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Marché du travail en Afrique du Nord: Pour des politiques actives basées sur des bonnes pratiques


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Jeudi 8 Avril 2021

Le Bureau sous régional de la CEA pour l’Afrique du Nord prospecte la relance économique dans cette partie du continent et donne ses recommandations à travers des politiques actives basées sur des bonnes pratiques quand on sait que la région connaît un taux d’emploi des plus faibles du continent avec 40,1% contre une moyenne continentale de 58,8% en 2019.



Marché du travail en Afrique du Nord: Pour des politiques actives basées sur des bonnes pratiques
Le dynamisme économique post-Covid-19 est la question qui taraude experts, analystes et institutions spécialisées. Dans ce cadre, le Bureau sous régional de la CEA pour l’Afrique du Nord a organisé, hier mercredi, une visioconférence qui a connu la participation, entre autres, d’Aziz Jaid (économiste, CEA-Bureau Afrique du Nord), Mme Asmaa Jtitou (Chef de service des programmes d’insertion professionnelle, Maroc). Le panel comprenait également Hichem Boussaïd (Directeur des Programmes et des Services destinés aux Entreprises, Tunisie) ou encore de Mme Abeer Fouad Abdallah (Chercheur principal en information sur le marché du travail, Egypte).

Plantons le décor. La situation économique en Afrique du Nord préoccupe cette institution. Et il y a de quoi. En effet, cette région a eu le taux le plus élevé dans le monde en 2020, selon un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT). Il ressort dans ce document que dans les 11 sous-régions du monde, l’Afrique du Nord a un taux de 12%, suivie de l’Asie centrale avec 9% tandis que les taux les plus faibles sont observés en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique (3%) et en Amérique du Nord (4%).

En outre, dans les pays de l’Afrique du Nord et les pays arabes, la sous-utilisation de la main-d’œuvre féminine est très prononcée : elle atteint 40% des femmes de la population active élargie dans les deux sous-régions, contre seulement 20 et 12% des hommes respectivement, souligne l’OIT.

Chômage des jeunes

C’est dans ce contexte que le webinaire d’hier trouve la pertinence du choix de la thématique qu’est « les politiques actives du marché de travail : bonnes pratiques et recommandations pour l’Afrique du Nord ». Même si l’emploi occupe une importance centrale dans l’agenda des politiques de développement des pays d’Afrique du Nord.

Mais le constat est amer. En plus du taux élevé du chômage, la région connaît également un taux d’emploi des plus faibles du continent africain avec 40,1% contre une moyenne continentale de 58,8% en 2019, sans oublier la faible participation au marché de travail (45,7% contre 60,7% en moyenne mondiale), et particulièrement des femmes (22,1%) et un taux de chômage des jeunes des plus élevés au monde.

D’ailleurs, l'OIT relève, à ce sujet, que le taux de chômage des jeunes en Afrique du Nord en 2019 était de 30,2%, contre une moyenne mondiale de 13,6%. Cette situation serait tributaire du fait que la croissance économique enregistrée par les pays de la sous-région, au cours de la décennie de 2010, n'a pas été suffisante pour absorber les arrivées sur le marché du travail. Résultat : le secteur privé reste sous-développé et la capacité d'absorption de la demande de main-d'œuvre par le secteur public est limitée en raison de contraintes budgétaires.

Pour renverser la tendance, les conférenciers soulignent que le développement économique de la sous-région passe par l’amélioration des compétences de sa force de travail et de son utilisation optimale. 
Pour ce faire, les Etats de la sous-région devront revoir leurs politiques de l'emploi et formuler de nouvelles stratégies, plus intégrées et plus inclusives, basées sur la participation active des premiers concernés. A cela, il faudra une volonté politique plus forte, capable de réformer les modes de gouvernance.

Il faudra aussi mobiliser davantage de moyens pour répondre aux attentes, notamment des jeunes et des populations les plus vulnérables. Ce qui fait dire à la CEA que les initiatives récemment lancées dans certains pays de la sous-région vont dans ce sens et contribueront certainement à améliorer l’impact des programmes en place.

Industrie agroalimentaire

Pour les pistes préconisées, il y a les secteurs à plus haute valeur ajoutée, comme peut l’être l’industrie agroalimentaire à titre d’exemple, laquelle permettrait de rendre le secteur primaire plus compétitif et augmenterait la valeur ajoutée industrielle et la productivité du travail. En effet, le sous-emploi et la faible productivité du secteur agricole doivent être interprétés comme un réservoir de main-d’œuvre dont il faut puiser pour augmenter la valeur ajoutée à travers la mobilité intersectorielle.

Enfin, soulignons que l’objectif de la conférence virtuelle était d’accompagner les pays de la sous-région dans la conception et la mise en œuvre de PAMT (Programme d'apprentissage en milieu de travail) efficaces, sur la base d’expériences sous-régionales réussies. 

Dans ce contexte, les pays d’Afrique du Nord, face au défi majeur du chômage et à la nécessité de création massive d’emplois décents pour leurs jeunes femmes et hommes, ont mis en place un nombre conséquent d’initiatives nationales et territoriales. Certaines d’entre elles constituent de bonnes pratiques à même d’être transposées à d’autres secteurs économiques et partagées au niveau sous-régional. Autrement, une intégration serait la seule voie pour un vrai développement économique à l’échelle maghrébine.
 
Rectifier le tir pour une croissance soutenue

Selon la CEA, les pays d’Afrique du Nord se privent d’une bonne partie de leurs ressources humaines à cause de la faible participation des femmes à la vie économique. Le rapport femmes/hommes dans le taux de participation à la population active (22,1% pour les femmes contre 69,5% pour les hommes) témoigne de la faible participation des femmes à l’économie et par conséquent de leur faible autonomie financière. Ce ratio (31,8% pour la sous-région contre 63,6% en moyenne mondiale) est le plus faible au monde. En addition, l’évolution des dernières années ne présage pas non plus d’une amélioration future. Par ailleurs, le secteur primaire, composé principalement par l’agriculture, emploie une tranche importante de la population active des pays de la sous-région avec une moyenne régionale de 25,1 %. Des éléments qu’il faut rectifier pour une croissance soutenue.