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Maroc-Australie : Un commerce timide, mais des potentialités prometteuses !


Rédigé par Souhail AMRABI Mardi 6 Décembre 2022

Le ministre adjoint des Affaires étrangères australien, Tim Watts, a annoncé sur son compte Twitter une visite, cette semaine, au Maroc. L’occasion de revenir sur les relations bilatérales entre les deux pays.



Leurs relations diplomatiques datent de 1976, pourtant, leurs échanges économiques frôlent à peine les 100 millions de dollars. Le Maroc et l’Australie tentent depuis 2012, et plus sérieusement depuis 2016, de donner un coup d’électrochoc à leur coopération bilatérale, mais, jusque-là, elle demeure timide.

A l’époque où l’ex-chef du gouvernement Saâd Dine El Othmani était patron de la diplomatie marocaine, une délégation australienne, chapeautée par Bob Carr, s’étaient rendue au Maroc, mais la visite n’a pas porté de bons fruits. Ce n’est qu’en 2016, lorsque le Royaume a hébergé la COP22, qu’une vraie dynamique a été déclenchée entre Rabat et Canberra, avec l’annonce de l’établissement d’une ambassade dans le pays, faisant du Royaume le seul pays d’Afrique du Nord avec une représentation diplomatique australienne.

En 2017, un Conseil des Affaires maroco-australien a été créé par le ministre du Commerce de l’époque, Steven Ciobo, lors de sa visite à Marrakech. Celui- ci a pour vocation de tisser des liens entre les communautés des a aires et faciliter leur réunion, voire résoudre les problèmes qui peuvent surgir. Depuis le temps, quelques modestes initiatives ont euri, puis se sont aussi vite fanées et, aujourd’hui, le gouvernement australien veut réanimer cette dynamique, de sorte à consolider son positionnement, non seulement sur le marché national, mais dans tout le continent.

En effet, dans la perspective de promouvoir les intérêts économiques de l’Australie en Afrique, le ministre adjoint des Affaires étrangères australien, Tim Watts, se rendra, cette semaine, au continent noir, en commençant par le Maroc, puis le Ghana et finalement l’Afrique du Sud. Selon le diplomate, «les nations africaines sont devenues des voix influentes sur des questions importantes pour l’Australie, qui a senti l’intérêt de donner une nouvelle impulsion à ses relations avec le continent africain, auxquelles elle attache désormais une importance cruciale».

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« Au cours de ma visite, je défendrai nos intérêts communs dans un système international fondé sur des règles et des partenariats pour aider à lutter contre le terrorisme mondial, l’extrémisme violent et les menaces de cybersécurité et de criminalité transnationale », déclare Tim Watts. Des chantiers où le Maroc est cité comme exemple grâce à sa politique de tolérance zéro vis-à-vis de l’extrémisme violent, notamment en renforçant le cadre réglementaire de la sécurité nationale, en améliorant l’infrastructure technique et les capacités technologiques des autorités compétentes, sans oublier la consolidation du cadre législatif pour lutter contre ces pratiques.

En effet, Rabat, qui assure le travail multilatéral en matière de lutte contre le crime international, accorde une grande importance aux aspects d’échange d’informations, de renseignements financiers et d’analyse et d’évaluation des risques, afin de prévenir les différentes formes de criminalité. Ainsi, sur ce point, le terrain de la coopération entre Rabat et Canberra est déjà fertile et attend juste la volonté politique.

Par ailleurs, le diplomate australien a également montré un intérêt quant aux chantiers de développement durable. « Je discuterai de l’action contre le changement climatique, de façon à identifier les moyens de renforcer notre coopération avec les partenaires africains dans les domaines du développement agricole, des énergies renouvelables, et de la science et de la technologie », a-t-il précisé. Là encore, les potentialités de coopération sont de taille. L’Australie est connue par son leadership dans l’énergie d’hydrogène. Elle fourmille désormais d’exemples en matière de développement et d’exportation d’énergies renouvelables (solaire, éolien terrestre et offshore, hydrogène, mais aussi stockage et transport par batterie), chose qui pourrait servir au Maroc, qui ambitionne de devenir futur exportateur de l’or vert. Et avec la nouvelle charte d’investissement mise en place, le Royaume pourrait même inciter les investisseurs du Commonwealth à tirer profit des opportunités offertes sous nos cieux.

Dans une interview accordée à « L’Opinion » (voir 3 questions à…), l’ambassadeur d’Australie au Maroc, Michael Cutts, nous avait indiqué qu’il «existe une véritable synergie entre les deux marchés, qui peuvent être complémentaires. Le Maroc est très relié aux marchés européen et subsaharien tandis que l’Australie est très ancrée dans le marché anglo-saxon et le marché asiatique». C’est dire que le terrain est propice au renforcement des rapports économiques des deux pays, il ne faut donc pas laisser la distance géographique entraver la route à une coopération bilatérale qui promet d’être fructueuse à plus d’un niveau.



Souhail AMRABI

L'info...Graphie

Maroc-Australie : Un commerce timide, mais des potentialités prometteuses !

