Pour mettre au jour cette oeuvre inédite, la maison d’édition El Kalima, l’a éditée en août 2020 au sein de la série des P.I.M. («Petits Inédits Maghrébins»), sous la direction de leur directeur littéraire, Guy Dugas, pour qui la littérature maghrébine a peu de secrets, des classiques aux modernes, si l’on peut dire.
Préfacée par Kacem Basfao, spécialiste reconnu de Driss Chraïbi, la Greffe, se compose de quatre séquences. L’action se passe à Casablanca.C’est une mise en scène d’une famille bourgeoise citadine. Quatre personnages protagonistes représentent des rapports conflictuels entre deux générations.
Depuis la publication de son premier roman le passé simple (1954), Driss Chraïbi est devenu l’auteur de la révolte contre l’ordre coutumier marocain, et ce, à travers des thématiques comme le mariage interreligieux, la souveraineté du père, le statut de la femme, par exemple.
La voix féminine longtemps confinée, à cause de la domination masculine, a pu, grâce à Chraïbi, exprimer sa vision du monde sans avoir peur d’être mal jugée ! C’est une pièce de théâtre écrite au service de la cause féminine.
La femme est représentée selon une dualité complexe : Madame Sken, image de l’épouse traditionnelle, analphabète et soumise. Son rôle est réduit aux tâches ménagères. Inversement à l’image du personnage de sa fille cadette Malika, femme moderne et assoiffée de la culture occidentale mais qui ne rejette pas la sienne. Cette jeune femme de vingt trois ans a repensé son statut en faisant des études de médecine, et en se battant pour son droit à un mariage interreligieux. Malika, en confrontation avec son père, s’est demandée pourquoi un jeune musulman a le droit d’épouser une chrétienne alors qu’une jeune musulmane n’a pas ce même droit ? Perspicacement, elle a démontré que si les maghrébins sont initiés à la culture, à la science et à la technologie c’est grâce à l’Occident, pourquoi donc interdire à une femme d’épouser un chrétien ? Alors que cet Occident est ancré dans notre quotidien ? Suite à ce raisonnement, Madame Sken s’est montrée incapable de défendre sa position, faute de méconnaissance de sa religion et du manque des mécanismes d’argumentation.
L’acuité de la question identitaire se résume également dans le conflit intergénérationnel entre Monsieur Sken et son fils Abdelak. Le père, toujours attaché à son contexte socio-historique, grand défendeur des valeurs arabo-musulmanes, rejette tout moyen de réconciliation avec l’Occident. A l’inverse de son fils, représentant d’une génération ouverte. Il est fasciné par la pensée moderne. Abdelak noue des rapports avec cet autrui qui n’est plus un ennemi mais qui constitue une partie de son identité marocaine.
Cette situation d’ambivalence entre deux générations marque un déchirement entre les rapports familiaux et sociaux. Abdelak n’a pas seulement dénoncé le patriarcat et les idées passéistes, de plus, il a lutté pour l’émancipation de la femme maghrébine, tout en commençant par son petit cercle (il a encouragé sa maman et sa soeur à se révolter contre l’autorité masculine).
La greffe, Cette oeuvre pionnière nous invite à repenser nos rapports à l’identité. La conscience identitaire se construit grâce à la réconciliation entre la religion, la culture et la science. Ceci ne serait-ce que pour favoriser le dialogue entre les civilisations, encourager l’émancipation de la femme et le développement de l’Humain. Dans la collection Petits Inédits Maghrébins, les éditions Kalima présentent un catalogue fourni avec des auteurs de premier plan Jean Sénac, Abdelkader Hadj Hamou, Anna Gréki et Mohammed Khadda, Laadi Flici et alii, Henry de Montherlant, Mohammed Dib, Emmanuel Roblès, Mouloud Feraoun, Robert Namia, Albert Memmi, Jean Amrouche, Jules Roy, en attendant des inédits annoncés, parmi lesquels des inédits de Jules Verne, Ahmed Sefrioui, Colette.
Préfacée par Kacem Basfao, spécialiste reconnu de Driss Chraïbi, la Greffe, se compose de quatre séquences. L’action se passe à Casablanca.C’est une mise en scène d’une famille bourgeoise citadine. Quatre personnages protagonistes représentent des rapports conflictuels entre deux générations.
Depuis la publication de son premier roman le passé simple (1954), Driss Chraïbi est devenu l’auteur de la révolte contre l’ordre coutumier marocain, et ce, à travers des thématiques comme le mariage interreligieux, la souveraineté du père, le statut de la femme, par exemple.
La voix féminine longtemps confinée, à cause de la domination masculine, a pu, grâce à Chraïbi, exprimer sa vision du monde sans avoir peur d’être mal jugée ! C’est une pièce de théâtre écrite au service de la cause féminine.
La femme est représentée selon une dualité complexe : Madame Sken, image de l’épouse traditionnelle, analphabète et soumise. Son rôle est réduit aux tâches ménagères. Inversement à l’image du personnage de sa fille cadette Malika, femme moderne et assoiffée de la culture occidentale mais qui ne rejette pas la sienne. Cette jeune femme de vingt trois ans a repensé son statut en faisant des études de médecine, et en se battant pour son droit à un mariage interreligieux. Malika, en confrontation avec son père, s’est demandée pourquoi un jeune musulman a le droit d’épouser une chrétienne alors qu’une jeune musulmane n’a pas ce même droit ? Perspicacement, elle a démontré que si les maghrébins sont initiés à la culture, à la science et à la technologie c’est grâce à l’Occident, pourquoi donc interdire à une femme d’épouser un chrétien ? Alors que cet Occident est ancré dans notre quotidien ? Suite à ce raisonnement, Madame Sken s’est montrée incapable de défendre sa position, faute de méconnaissance de sa religion et du manque des mécanismes d’argumentation.
L’acuité de la question identitaire se résume également dans le conflit intergénérationnel entre Monsieur Sken et son fils Abdelak. Le père, toujours attaché à son contexte socio-historique, grand défendeur des valeurs arabo-musulmanes, rejette tout moyen de réconciliation avec l’Occident. A l’inverse de son fils, représentant d’une génération ouverte. Il est fasciné par la pensée moderne. Abdelak noue des rapports avec cet autrui qui n’est plus un ennemi mais qui constitue une partie de son identité marocaine.
Cette situation d’ambivalence entre deux générations marque un déchirement entre les rapports familiaux et sociaux. Abdelak n’a pas seulement dénoncé le patriarcat et les idées passéistes, de plus, il a lutté pour l’émancipation de la femme maghrébine, tout en commençant par son petit cercle (il a encouragé sa maman et sa soeur à se révolter contre l’autorité masculine).
La greffe, Cette oeuvre pionnière nous invite à repenser nos rapports à l’identité. La conscience identitaire se construit grâce à la réconciliation entre la religion, la culture et la science. Ceci ne serait-ce que pour favoriser le dialogue entre les civilisations, encourager l’émancipation de la femme et le développement de l’Humain. Dans la collection Petits Inédits Maghrébins, les éditions Kalima présentent un catalogue fourni avec des auteurs de premier plan Jean Sénac, Abdelkader Hadj Hamou, Anna Gréki et Mohammed Khadda, Laadi Flici et alii, Henry de Montherlant, Mohammed Dib, Emmanuel Roblès, Mouloud Feraoun, Robert Namia, Albert Memmi, Jean Amrouche, Jules Roy, en attendant des inédits annoncés, parmi lesquels des inédits de Jules Verne, Ahmed Sefrioui, Colette.
Maryem SADDIQUI