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Le pied diabétique : De simples plaies difficilement traitables


Rédigé par Meryem EL BARHRASSI le Dimanche 23 Janvier 2022

Les personnes diabétiques le savent bien : elles ont un risque accru de souffrir d’une plaie au pied, cicatrisant difficilement. Jusqu’à 5% des diabétiques ont un ulcère du pied qui peut mener à l’amputation s’il n’est pas soigné rapidement. La prévention est cruciale.



Mal contrôlé, le diabète expose les patients à un risque accru de plaies et d’atteintes podologiques. Couramment nommé « pied diabétique », ce syndrome regroupe une diversité de manifestations et de symptômes pouvant parfois conduire à de graves conséquences. D’où la nécessité de prendre soin de ses pieds et de mettre en place des mesures de préventions actives afin d’éviter blessures et complications. Le pied diabétique est l’une des complications les plus redoutables du diabète.

En effet, lorsque ce dernier n’est pas équilibré, l’hyperglycémie chronique peut induire une neuropathie, c’est-à-dire une atteinte du système nerveux périphérique. « Cette neuropathie des membres inférieurs perturbe considérablement la sensibilité à la douleur, notamment au niveau des pieds », explique Dr Houda Lazrak, diabétologue. « Les diabétiques vont moins percevoir les petites blessures : ampoule, ongle mal coupé, corne aux points d’appui. Or, ces lésions cutanées, si l’on n’y prend pas garde, peuvent s’infecter et dégénérer en gangrène si le pied est mal vascularisé. Les amputations liées au pied diabétique trouvent souvent leur origine dans une petite plaie qui aurait pu être évitée », ajoute-t-elle.

Une pathologie silencieuse

Pour Dr Lazrak, « c’est un diabète mal contrôlé qui cause l’apparition d’ulcères. À la longue, si la maladie n’est pas traitée correctement, elle endommage les terminaisons nerveuses du pied. De ce fait, la personne diabétique n’est plus en mesure de détecter les inconforts, ce qui retarde l’identification des blessures ». L’hyperglycémie chronique finit par altérer les nerfs. Les symptômes varient en fonction des patients et peuvent se traduire au début par des fourmillements ou des douleurs.

Le patient peut également présenter des troubles de la sensibilité au froid et à la chaleur ainsi qu’une diminution de la sensation de douleur : il ne perçoit alors plus les traumatismes pouvant survenir sur le pied et se blesse sans s’en apercevoir.

« La neuropathie va insidieusement engendrer des perturbations du schéma de marche et de la morphologie du pied qui va devenir à haut risque de blessures superficielles, confirme la spécialiste. « Celles-ci peuvent laisser place à des ulcérations de la peau. Le pied souffre également souvent d’une sécheresse cutanée provoquant des fissures, véritables plaies sources d’infection. Des callosités en regard des déformations peuvent aussi provoquer des blessures ultérieures. La survenue d’une plaie sur un pied totalement insensible et plus ou moins bien vascularisé est vraiment l’ennemi numéro 1 », souligne Dr Lazrak.

Un traitement multidisciplinaire

Le traitement d’une plaie chronique du pied diabétique nécessite une approche multidisciplinaire. « La première étape consiste à rétablir les conditions d’une bonne cicatrisation via la mise en décharge stricte du pied, à laquelle on ajoutera si nécessaire une antibiothérapie, une revascularisation des tissus ou un débridement chirurgical », indique la diabétologue. Une prise en charge médicale permet d’augmenter ses chances de guérison et d’éviter l’amputation.

Des risques d’amputation

L’amputation a lieu en dernier recours, lorsque tous les traitements entrepris ont été trop tardifs ou bien lorsque le pied ne peut techniquement plus être revascularisé. « Environ 10% des diabétiques courent un risque d’amputation. C’est peu et beaucoup à la fois car on dénombre chaque année, plus de 10.000 amputations dues aux complications du diabète. On sait qu’un grand nombre de ces amputations pourrait être évité par plus de prévention, un diagnostic précoce et des soins appropriés », admet Dr Houda Lazrak.

Garder un oeil sur les pieds

Selon Dr Lazrak, plusieurs réflexes et habitudes quotidiennes permettent en effet de garder des pieds en bonne santé: un suivi irréprochable du traitement contre le diabète, afin d’éviter au maximum les hyperglycémies, une hygiène scrupuleuse des pieds (y compris des ongles) : les pieds doivent être lavés régulièrement, à l’aide d’un savon doux et à l’eau tiède. Ils doivent ensuite être entièrement séchés (orteils, ongles et pieds). Les bains de pieds doivent être évités. Les ongles doivent être bien entretenus, à l’aide d’une lime à ongles (plutôt que d’un coupe-ongles), des contrôles réguliers de l’état de santé des pieds, enfin, en cas de pied infecté, il faut retrouver un diabète équilibré, arrêter de fumer (car le tabac a des effets sur la circulation sanguine), éviter les facteurs de risque, etc.




Meryem EL BARHRASSI


Bien choisir ses chaussures
 
Dernier conseil et non des moindres, évitez de marcher pieds nus et prêtez une attention particulière au choix de vos chaussures. Attention : les pieds gonflent dans la journée, achetez vos chaussures en fin de journée et mettez-les progressivement pour qu’elles se fassent à votre pied sans vous blesser. « La chaussure doit avoir une chambre antérieure suffisamment large et haute pour le pied du patient », conseille Dr Lazrak. Mais inutile de prendre des chaussures trop grandes pour plus de confort : le pied étant plus libre dans une chaussure trop grande frotte plus sur la tige de la chaussure et se blesse plus. N’oubliez pas que chaque pied est différent et qu’il convient d’avoir des chaussures adaptées à sa morphologie, aux conditions de marche et à l’état de santé de ses pieds.
 







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