Comme une histoire n’est toutefois pas un roman à clef. « Toute ressemblance avec des personnes ou événements existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence », prévient l’auteur en ouverture de son livre. À l’organisme dont il dévoile les agissements secrets, il attribue un nom peu allusif pour l’observateur local, Big data, et il affuble ses dirigeants de surnoms tout aussi péjoratifs qu’improbables : Nomo, le directeur, Kiki, sa dame de compagnie, Rahabus et Lémiste. L’auteur réserve tout le mordant de sa plume aux portraits caustiques qu’il dresse de ces personnages omnipotents qui conspirent et manigancent en se drapant de compétence usurpée et de fausse vertu.
On comprend vite que la Santé et la médecine n’ont absolument rien à espérer d’une telle coterie. Dans le monde de Big data, les plus courtisans sont les plus méritants. Servitude et autorité vont en effet de pair. Servitude à l’égard de plus fort que soi et autorité qui n’admet aucune résistance. En une décennie, le tandem au pouvoir réussit à « imposer sa banalité dans le paysage universitaire médical et rendu acceptables ses minauderies à un entourage ivre d’hypocrisie et suspendu à l’ardent désir de gagner une confiance consentie au prix d’un asservissement sans retour ».
Grisé par sa toute-puissance, le clan Nomo ne sent pas la fin venir. Une lettre anonyme dévoile sa malfaisance et précipite sa fin. Mais il ne laisse derrière lui qu’une « terre brûlée en guise de revanche ». « Tout était fait pour que le chaos soit toujours aux portes de tout changement et hypothèque définitivement l’avenir ». Le CHU dont il avait pris la commande ne se relèvera pas de sitôt de ce gâchis.
Quelle leçon tirer d’une telle histoire ?
Le pays aurait-il à ce point mal à son élite ? En guise de réponse, l’auteur nous donne à méditer cette réplique camusienne : « Si le Trésor a de l’importance, alors la vie humaine n’en a pas ». La mise en garde est à peine voilée contre les chantres d’un libéralisme débridé qui, voulant tout miser sur le trésor et le rendement, finissent par attiser les ambitions les plus égoïstes et les plus perfides. « Une société basée sur l’argent, dit encore Camus, ne peut prétendre à la grandeur ou à la justice ».
On comprend vite que la Santé et la médecine n’ont absolument rien à espérer d’une telle coterie. Dans le monde de Big data, les plus courtisans sont les plus méritants. Servitude et autorité vont en effet de pair. Servitude à l’égard de plus fort que soi et autorité qui n’admet aucune résistance. En une décennie, le tandem au pouvoir réussit à « imposer sa banalité dans le paysage universitaire médical et rendu acceptables ses minauderies à un entourage ivre d’hypocrisie et suspendu à l’ardent désir de gagner une confiance consentie au prix d’un asservissement sans retour ».
Grisé par sa toute-puissance, le clan Nomo ne sent pas la fin venir. Une lettre anonyme dévoile sa malfaisance et précipite sa fin. Mais il ne laisse derrière lui qu’une « terre brûlée en guise de revanche ». « Tout était fait pour que le chaos soit toujours aux portes de tout changement et hypothèque définitivement l’avenir ». Le CHU dont il avait pris la commande ne se relèvera pas de sitôt de ce gâchis.
Quelle leçon tirer d’une telle histoire ?
Le pays aurait-il à ce point mal à son élite ? En guise de réponse, l’auteur nous donne à méditer cette réplique camusienne : « Si le Trésor a de l’importance, alors la vie humaine n’en a pas ». La mise en garde est à peine voilée contre les chantres d’un libéralisme débridé qui, voulant tout miser sur le trésor et le rendement, finissent par attiser les ambitions les plus égoïstes et les plus perfides. « Une société basée sur l’argent, dit encore Camus, ne peut prétendre à la grandeur ou à la justice ».
Nabil EL JABBAR
Professeur de littérature