Entre les écrivains magrébins les livres son ouverts...les hostilités aussi.
Des querelles d’écrivains, le milieu littéraire peut faire valoir une riche histoire qui n’épargne aucun pays, ni aucune région du monde. Quelles soient limitées à des écrivains ou à des groupes par affinités ou styles d’écritures, les batailles entre anciens et modernes remontent loin dans le temps. Qu’est-ce qu’une révolution surréaliste sinon une forme de dénonciation de formes poétiques désuètes qui n’a guère épargné ses tenants, comme le Dadaïsme fut une révolte de l’intérieur du surréalisme ? Dans la critique littéraire, les batailles individuelles ou rangées sont également nombreuses, prenant des allures de dispute, la polémique n’étant jamais loin ou à bonne distance de la médisance. Ces querelles d’écrivains n’ont pas épargné le Maghreb. La sortie de Yasmina Khadra contre Tahar Ben Jelloun vient le rappeler en cette année 2021.
De quoi s’agit-il? D’imposture, selon Tahar Ben Jelloun, de vilénie selon Yasmina Khadra
Dans « Eloge de l’amitié, ombre de la trahison », Tahar Ben Jelloun règle ses comptes avec Abdelkébir Khatibi qui lui avait ouvert les portes de Souffles, grâce à qui il avait obtenu une bourse pour des études à l’étranger, suite à son refus de lui confier des poèmes pour un dossier dans Le Monde des livres « J’en avertis Abdel tout de suite et lui réclamai un texte. Il me répondit avec un certain détachement et un humour de mauvais goût... Dès ce moment-là, j’aurais dû comprendre que nous n’avions pas la même conception de l’amitié. ».
Blessé dans son égo, Tahar Ben Jelloun n’a pas pardonné à Abdelkébir Khatibi cette indifférence qui se montrait, pour sa part, agacé à la prononciation du nom de Tahar Ben Jelloun en sa présence, sans réagir pour autant par une quelconque attaque ou forme de médisance. L’égo de Tahar Ben Jelloun n’est peut-être pas celui de Yasmina Khadra qui aurait dit « Mais vous savez à qui vous parlez ? Je suis l’un des écrivains les plus célèbres au monde. Je suis plus connu que l’Algérie ! Je suis allé en Italie en visite officielle avec le président algérien : je suis passé à la télé, pas lui ! », mais la piste du refus de Abdelkébir Khatibi ressenti comme une blessure narcissique par Tahar Ben Jelloun n’est pas dénuée de tout intérêt… littéraire et critique.
Dans « Les contrebandiers de l’histoire », Rachid Boudjedra se livre à un démontage en règle des romanciers de la nouvelle génération que sont Kamal Daoud, Boualem Sansal… et Yasmina Khadra qu’il qualifie « d’imposteur ». Dans sa tentative de conciliation « Les écrivains maghrébins ne sont pas légion. Au lieu de se serrer les coudes et d’être solidaires, certains préfèrent l’invective, la haine, la jalousie, l’insulte, car ils ne supportent pas le succès des autres, surtout quand ils dépassent les frontières du grand Maghreb. », Tahar Ben Jelloun suscitera cette réaction de Rachid Boudjedra : « Pour moi, Ben Jelloun n’a jamais existé. Je suis dans une sphère, il est dans une autre. Moi, je suis communiste, lui, c’est un libéral, je dirais même un mercantile…Jamais je n’ai parlé de Ben Jelloun, pourquoi il parle de moi? Pourquoi il me juge? Moi, je ne vais pas le juger. Je lui demande juste de la fermer ».
La violence verbale sera présente également dans la réaction de Yasmina Khadra dans sa dénonciation des propos rapportés de Tahar Ben Jelloun qui persiste et signe en affirmant à Bilal Mousjid «Ce que je sais, je ne l’ai pas inventé. Un jour, il y a de cela plus de dix ans, un universitaire de Montpellier a pris contact avec moi et s’est présenté comme «le nègre de M. Yasmina Khadra». Devant mon étonnement, il m’a montré des pages de brouillon qu’il devait réécrire pour le compte de l’éditeur. Il m’a même dit qu’il était payé par l’éditeur… Vous constaterez que chaque livre est écrit dans un style différent. Je n’ai rien à ajouter ».
La définition que donne Tahar Ben Jelloun du nègre en littérature s’en écarte allégrement : le nègre en littérature ne réécrit pas un manuscrit, il l’écrit et le fait signer par un autre nom que le sien…Sur Facebook, Catherine Dib apporte son témoignage et parle également de correction et non d’écriture des épreuves de Yasmina Khadra de ce professeur élevé au rang de « nègre » par Tahar Ben Jelloun : « peu de gens le savent mais c'est ce prof qui a corrigé les premières épreuves de ses romans, qui l'avait introduit dans le monde de l'édition française. D'ailleurs, depuis, Khadra est fâché contre lui parce qu'il continue de percevoir un pourcentage sur ces romans ! ».
Les lecteurs de Yasmina Khadra ne peuvent également que sourire devant le « style différent » de chaque livre de Yasmina Khadra : les lecteurs de Gabriel Garcia Marquez auraient beaucoup de difficultés à trouver des similitudes entre « L’automne du patriarche » et « Le général dans son labyrinthe » ou encore « Chronique d’une mort annoncée », « Pas de lettre pour le colonel » et « Cent ans de solitude » ! A suivre Tahar Ben Jelloun, l’on est en droit, d’un point de vue logique, de croire à l’existence de plusieurs plumes de « nègres » et non d’une seule pour donner prise au « style différent » qui marquerait, d’une œuvre à l’autre, la production romanesque de Yasmina Khadra. « Tahar ben Jelloun est descendu tellement bas qu’il n’y a pas de débat », affirme Yasmina Khadra qui poursuit « Le courage ne connaît qu’un seul ennemi plus fort que lui, c’est la lâcheté».
