Il est l’incarnation du comédien populaire. Populaire ici prend le sens de fédérateur. Durant sa longue carrière, Abdelkader Moutaa réussit à toucher toutes les catégories d’un Maroc cosmopolite, disparate et difficile à cerner. Mais, derrière le bonhomme jovial se dissimule un être marqué par les affres d’une enfance où le sens perd dramatiquement de sa superbe naïve, celle de l’inconscience d’une étape de la vie. Enfant, Abdelkader Moutaa perd son père. Il grandit dans le giron de sa mère, cuisinière. Il quitte l’école tôt et collectionne les petits boulots, aidant sa maman à gérer le foyer familial. Son appartenance au quartier Derb Sultane, connu pour avoir vu naître de futures personnalités artistiques, culturelles, sportives et politiques, l’aide à entamer un voyage intérieur. Dans ce tas tourbillonnant, il choisit la comédie comme pour exorciser ce qui sommeille en lui, les aléas d’une vie où la précocité le dispute à la violence de choix de survie qui ne sont pas siens, des rêves qui ne se réalisent jamais, se contentant de ce peu proche du néant. Son premier contact avec l’art se réalise à travers le scoutisme où, parmi les activités, la scène prend ses aises. Moutaa aussi, par le biais de sketchs et autres expressions de divertissement. Le temps passe et la future vedette s’impatiente. Elle finit par croiser le chemin de Mohamed Khelfi avec lequel il se réalise pour la toute première fois devant un public : la pièce de théâtre « Assahafa Al Mouzaouara ». Fort de cette expérience, Abdelkader Moutaa rejoint la troupe de Maâmoura au début des années 1960 : « Il y perfectionne son talent auprès d’un groupe d’élite de pionniers de la scène marocaine. Ses contributions s’étendent du théâtre à la radio, à la télévision et au cinéma, où il interprète des dizaines de rôles tragiques et comiques. Son nom est associé à des œuvres telles que ‘’Les Gloires de Mohammed III’’ et ‘’Sidi Abdel Rahman El Majdoub’’, ainsi qu’aux films ‘’Washma’’ (1970), réalisé par Hamid Bennani et ‘’Chergui’’ de Moumen Smihi (1975). Il brille également dans des séries télévisées, en premier lieu grâce à son rôle de Tahar Belfriat dans la série ‘’Khamssa ou Khmiss’’. Il intègre la Troupe nationale de théâtre radiophonique et est la première voix entendue lors du lancement de Radio Méditerranée (Médi 1) à Paris en 1980. » Abdelkader Moutaa aura participé à plus de vingt séries, une quinzaine de films et cinq pièces de théâtre répertoriées.
Ressentir la vie
Discrétion, retenue et efficacité caractérisent le parcours d’un autre monstre des planches et des écrans : Mohamed Razine qui rejoint, à ses débuts, l’Institut de musique, de danse et d’art dramatique où il enseigne plus tard. Il se forge un petit nom au théâtre au fil de plusieurs représentations et opte ensuite pour le cinéma avec « Al Kanfoudi » de Nabyl Lahlou (1978) et « As-Sarab » d’Ahmed El Bouanani l’année suivante. « Ces œuvres fondatrices, empreintes de poésie et de réalisme, ont ouvert la voie à une nouvelle ère du cinéma marocain, où l’acteur devenait le véritable vecteur de sens et d’émotion. Tout au long de sa carrière, Razine a su se renouveler, passant avec aisance des rôles comiques aux personnages les plus tourmentés. Derrière un regard grave se cachait une grande sensibilité, celle d’un homme profondément habité par son art. Il répétait souvent que ‘’le comédien n’interprète pas la vie, il la ressent’’, une phrase qui résume à elle seule son rapport viscéral à la scène. » Avec Faouzi Bensaïdi, il participe à la pièce « Al Fil ». Il joue dans « Soif » de Saâd Chraïbi, « Ruses de femmes » de Farida Belyazid, « Les trésors de l’Atlas » de Mohamed Abbazi, « Mektoub » de Nabil Ayouch, « La Vache » de Mohamed Hamidi, dans les séries « Jnan Al Karma » et « Jouha Ya Jouha II » … Sa carrière ne se limite pas aux productions nationales. On le retrouve à l’affiche de plus de vingt films et de séries étrangers, tournés essentiellement au Maroc : « Mille et Une Nuits » du réalisateur français Philippe de Broca, et la série « L’Évangile », entre autres. Né en 1946, « Razine se distinguait par sa voix puissante et son jeu sobre et équilibré, ainsi que par son style réaliste alliant force et simplicité, ce qui lui a valu le respect des critiques et l’affection du public. Il était aussi reconnu pour son humilité et sa présence humaine touchante au sein du milieu artistique. Au cours des dernières années, il a rencontré des problèmes de santé qui l’ont éloigné des projecteurs, avant de quitter ce monde. Son départ a suscité une grande tristesse dans les milieux artistiques et culturels, de nombreux artistes et réalisateurs ayant exprimé leur chagrin, soulignant que sa perte représente un grand vide pour l’art marocain. » Des éloges qui interviennent souvent après coup. Moutaa et Razine en font ainsi les frais, eux qui ont tout donné à l’art.
Ressentir la vie
Discrétion, retenue et efficacité caractérisent le parcours d’un autre monstre des planches et des écrans : Mohamed Razine qui rejoint, à ses débuts, l’Institut de musique, de danse et d’art dramatique où il enseigne plus tard. Il se forge un petit nom au théâtre au fil de plusieurs représentations et opte ensuite pour le cinéma avec « Al Kanfoudi » de Nabyl Lahlou (1978) et « As-Sarab » d’Ahmed El Bouanani l’année suivante. « Ces œuvres fondatrices, empreintes de poésie et de réalisme, ont ouvert la voie à une nouvelle ère du cinéma marocain, où l’acteur devenait le véritable vecteur de sens et d’émotion. Tout au long de sa carrière, Razine a su se renouveler, passant avec aisance des rôles comiques aux personnages les plus tourmentés. Derrière un regard grave se cachait une grande sensibilité, celle d’un homme profondément habité par son art. Il répétait souvent que ‘’le comédien n’interprète pas la vie, il la ressent’’, une phrase qui résume à elle seule son rapport viscéral à la scène. » Avec Faouzi Bensaïdi, il participe à la pièce « Al Fil ». Il joue dans « Soif » de Saâd Chraïbi, « Ruses de femmes » de Farida Belyazid, « Les trésors de l’Atlas » de Mohamed Abbazi, « Mektoub » de Nabil Ayouch, « La Vache » de Mohamed Hamidi, dans les séries « Jnan Al Karma » et « Jouha Ya Jouha II » … Sa carrière ne se limite pas aux productions nationales. On le retrouve à l’affiche de plus de vingt films et de séries étrangers, tournés essentiellement au Maroc : « Mille et Une Nuits » du réalisateur français Philippe de Broca, et la série « L’Évangile », entre autres. Né en 1946, « Razine se distinguait par sa voix puissante et son jeu sobre et équilibré, ainsi que par son style réaliste alliant force et simplicité, ce qui lui a valu le respect des critiques et l’affection du public. Il était aussi reconnu pour son humilité et sa présence humaine touchante au sein du milieu artistique. Au cours des dernières années, il a rencontré des problèmes de santé qui l’ont éloigné des projecteurs, avant de quitter ce monde. Son départ a suscité une grande tristesse dans les milieux artistiques et culturels, de nombreux artistes et réalisateurs ayant exprimé leur chagrin, soulignant que sa perte représente un grand vide pour l’art marocain. » Des éloges qui interviennent souvent après coup. Moutaa et Razine en font ainsi les frais, eux qui ont tout donné à l’art.




















