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Mobile money: Pourquoi ça cale toujours au Maroc ? [INTÉGRAL]


Rédigé par Abdellah MOUTAWAKIL Jeudi 4 Mai 2023

Malgré la hausse des transactions et des paiements en ligne avec la carte bancaire, le Maroc peine à généraliser la mobile money. Au-delà des habitudes de consommation, plusieurs raisons expliquent ce retard dans le Royaume, alors qu’ailleurs, en Afrique, c’est un véritable business qui s’est développé grâce à la mobile money.



 C’est un paradoxe qui en dit long sur les habitudes des Marocains : le Maroc est l’un des pays où le système bancaire est le plus avancé en Afrique, mais on peine curieusement à y faire développer la mobile money. Par mobile money, il faut comprendre la possibilité pour un simple détenteur de téléphone portable, de régler la quasi-totalité de ses transactions financières à partir de son cellulaire. Cette pratique, extrêmement développée ailleurs sur le continent, notamment dans des pays comme le Kenya ou en Afrique de l’Ouest, tarde encore à se généraliser dans le Royaume.

Actuellement, au moins 500 millions d’Africains utilisent la mobile money à un rythme quasi-quotidien. Cependant, au Maroc, « il est important de noter que le paiement en espèces prédomine toujours, même pour les achats en ligne, avec 67% des transactions de commerce électronique effectuées en "cash on delivery", contre 16% pour les portefeuilles numériques et mobiles et 17% pour les cartes de débit et de crédit, selon le rapport "We Are Social" », indique Karim Abdelmoumni, consultant international en marketing stratégique et retail marketing. Selon le managing Partner du cabinet 212 Marketing, « seulement 20% de la population âgée de 15 ans et plus ont effectué un paiement numérique en 2022, malgré la forte pénétration d'Internet ».
 
354 MMDH de cash
 
Et pourtant, ces dernières années, les banques ont presque toutes essayé de rivaliser dans l’offre de solutions digitales afin d’inciter leurs clients, dans le cadre de la mobile banking, à davantage profiter des facilités du Net. Mais, le constat est encore très amer, notamment aux yeux du Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, qui se désole que tout le dispositif technique soit là, mais que le Maroc continue d’accuser du retard dans ce domaine. La preuve en est qu’en 2022, la circulation du cash a plus qu’augmenté, avec une envolée spectaculaire de 10.8%, pour s’établir à 354,82 MMDH.

L’une des raisons qui l’explique est souvent les habitudes de consommation des Marocains, dont la majorité n’a pas forcément le réflexe d’envoyer de l’argent via portable, préférant souvent se déplacer dans les guichets des opérateurs de transfert d’argent. L’éventail réduit des possibilités de transactions financières qu’offrent les applications et les opérateurs est également une cause de découragement pour certains consommateurs.
 
L’effet Covid-19
 
Par contre, en ce qui concerne les paiements en ligne via sa carte bancaire (qui est à différencier de la mobile money), on observe des progressions encourageantes au fil des années. « En examinant les rapports de différents organismes institutionnels, notamment le Centre Monétique Interbancaire (CMI), nous pouvons constater une progression des paiements électroniques dans le pays. Les opérations de paiement en ligne effectuées via carte bancaire ont augmenté de 35,6% en nombre d'opérations et de 24,3% en valeur en 2022 par rapport à 2021. En outre, 2021 a connu une augmentation des transactions électroniques de 45% en volume et de 28,1% en valeur par rapport à 2020 », observe Karim Abdelmoumni.

Ces évolutions, renseigne-t-il, ont été favorisées par la pandémie de Covid-19 qui a conduit de nombreux citoyens à opter pour la digitalisation des transactions financières en raison des restrictions sanitaires en place, ainsi que par le taux de pénétration élevé d'Internet (88,1% de la population marocaine fin janvier 2023) et l'explosion de l'équipement en smartphones (92% de taux d'équipement).
 
Traçabilité
 
Du côté des commerçants, notamment des détaillants, c’est la peur de sortir de l’informel et de s’exposer au fisc qui explique cet attentisme réfractaire à la mobile banking. Cela, alors qu’aussi bien l’Etat, les opérateurs du secteur financier que les consommateurs, ont énormément à gagner avec le développement de la mobile money. Dans certains pays du continent, en plus de contribuer à limiter la circulation du cash, l’économie créée par le business de la mobile money permet de développer le secteur des services et du commerce, qui allège désormais les pouvoirs publics, avec la création de millions d’emplois, grâce à la forte demande de la mobile money.
 
Abdellah MOUTAWAKIL

 

3 questions à Karim Abdelmoumni « Il est nécessaire d'accélérer l'inclusion financière »

Karim Abdelmoumni intervient sur différents secteurs d’activité : digital et e-commerce, services financiers, grande consommation, distribution, immobilier, BTP, santé… Également Managing Partner du cabinet 212 Marketing, il appelle à accélérer l’inclusion financière au Maroc.

