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Culture

Magazine : Routes Transsahariennes, l’Afrique air-terre-mère


Rédigé par Anis HAJJAM le Dimanche 13 Novembre 2022

Le Musée de la Fondation Abderrahman Slaoui, en association avec African Arty, organise jusqu’au 3 janvier 2023 une exposition mettant en scène l’Afrique à travers quatre artistes renvoyant à un continent poétique, créatif, affectif. Ordres et désordres s’y mêlent dans une chorégraphie multidimensionnelle.



Franck Kemkeng Noah. Débarquement « Massaïs à Marrakech », acrylique sur toile, 180 x 240 cm, 2022.
Franck Kemkeng Noah. Débarquement « Massaïs à Marrakech », acrylique sur toile, 180 x 240 cm, 2022.
Une exposition qui croule sous l’impossible détermination d’un Continent beau comme la création, sourd-muet-aveugle comme l’interpellation de tout les sens qui sculptent la réalité en usant de métaphores prêtes à saccager idées reçues, clichés et surexpositions exotiques. Ici, le sens est concis, l’interprétation est plurielle.

Quatre artistes retournent terre et esprits pour mieux humer l’aérien, caresser l’instant indéfini, perpétuer l’éphémère. Étrange pour un ensemble de lands vieux comme le monde, récent par le vouloir d’un monde. L’art africain, senti et écarté, recherché et camisolé, voulu et repoussé, est grossièrement pillé pour devenir référant et régulant. Étrange tel l’amour, il est socle de moult écoles de créativité. Il n’est pas le seul, mais le plus courtisé des esseulés. Il chante sa vie en la dépeignant, il conte son univers en le dessinant.

Dans son fin fond, il est l’ordre et le désordre, la vie et la survie. La mort, pour lui, n’est que transmission d’une existence qui s’impose avec un début et une multitude de fins. L’Afrique est une mélancolie, l’Afrique préfère la profondeur aux contours, l’Afrique est unique dans sa pluralité. Elle est également une mère en perpétuelle grossesse. Lorsqu’elle enfante son art, c’est du même art qu’elle s’engrosse. Ainsi va sa vie, elle qui a décidé depuis longtemps de repeupler la terre de son passé et de ses multiples présents et futurs.

Une métaphore, une fiction

Les artistes en « villégiature » au musée Slaoui ratissent large dans le propos. Michèle Yerima veut qu’on lui cache un sein, Amadou Opa Bathily espère allumer des clartés, Franck Kemkeng Noah promeut une terre des hommes, pour Maya Inès Touam, rien de ce qui est humain ne lui est étranger. Ainsi vont les thèmes de prédilections fédératrices.

Pour Jacques-Antoine Gannat, fondateur et directeur d’African Arty associé du Musée de la Fondation Abderrahman Slaoui pour l’exposition, « en choisissant de défendre des oeuvres et des artistes issus ou travaillant à partir d’une géographie africaine revendiquée, jusqu’à en porter l’intitulé même du nom choisi pour ma galerie, il m’était évident qu’il ne s’agissait pas ici d’un choix identitaire ou exclusif. On le sait bien, l’Afrique est une métaphore, une fiction et ce sont ces récits plastiques qu’elle génère ou qu’elle suscite que cela soit par inspiration, formation ou même plus largement par élection forcément affective, que la Galerie African Arty entend défendre et montrer.

Pour cela, une certaine souplesse, voire une légèreté notamment infrastructurelle, me semblait un préalable nécessaire pour porter les discours et les parcours d’un Continent de plus en plus mobile et créatif. C’est dans ce sens qu’African Arty collabore avec des institutions et habite des lieux éphémères qui confortent et subliment la pertinence de ses choix esthétiques, formels et conceptuels».

Grosse déclaration pour une exposition belle comme l’immédiateté, éloignée de tout dégoulinement dans le temps. Ibrahim Slaoui, secrétaire général de la Fondation Abderrahman Slaoui affirme que «l ’Afrique revendique de plus en plus de souveraineté et de liberté dans un rôle actif dans ce débat politique que représentent désormais les questions de muséologie et de muséographie.

C’est dans ce contexte qu’il nous apparaît encore plus pertinent d’affirmer la direction artistique donnée à notre exposition. Pour cette première manifestation de la Saison, c’est justement d’Afrique qu’il est question à travers les propositions de quatre artistes d’horizons et de pratiques diverses et variées.

Par ce prétexte des ‘’Routes Transsahariennes’’, qui nécessite de faire l’objet d’études locales et scientifiques plus poussées et dont cette exposition tente une introduction, nous proposons de voyager à travers différents itinéraires mythiques d’un continent réputé pour son nomadisme et sa mobilité qui créent des liens fraternels anciens entre l’ensemble de ses communautés. Parce que le Maroc, à travers sa riche histoire millénaire et, plus récemment, sa capitale économique, Casablanca qui en exprime la modernité, a toujours formé un carrefour à ces différents voyages et autres itinérances qui ont grandement contribué à enrichir sa culture et ses multiples identités métissées. » C’est aussi d’humanité qu’il est question, dans un monde où on court plus qu’on ne contemple.




Anis HAJJAM

 



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