Novembre 2020

L’Institut Supérieur des Etudes Maritimes (ISEM) lance cette année la première licence en transport maritime. Une réponse aux attentes des opérateurs économiques du domaine.



Mohamed Briouig
Mohamed Briouig
- La nouvelle Licence Professionnelle en transport maritime a été mise en place cette année, qu’elle en est la motivation ?
- La mise en place de cette Licence Professionnelle s’inscrit dans le cadre de la stratégie de développement 2018-2022 de l’ISEM, notamment l’axe stratégique visant la diversification de l’offre formation à l’institut. Aujourd’hui, il n’y a aucune formation au Maroc dédiée à la gestion du transport maritime et qui vise la formation de cadres moyens aux métiers du transport maritime. Les entreprises et les administrations du secteur ne trouvent pas sur le marché des profils adaptés à leurs besoins en compétences cibles. De fait, elles recourent à des licenciés (ou équivalent) en gestion ou autres et fournissent assez de temps, d’effort et de ressources pour les former sur le terrain. Selon certains directeurs d’entreprises du secteur maritime, les nouvelles recrues ne sont opérationnelles qu’au bout d’une année ou plus. Cette nouvelle licence mettra à la disposition des opérateurs de l’industrie maritime des candidats qui ont une connaissance non négligeable du secteur et qui sont opérationnels assez rapidement. Elle contribuera, également, à stabiliser les effectifs dans les entreprises maritimes souffrant aujourd’hui d’un grand manque de personnel qualifié. Elle permettra aussi de doter l’administration maritime et portuaire de cadres moyens performants pour combler le besoin en cette tranche de fonctionnaires et middle managers, et ainsi accompagner l’évolution actuelle et future de l’industrie maritime, surtout avec la phase actuelle de la mise en œuvre de la stratégie portuaire à l’horizon 2030, qui connaît la construction de nouvelles infrastructures portuaires d’envergure, nécessitant un personnel qualifié lors de la phase des opérations.

- Encore une fois, le Transport International Routier-TIR- fait l’objet de tensions entre le Maroc et l’Espagne. Quel commentaire en faites-vous ? Qu’en est-il de celui de la Mauritanie et de l’Afrique en général ?
- Ces tensions et obstacles à la libre circulation des marchandises entre les pays et qui constituent une obstruction au commerce international ne sont pas conformes à l’esprit des lois et règlements internationaux qui suscitent la libre circulation des biens et des personnes à l’international. Les nouvelles mesures exigées par l’Espagne des professionnels marocains du Transport International Routier constituent un obstacle au commerce extérieur du Royaume et auront un impact direct sur les entreprises exportatrices marocaines. Au même titre que les évènements qui ont eu lieu récemment à la frontière d’El Guerguarat entre le Maroc et la Mauritanie et qui ont impacté le libre passage des camions TIR vers la Mauritanie et le reste des pays africains. Même si le Maroc a toujours su comment résoudre ces problèmes temporaires en collaboration avec ses voisins et partenaires économiques, il n’en reste pas moins que le Royaume doit chercher des alternatives sûres et sécurisées pour son commerce international. Dans cette perspective, il est primordial de constater que, de par sa position géostratégique importante, la longueur de ses côtes et la performance de ses infrastructures portuaires, le Maroc n’a d’alternatives sûres que de compter sur le transport maritime. Les récents blocages du TIR vers l’Espagne et l’Europe, les événements au niveau de la frontière d’El Guerguarat ont coûté une vingtaine de jours d’arrêt des camions TIR vers et en provenance de la Mauritanie et des pays africains. D’autant que la crise sanitaire a suscité une prise de conscience de la part des Etats pour sécuriser leurs chaînes de production et réduire leur dépendance à l’international. Tous ces éléments militent pour la reconstitution d’une flotte nationale marchande capable d’assurer la sécurité des échanges commerciaux du Royaume et ainsi garantir les intérêts économiques sensibles et stratégiques du pays. Les événements politiques et sanitaires de l’année en cours ont démontré sans faille que la reconstitution de la flotte marchande nationale est nécessaire pour la sécurité économique et sociale du pays.

