Que reste-t-il de nos mains ?
Peut-être juste assez pour ne pas céder. Pour tenir bon. Pour continuer à agir, chacun, chacune, à son échelle, avec ce qu’il nous reste de mots, de gestes, de prières, de colère… de force, d’humanité et d’espérance.
Je ne suis pas un parolier professionnel, ni un poète de métier. Mais j’ai beaucoup écrit. Toujours poussé par un sentiment d’urgence.
Depuis 35 ans, mes mots ont trouvé écho dans les voix de ceux qu’on appelle les “maudits”. Les exclus. Les mangeux de marge. Ceux qui vivent à la frontière du monde, et qui transforment la douleur en mélodie, la révolte en chanson.
Comme ici, dans ce texte que les détenus d’une grande prison fredonnent encore aujourd’hui en s’adressant aux murs :
“Je quitte ma cellule,
je traverse les couloirs,
je salue mes amis,
je leur dis à plus tard,
je ne quitte pas Bordeaux,
du moins pas encore,
je m'évade dans les mots,
et la musique des noirs...”
Cette chanson a été reprise mille fois, dans toutes sortes de styles. Par différentes voix. Chacune y mettant sa vérité.
Aujourd’hui, mon sentiment d’urgence est plus brûlant que jamais. Depuis deux ans, ma plume saigne pour Gaza. Chaque jour qui passe pour les gazaouis est un jour de mort, de famine, d’atroces douleurs, de génocide, de larmes, un jour de trop.
Un jour d’un ciel qui pleut des bombes...
“C'est ici qu'on les forge, c'est là-bas que ça tombe”.
J’ai écrit une chanson pour Gaza. Rapidement. En quelques minutes. Composée en cinq minutes par une IA, portée par des voix anonymes.
Il m’a suffi de choisir le rythme,
La couleur,
Le thème,
Le style,
Les voix… des voix anonymes et des instruments précis!
Et cinq minutes plus tard, dix minutes, une heure… Plusieurs versions ont vu le jour. J’ai fini par arrêter mon choix sur une version que j’ai soumise à un ami, un grand chanteur connu du Québec. Il l’a écouté avec attention et l’a validée en changeant un mot et en plaçant le refrain à la bonne place.
Pour écouter le résultat, Il suffit de cliquer ici:
https://song.do/fr/play/f7d70fd0-c856-4f07-84f7-7ffafa4b9f8c?utm_source=share
Que reste-t-il de nos mains?
Que reste-t-il de l’enfant ?
Que j’ai vu hier
Il parlait à son chien,
Il faisait rire sa mère.
Que reste-t-il de la mère
Qui faisait le pain ?
L’odeur de son café,
L’avenir dans ses mains.
Que reste-t-il du père
qui bravait les vents
son corps devenu pierres,
En silence, il attend
Que reste-t-il de Gaza ?
Des pierres sans maison,
Des enfants sans repos
Et une mer pour prison.
Refrain
Que reste-t-il de nos mains ?
Le ciel pleut des bombes
C’est ici qu’on les forge
C’est là-bas que ça tombe.
Que reste-t-il de la mer ?
Une flottille qui ose
Du pain et des roses,
Liberté à l’horizon
Que reste-t-il d’un peuple
Qui refuse de mourir ?
Malgré le génocide,
Il est notre avenir.
Que reste-t-il de l’avenir ?
Un arbre et des ruines
Il nourrit les tombes
La patience des racines.
Que reste-t-il de nous
Devant tant de sang ?
Sommes-nous encore humains?
Si nous restons absents ?
Refrain
Que reste-t-il de nos mains ?
Le ciel pleut des bombes
C’est ici qu’on les forge
C’est là-bas que ça tombe.
Que reste-t-il de nos mains ?
Le ciel pleut des bombes
C’est ici qu’on les forge
C’est là-bas que ça tombe.
Que reste-t-il de nos mains ?
Le ciel pleut des bombes
C’est ici qu’on les forge
C’est là-bas que ça tombe.
Final
Que reste-t-il des corps ?
Des chants et des prières
On est pas vraiment morts
quand on meurt pour la terre.
Mohamed Lotfi
27 septembre 2025