De quoi s’agit-il? D’imposture, selon Tahar Ben Jelloun, de vilénie selon Yasmina Khadra
Dans « Eloge de l’amitié, ombre de la trahison », Tahar Ben Jelloun règle ses comptes avec Abdelkébir Khatibi qui lui avait ouvert les portes de Souffles, grâce à qui il avait obtenu une bourse pour des études à l’étranger, suite à son refus de lui confier des poèmes pour un dossier dans Le Monde des livres « J’en avertis Abdel tout de suite et lui réclamai un texte. Il me répondit avec un certain détachement et un humour de mauvais goût... Dès ce moment-là, j’aurais dû comprendre que nous n’avions pas la même conception de l’amitié. ».
Blessé dans son égo, Tahar Ben Jelloun n’a pas pardonné à Abdelkébir Khatibi cette indifférence qui se montrait, pour sa part, agacé à la prononciation du nom de Tahar Ben Jelloun en sa présence, sans réagir pour autant par une quelconque attaque ou forme de médisance. L’égo de Tahar Ben Jelloun n’est peut-être pas celui de Yasmina Khadra qui aurait dit « Mais vous savez à qui vous parlez ? Je suis l’un des écrivains les plus célèbres au monde. Je suis plus connu que l’Algérie ! Je suis allé en Italie en visite officielle avec le président algérien : je suis passé à la télé, pas lui ! », mais la piste du refus de Abdelkébir Khatibi ressenti comme une blessure narcissique par Tahar Ben Jelloun n’est pas dénuée de tout intérêt… littéraire et critique.
Dans « Les contrebandiers de l’histoire », Rachid Boudjedra se livre à un démontage en règle des romanciers de la nouvelle génération que sont Kamal Daoud, Boualem Sansal… et Yasmina Khadra qu’il qualifie « d’imposteur ». Dans sa tentative de conciliation « Les écrivains maghrébins ne sont pas légion. Au lieu de se serrer les coudes et d’être solidaires, certains préfèrent l’invective, la haine, la jalousie, l’insulte, car ils ne supportent pas le succès des autres, surtout quand ils dépassent les frontières du grand Maghreb. », Tahar Ben Jelloun suscitera cette réaction de Rachid Boudjedra : « Pour moi, Ben Jelloun n’a jamais existé. Je suis dans une sphère, il est dans une autre. Moi, je suis communiste, lui, c’est un libéral, je dirais même un mercantile…Jamais je n’ai parlé de Ben Jelloun, pourquoi il parle de moi? Pourquoi il me juge? Moi, je ne vais pas le juger. Je lui demande juste de la fermer ».
La violence verbale sera présente également dans la réaction de Yasmina Khadra dans sa dénonciation des propos rapportés de Tahar Ben Jelloun qui persiste et signe en affirmant à Bilal Mousjid «Ce que je sais, je ne l’ai pas inventé. Un jour, il y a de cela plus de dix ans, un universitaire de Montpellier a pris contact avec moi et s’est présenté comme «le nègre de M. Yasmina Khadra». Devant mon étonnement, il m’a montré des pages de brouillon qu’il devait réécrire pour le compte de l’éditeur. Il m’a même dit qu’il était payé par l’éditeur… Vous constaterez que chaque livre est écrit dans un style différent. Je n’ai rien à ajouter ».
La définition que donne Tahar Ben Jelloun du nègre en littérature s’en écarte allégrement : le nègre en littérature ne réécrit pas un manuscrit, il l’écrit et le fait signer par un autre nom que le sien…Sur Facebook, Catherine Dib apporte son témoignage et parle également de correction et non d’écriture des épreuves de Yasmina Khadra de ce professeur élevé au rang de « nègre » par Tahar Ben Jelloun : « peu de gens le savent mais c'est ce prof qui a corrigé les premières épreuves de ses romans, qui l'avait introduit dans le monde de l'édition française. D'ailleurs, depuis, Khadra est fâché contre lui parce qu'il continue de percevoir un pourcentage sur ces romans ! ».
Les lecteurs de Yasmina Khadra ne peuvent également que sourire devant le « style différent » de chaque livre de Yasmina Khadra : les lecteurs de Gabriel Garcia Marquez auraient beaucoup de difficultés à trouver des similitudes entre « L’automne du patriarche » et « Le général dans son labyrinthe » ou encore « Chronique d’une mort annoncée », « Pas de lettre pour le colonel » et « Cent ans de solitude » ! A suivre Tahar Ben Jelloun, l’on est en droit, d’un point de vue logique, de croire à l’existence de plusieurs plumes de « nègres » et non d’une seule pour donner prise au « style différent » qui marquerait, d’une œuvre à l’autre, la production romanesque de Yasmina Khadra. « Tahar ben Jelloun est descendu tellement bas qu’il n’y a pas de débat », affirme Yasmina Khadra qui poursuit « Le courage ne connaît qu’un seul ennemi plus fort que lui, c’est la lâcheté».
Dans ces affrontements et polémiques d’écrivains, le sens de la mesure se fait discret : l’essentiel n’est pas d’argumenter pour convaincre mais de vociférer pour mobiliser les foules de lecteurs… qui ne s’en laissent pas conter!
Abdallah BENSMAÏN