- Un mot sur la souveraineté maritime du Maroc.
- Le Maroc est un pays maritime par excellence. Son espace maritime de plus d’un million de Km2 dépasse son espace terrestre. Cet espace maritime recèle d’importantes richesses biologiques, minières, touristiques et environnementales. Les différentes politiques publiques (Plan Halieutis, Stratégie Portuaire 2030, Stratégie Logistique…) ont réalisé d’importants résultats jusqu’à présent. La récente décision du Maroc de délimiter ses frontières maritimes et de définir clairement sa Zone Économique Exclusive (ZEE) est, à juste titre, un acte de droit international permettant au Royaume d’exercer sa souveraineté sur toute sa zone maritime. Il convient de rappeler aussi que la reconstitution de la flotte marchande nationale est aussi un projet stratégique que les pouvoirs publics et le secteur privé national doivent entreprendre ensemble pour sauvegarder la sécurité économique nationale et tirer pleinement profit des infrastructures maritimes et portuaires existantes.

Recueillis par Safaa KSAANI

Portrait

Celui qui fixe le cap et montre la direction à suivre
Dr Mohamed Briouig est un leader maritime et portuaire qui dispose de plus de 29 années d’expérience dans le domaine de la gestion des ports et de la logistique maritime internationale dans la région du Moyen Orient et Nord Afrique (MENA). Il a servi l’administration maritime marocaine pendant 17 ans, d’abord en tant que Délégué régional des affaires maritimes et puis délégué des Pêches Maritimes.

En 2007, Mohamed Briouig a rejoint Qatar Petroleum où il a occupé le poste de responsable de la planification maritime et portuaire. En 2010, il a été nommé Chef de département de la planification stratégique. Quatre ans plus tard, il quitte la compagnie pétrolière nationale du Qatar pour rejoindre Qatar Ports Management Company (Mawani) en tant que Directeur exécutif de la Stratégie, responsable de la planification stratégique des ports, de la formulation de stratégies de développement et du Marketing portuaire et logistique. Le 13 Septembre 2018, Dr Mohamed Briouig est nommé Directeur de l’Institut Supérieur d’Etudes Maritimes - Casablanca.

Par ailleurs, le Dr Mohamed Briouig est titulaire d’un doctorat en transport maritime et logistique international de l’Université de Plymouth (Royaume-Uni) et d’un Master en gestion des ports de la World Maritime University, en Suède. Dr Briouig est également lauréat du prestigieux programme américain d’études Fulbright, diplômé en planification et politique portuaire de l’Université de Washington, à Seattle.

S. K.

Repères

De nouvelles filières verront le jour 
L’ISEM compte lancer deux nouveaux cycles. Il s’agit du cycle de Master et celui de l’ingénieur. “Dans cette perspective, nous comptons ouvrir cette année le Master en Gestion des Affaires Maritimes et, en 2021, le Master en Gestion Portuaire, ainsi que le cycle d’Ingénieur en Construction et Entretien Naval. D’autres Masters sont dans le pipeline, notamment le Master en Génie Côtier/ Géosciences, qui est actuellement en cours d’étude et d’évaluation avec nos partenaires”, nous confie Dr Mohamed Briouig. Et d’ajouter que, dans les années à venir, d’autres licences professionnelles dans des spécialités jugées utiles dans le marché de travail dans le secteur maritime, portuaire et logistique, seront lancées.
Malgré la pandémie, le secteur de la pêche se porte bien
Selon les données du ministère de l’Agriculture, publiées le 2 novembre, le Royaume chérifien a exporté 570.000 tonnes de produits de pêche, soit 7 % de plus que l’année dernière sur la même période pour des recettes de 15,3 milliards de dirhams. L’industrie a notamment expédié 116.850 tonnes de produits, soit 20 % du volume total pour une valeur de 3,6 milliards de dirhams (+5 %). A cette catégorie, s’ajoutent les ventes d’huile de poisson dont le volume a bondi de 40 % sur la période pour des recettes de près de 553 millions de dirhams. Globalement, il faut noter que la production halieutique du Maroc a baissé légèrement à 987.000 de tonnes sur ladite période.



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