Pensez-vous que les Marocains utilisent vraiment le digital ou la téléphonie pour leurs opérations financières quotidiennes ?
 
Il est important de noter que le paiement en espèces prédomine toujours, même pour les achats en ligne, avec 67% des transactions de commerce électronique effectuées en "cash on delivery", contre 16% pour les portefeuilles numériques et mobiles et 17% pour les cartes de débit et de crédit, selon le rapport "We Are Social".

De plus, seulement 20% de la population âgée de 15 ans et plus ont effectué un paiement numérique en 2022, malgré la forte pénétration d'Internet, en raison de plusieurs facteurs tels que le faible taux de bancarisation (53%), la faible pénétration des détenteurs de cartes bancaires (31%) et des comptes "mobile money" ou portefeuilles numériques (6,3%).

En conclusion, le potentiel de croissance du paiement en ligne reste élevé, mais il est nécessaire d'accélérer l'inclusion financière dans le pays pour atteindre ce potentiel.

 
Est-ce que les offres et applications sont suffisamment populaires auprès des consommateurs marocains ?
 
Au Maroc, le paiement électronique est un phénomène relativement nouveau qui a débuté en 2007. Depuis lors, de nombreux acteurs ont contribué à sa démocratisation. Les consommateurs peuvent désormais effectuer des achats en ligne dans de nombreux domaines, tels que les courses, la restauration, le shopping pour des vêtements, ainsi que le paiement de factures, taxes et impôts, le tout depuis leur smartphone ou leur ordinateur. Aujourd'hui, tous les opérateurs économiques intègrent le canal numérique dans leur stratégie commerciale et marketing, avec de nombreuses plateformes de paiement lancées pour simplifier l'expérience utilisateur et de nombreux e-marchands créés.

 
Comment se développe l’offre en la matière ?
 
Au cours des dernières années, nous avons assisté à l'éclosion de "pure players" qui représentent une part de plus en plus importante du marché et sont connus par une grande partie de la population, du moins urbaine. De plus, la majorité des grandes entreprises ont entrepris un processus de transformation numérique pour "servir l'acheteur en ligne". En conséquence, les consommateurs au Maroc deviennent de plus en plus avertis des différents sites de commerce électronique et choisiront celui qui leur offre la meilleure "expérience utilisateur".

En résumé, les consommateurs peuvent désormais effectuer une grande variété d'achats en ligne et les entreprises ont intégré le canal numérique dans leur stratégie commerciale. Les consommateurs sont de plus en plus à l'aise avec l'achat en ligne et sont devenus plus exigeants quant à leur expérience utilisateur.

L’info...Graphie


Services financiers numériques : quels sont les risques ?

Les services financiers numériques, tels que les paiements en ligne, les applications de banque mobile et les investissements en ligne, offrent de nombreux avantages, mais ils présentent également certains risques pour les utilisateurs. Les risques les plus courants sont d’abord liés à la sécurité : les cyberattaques sont de plus en plus courantes, et les services financiers numériques peuvent être une cible attrayante pour les pirates informatiques. Les utilisateurs doivent être conscients des risques de piratage et prendre des mesures pour protéger leurs informations financières.

Ensuite, la fraude ou les escroqueries financières en ligne sont de plus en plus sophistiquées et peuvent être difficiles à détecter. Les utilisateurs doivent être vigilants pour éviter de tomber dans des pièges frauduleux et doivent signaler tout comportement suspect aux autorités compétentes. De même, l’erreur humaine n’est pas à écarter parfois. En effet, les services financiers numériques peuvent être pratiques, mais ils peuvent également conduire à des erreurs humaines, telles que la saisie de mauvaises informations lors de la réalisation de transactions. Les utilisateurs doivent être prudents lorsqu'ils effectuent des transactions en ligne et vérifier les détails de chaque transaction avant de la valider.

« En somme, les services financiers numériques offrent des avantages évidents, mais les utilisateurs doivent être conscients des risques et prendre des mesures pour protéger leurs informations financières et éviter les problèmes potentiels », conclut Karim Abdelmoumni, Managing Partner du cabinet 212 Marketing.


 

Services financiers numériques : le point sur la réglementation

« Les services financiers numériques peuvent être soumis à une réglementation différente de celle des services financiers traditionnels, ce qui peut créer des incertitudes juridiques pour les utilisateurs », indique Karim Abdelmoumni. Par conséquent, conseille-t-il, « les utilisateurs doivent être conscients des lois et réglementations applicables et s'assurer que les services qu'ils utilisent sont conformes à ces règles ».

D’ailleurs, en parlant de cela, dans certains pays, ce sont les opérateurs téléphoniques qui jouent désormais le rôle de banquier… La majorité des transactions se font via leurs services, ce qui ne manque pas de créer parfois des remous de la part des établissements bancaires. Au Maroc, il est possible pour les opérateurs téléphoniques d’offrir des services financiers numériques, mais, les plafonds financiers sont jugés très bas. Pour remédier à ces limites, les opérateurs financiers et les banques s’allient pour offrir des services aux utilisateurs. 









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