Commerce international


L’Australie, principal partenaire en Océanie
 
Selon les dernières données disponibles de l’Office des Changes en 2021, les échanges avec l’Océanie restent limités et représentent 0,4% de nos échanges. Ils enregistrent une augmentation de 2,4Mds DH, générée en grande partie par la progression des échanges avec l’Australie de +2Mds DH. L’essentiel des importations depuis l’Océanie concerne le beurre, les sous-produits animaux non comestibles, les appareils électriques de signalisation et les légumes à cosse secs. Les exportations concernent les engrais naturels et chimiques, le phosphate, les ouvrages en pierres, plâtre, ciment, ou en matières similaires et les conserves de poissons et crustacés. L’excédent commercial avec l’Océanie augmente de 2,3Mds DH pour s’établir à 2,4Mds DH.
 

IDE


Une poignée d’investissements en place
 
S’agissant des investissements australiens au Maroc, actuellement, il existe Worley, une compagnie multinationale spécialisée dans l’Ingénierie qui s’est installée récemment à Casablanca, après avoir acheté la filiale du groupe JESA (Jacobs Engineering) au Maroc. Il y a des investissements agricoles dans les environs de la ville de Larache et précisément dans la culture des fraises et des framboises. Plusieurs millions de dollars australiens sont investis dans des projets d’unités de production. Cette plateforme sert de base d’exportation vers la Russie, l’Europe et les pays d’Afrique subsaharienne. C’est un investissement de grande envergure. Il y a également des investissements dans le secteur touristique, où opère l’Agence de voyage « Intrepid-Travel » qui dispose d’une filiale régionale à Marrakech, employant 50 personnes.

Concernant le domaine universitaire, il existe plusieurs opportunités pour les étudiants marocains dans les différents établissements australiens, qui présentent une multitude de bourses chaque année. «Nous encourageons les Marocains à y postuler, sachant que plusieurs rencontres ont été organisées avec des universités marocaines, dont l’UIR et l’ISIC, à cet effet », nous a indiqué Cutts, ajoutant qu’il existe également des contacts avec le monde de la culture. «Nous sommes en contact avec le président de la Fondation des musées du Royaume Mehdi Qotbi, en plus d’avoir plusieurs relations avec les associations locales, oeuvrant dans les domaines de l’écologie, la philanthropie et les droits de la femme, etc. », a-t-il affirmé.
 

3 questions à Michael Cutts


« J’oeuvre à convaincre les investisseurs australiens de l’importance du marché marocain »
 
- Les échanges commerciaux demeurent très faibles avec un volume annuel de près de 98 millions de dollars, comment peut-on en accélérer la cadence ?

- Oui, je reconnais que le volume du commerce est modeste, vu que l’Australie n’est que le 69ème fournisseur du Maroc. Par conséquent, ma mission consiste à remédier à cela. J’ai rencontré de nombreuses fois des représentants de la CGEM et la Chambre du Commerce et de l’Industrie qui m’ont fait part des opportunités et des débouchés qui existent dans plusieurs domaines, à savoir le tourisme, la manufacture, l’aéronautique, l’industrie pharmaceutique et la formation professionnelle et même l’artisanat vu que les produits artisanaux marocains sont très demandés en Australie.

De l’autre côté, j’oeuvre également à convaincre les investisseurs australiens de l’importance du marché marocain. En effet, il existe une véritable synergie entre les deux marchés, qui peuvent être complémentaires. Le Maroc est très relié aux marchés européen et subsaharien tandis que l’Australie est très ancrée dans le marché anglo-saxon et le marché asiatique.
 
« Il existe une véritable synergie entre les deux marchés, qui peuvent être complémentaires »


- Peut-on s’attendre à de futurs accords de libre-échange ou d’association économique entre Rabat et Canberra ?

- Bien que je n’aie pas d’informations sur ce sujet, cette hypothèse est très souhaitable du fait de l’énorme potentiel qui se présente. L’Australie est une porte d’entrée au marché asiatique par l’intermédiaire de l’accord de libre-échange (RCEP), comme le Maroc est un point d’accès au marché africain. C’est là qu’il faut travailler, et je suis en contact permanent avec l’ambassadeur marocain à Canberra, M. Karim Medrek, qui fait un travail impressionnant là-bas.

Vu que nous sommes en début de parcours, nous tâchons à préparer d’abord le terrain pour les communautés d’affaires de nos deux pays afin qu’elles se connaissent mieux. Ceci ne manquera pas de faciliter les négociations d’un potentiel accord commercial dans les années qui viennent. Il faut aller par étape.


Les responsables marocains sont-ils aussi intéressés par le marché australien que les Australiens par le marché marocain?

- Oui, tout à fait, en 2019, une importante délégation marocaine s’est rendue en Australie. Plusieurs accords de coopération furent à l’ordre du jour, notamment dans le domaine de l’agroalimentaire et des télécommunications. Et d’après les échanges que j’ai eus avec plusieurs responsables marocains, j’ai compris qu’ils sont manifestement conscients des bénéfices et des atouts du marché australien, surtout dans les domaines de la technologie agricole, des énergies renouvelables, etc.



Extraits d’interview avec Michael Cutts

 



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