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Culture

Magazine : « Horiezontalisme », un effort d’auto-analyse


Rédigé par Anis HAJJAM, Youness Atbane et Henri jules Julien le Dimanche 10 Avril 2022

Une exposition-manifeste se déroule jusqu’au 23 avril à l’espace d’art Artorium-TGCC. Sous l’impulsion de Youness Atbane et Henri Jules Julien, six artistes répondent présent à cette manifestation-éclosion : Amina Benbouchta, Youssef Ouchra, Simohammed Fettaka, Mohamed El Baz, Salim Bayri, Anne Van Dyck.



Vernissage d’«Horiezontalisme», rayon Youssef Ouchra.
Vernissage d’«Horiezontalisme», rayon Youssef Ouchra.
Un manifeste autour de l’art est toujours un évènement. D’autant que nous y sommes conviés que rarement. Le plus retentissant remonte à plus de cinquante ans lorsque les leaders du modernisme marocain, Farid Belkahia, Mohamed Chebâa et Mohamed Melihi -ils sont rejoints dans un premier temps par Mohamed Hamidi, Mustapha Hafid et Jack Azéma- créent ce qu’on appelle, depuis, «L’Ecole de Casablanca», issue de l’école des Beaux-arts de la même ville. Une révolution esthétique qui se traduit en 1969 par une exposition-manifeste tenue à la place Jamâa el-fnaa à Marrakech, criant une transformation, revendiquant un mouvement fondateur de l’art moderne marocain. Les années passent et les préoccupations évoluent. Ici, à travers «Horiezontalisme», nous sommes «confrontés» à une autre lecture de l’art entre peinture et vidéo.

L’art contemporain dans ses différentes dimensions. Une exposition d’oeuvres inédites peintes ou filmées. Sept artistes s’y déploient, les uns ironisant, les autres évoquant des situations qui frôlent la dramaturgie.

Parmi ces empêcheurs de tourner en rond, Amina Benbouchta, Mohamed El Baz, Simohammed Fettaka, Youssef Ouchra et le maître de cérémonie Youness Atbane. Laissons à présent parler le manifeste, texte cogité par le plasticien-chorégraphe Atbane et le chimiste-metteur en scène Henri Jules Julien.

«De générations différentes, orientaux ou occidentaux, intellectuels et artistes, nous nous rassemblons non pas dans un esprit de réconciliation molle mais dans un effort situé», écrivent-ils, ajoutant : «L’espoir qu’une simple décision, une simple volonté, suffise à dépasser le piège multiséculaire de l’orientalisme nous est étranger.» Voici l’intégralité de leur proclamation.


Anis HAJJAM

Manifeste, l’horizontal et l’horizon

HORIEZONTALISME se voudrait «effort» : un effort d’analyse et de conscience des formes nouvelles que peut prendre un orientalisme contemporain. Mais pas la simple dénonciation d’une domination renouvelée du regard «occidental» sur des réalités «orientales».

Nous (nous) proposons plutôt un effort d’auto-analyse : quelles injonctions, plus ou moins conscientes, plus ou moins formulées, à se conformer à des représentations plus ou moins convenues, plus ou moins accréditées, influent-elles les travaux artistiques et intellectuels sur la région Moyen-Orient Afrique du Nord ? Comment ces forces s’exercent-elles, et tout d’abord en nous, artistes et intellectuels ?

Quel jeu (au sens ludique comme au sens d’intervalle entre des pièces) est-il possible de mettre en oeuvre pour (in)adapter les travaux aux attentes, réelles ou supposées, des institutions intellectuelles et culturelles, publiques ou privées, arabes et occidentales, et peut-être, tout autant, aux attentes des consciences individuelles ?

HORIEZONTALISME, pour horizontal. De générations différentes, orientaux ou occidentaux, intellectuels et artistes, nous nous rassemblons non pas dans un esprit de réconciliation molle (qui nierait les dominations persistantes), mais dans un effort, un effort situé, pour exprimer les difficultés à oeuvrer dans le champ des représentations sans s’aliéner aux injonctions d’un regard néo-orientaliste.

HORIEZONTALISME pour horizon. L’espoir qu’une simple décision, une simple volonté, suffise à dépasser le piège multiséculaire de l’orientalisme nous est étranger. Nous savons bien que : « on ne peut pas défaire tout ce que l’histoire a fait, et on ne peut pas se défaire de tout ce que l’histoire nous a fait être ». Mais nous pensons qu’un effort d’auto-analyse pourrait, éventuellement faire bouger les lignes ?...



Youness Atbane et Henri jules Julien