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Actu Maroc

Les marocains bloqués à l’étranger s’impatientent


Rédigé par Saâd JAFRI Lundi 18 Mai 2020

Malgré le rapatriement de quelques Marocains bloqués à Melillia, ceux coincés en Europe, restent pessimistes, appelant le gouvernement à être plus réactif



L’espoir commence à renaître parmi les Marocains bloqués dans le préside occupé de Melillia, après le rapatriement de quelque 200 personnes, vendredi dernier. À Sebta, également, pour les centaines de ressortissants piégés au passage frontalier de Tarajal, les attentes sont élevées, surtout après que plusieurs médias marocains et espagnols aient révélé, dimanche, le déplacement d’un convoi composé d’une dizaine d’autocars qui se sont dirigés très tôt le matin vers ledit passage (voir repères). Mais en Europe, tout espoir des Marocains bloqués demeure brisé, surtout après la très polémique déclaration du Chef du gouvernement, qui date du 7 mai : «dès que la décision d’ouvrir les frontières sera prise, ils rentreront». 

Cri de détresse !

Devant le consulat du Maroc à Paris, un citoyen brandit son passeport vert, les larmes aux yeux, les mains tremblantes et sur un ton dénonciateur, il crie «Nous voulons rentrer chez nous. S’il vous plaît, nous ne pouvons plus supporter cette situation». A peu près la même scène se répète dans différents pays européens où quelque 37.000 personnes, selon nos sources, attendraient leur rapatriement. Des citoyens marocains qui ont vécu le martyre durant ces dernières semaines, se rassemblent devant leur consulat à Istanbul, Bruxelles, Algésiras, Amsterdam et autres, enfreignant les états d’urgence pour réclamer leur rapatriement. 
 
Du côté des départements des Affaires étrangères, tout semble être prêt pour le rapatriement immédiat d’une catégorie de ces Marocains, comme l’a affirmé l’un des responsables dans les médias, ajoutant qu’ils attendent seulement le feu vert des autorités sanitaires. Cependant, le point qui semble entraver ce processus, est que cette décision implique des conditions de retour strictes et bien tracées en termes de sécurité sanitaire, notamment en matière de mise en quarantaine et de suivi médical. Car l’essentiel selon le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita «n’est pas le timing, mais l’impact d’une telle démarche sans surenchère et sans précipitation», afin d’éviter la contamination, des familles et des autres citoyens. Or ces personnes qui ont déjà supporté plus que ce qu’un Homme puisse supporter, n’arrivent plus à tolérer l’attentisme du gouvernement. «Je sens bien que je suis une charge et cela m’est insupportable…au point que j’erre dans les rues de Paris le jour en plein confinement pour réduire le temps de ma présence chez les personnes qui m’hébergent», s’indigne Fatima, une ingénieure dévouée qui a mené une carrière de plus de 30 ans au service de l’Etat, et qui se sent aujourd’hui rejetée par son pays. 

Confiance réduite à néant

Ceci dit, une grande partie de ces citoyens a perdu toute confiance en les actions du gouvernement. Malgré le rapatriement de la première tranche à Melillia, ils restent pessimistes : «on ne sait pas si le fait d’avoir rapatrié ces 200 personnes est juste pour calmer les choses suite au décès de la jeune femme, ou bien s’il y a réellement un plan de rapatriement pour toutes les personnes coincées», s’interroge Adil.

Ainsi, encore une fois, le problème de la communication doit être résolu. Au moment où des citoyens marocains sont dans l’incertitude et la panique, loin de leurs foyers et leurs familles, la transparence demeure le parent-pauvre du département des Affaires étrangères. 

Saâd JAFRI 

3 questions à Hadj Chafiq, Coordinateur du Parti de l’Istiqlal en Europe

Hadj Chafiq
Hadj Chafiq
«Plusieurs Marocains ont totalement perdu espoir avec le temps»

- Comment les Marocains coincés à l’étranger vivent-ils cette période de blocage ?

- La situation des Marocains bloqués à l’étranger est désastreuse. Le ministère des AE doit annoncer clairement quand est-ce qu’il compte les rapatrier, car ces personnes coincées depuis maintenant deux mois, n’arrivent plus à supporter cette contrainte. Certaines d’entre elles sont prises en charge par l’État marocain, soit, mais beaucoup demeurent en péril. D’un autre côté, certains concitoyens ont laissé femme et enfants au Maroc. Ils meurent aujourd’hui dans la solitude et l’indifférence, et sont enterrés en l’absence de leurs proches, dans des carrés musulmans où les places se font de plus en plus rares.

-Une première tranche de Marocains bloqués a été rapatriée vendredi, cela peut-il donner espoir à ceux qui attendent toujours ?
- Il y a quelques personnes qui se sont montrées optimistes suite à cette action engagée par le Maroc, mais une grande partie a totalement perdu espoir avec le temps. Les raisons derrière ce désespoir sont le manque de transparence et de communication du gouvernement. Les gens veulent avoir simplement la date de leur retour, mais ils n’arrivent pas à l’avoir, ce qui cause leur psychose, surtout qu’il y a des rumeurs qui circulent laissant entendre que la situation va durer jusqu’au mois de juillet ou septembre. 

- Concernant la communication des ambassadeurs et des consuls, y a-t-il eu du progrès depuis la dernière réunion de la Commission des affaires étrangères au parlement ? 
-Effectivement, il y a un grand changement au niveau de la communication des ambassades et des consulats, qui sont aujourd’hui totalement mobilisés pour accompagner les citoyens. Sur le plan financier il y a même ceux qui donnent de leur propre salaire, ce qui montre un élan de solidarité remarquable. Maintenant ce qui manque, c’est de donner l’information concernant le rapatriement de ces personnes. Il faut sortir de cet attentisme, sur lequel stagne le gouvernement.

Recueillis par S. J. 








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