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La recrudescence des contaminations Covid-19 fausse les calculs d’ Abdellatif Jouahri


Rédigé par N. BATIJE Vendredi 25 Septembre 2020

Lors de sa troisième réunion trimestrielle de l’année 2020, tenue mardi 22 septembre, le Conseil de Bank Al-Maghrib a jugé que les conditions de financement de l’économie restent adéquates, et a opté pour le maintien du taux directeur inchangé à 1,5%.



La recrudescence des contaminations Covid-19 fausse les calculs d’ Abdellatif Jouahri
A en juger par les propos tenus par M. Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, lors de sa traditionnelle conférence de presse, cette décision est intervenue après que ledit Conseil ait analysé les développements de la conjoncture économique et sociale et les projections macroéconomiques à moyen terme de la Banque. Des projections qui, à la lumière des données disponibles, de l’évolution de la situation sanitaire et de la réponse des autorités, ont été ajustées par rapport à l’édition de juin. 

Une contraction plus prononcée de l’économie

On retiendra que le scénario central qui en découle table sur une contraction plus prononcée de l’économie en 2020. Elle sera suivie d’un relatif rebond en 2021 et demeure cependant entourée d’un degré exceptionnellement élevé d’incertitudes liées notamment à l’évolution de la pandémie et à ses conséquences aussi bien au niveau national qu’international.

C’est d’ailleurs ce qui fait que la prévision de la Banque centrale, annoncée en juin dernier pour l’ensemble de l’année 2020, a été revue à la baisse tenant compte d’un certain nombre de considérations dont un redémarrage plus lent que prévu dans l’activité, la mise en place de certaines restrictions locales ou sectorielles, suite à la recrudescence des infections, ainsi que la poursuite de la fermeture quasi-totale des frontières pour les voyageurs.

Désormais, le scénario de base de Bank Al-Maghrib retient une contraction de 6,3% de l’économie nationale avec des reculs de 5,3% de la valeur ajoutée agricole et de 6,3% de celle des secteurs non agricoles.

 En 2021, et sous certaines hypothèses, dont une hausse de 12,6% de la valeur ajoutée agricole basée sur une récolte céréalière de 75 millions de quintaux et une amélioration de 3,7% de celle non agricole, le PIB rebondirait de 4,7%. Toujours est-il qu’au vu, une fois de plus, du niveau d’incertitudes afférentes à l’évolution de la pandémie qualifié « d’exceptionnellement élevé », à l’ampleur de ses retombées ainsi qu’au rythme de la reprise, ces perspectives peuvent, à tout moment, faire l’objet d’actualisation.

D’autant plus que sur le plan des comptes extérieurs, la tendance consacre une forte baisse des principaux indicateurs qui en découlent.

Les comptes extérieurs mis à rude épreuve

A ce titre, les exportations de biens ont reculé, en glissement annuel, de 17% à fin juillet. Elles sont notamment tirées par un repli des ventes de 28,7% pour le secteur automobile, et de 29,5% pour le textile. Ceci, au moment où les importations ont connu une baisse de 17,5%, reflétant essentiellement des régressions de 18,5% des acquisitions de biens d’équipement, et de 24,8% des achats de produits finis de consommation, ainsi qu’un allégement de 31,6% de la facture énergétique.

Idem pour les recettes de voyage dont le reflux s’est accentué à 44,1% alors que celui des transferts des MRE s’est limité à 3,2%.

Pour l’ensemble de l’année, les exportations ressortiraient, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, en chute de 16,6% avant d’augmenter de 22,4% en 2021, portées en particulier par la progression prévue des expéditions du secteur automobile.

Parallèlement, les importations de biens se contracteraient de 17,4% avant de s’accroître de 17% en 2021. S’agissant des recettes de voyage, elles ressortiraient en forte diminution, passant de 78,8 milliards de dirhams en 2019 à 23,9 milliards en 2020 et rebondiraient à 49,1 milliards en 2021. De leur côté, les transferts des MRE, qualifiés de plus résilients à la crise, accuseraient une baisse limitée de 5% à 61,5 milliards avant de s’améliorer de 2,4% à 63 milliards en 2021. 

Dans ces conditions, le déficit du compte courant devrait se creuser à 6% du PIB en 2020, au lieu de 10,3% prévu juin. Il devrait s’alléger à 5,2% du PIB en 2021.

Concernant les entrées d’IDE, BAM estime qu’elles reculeraient à l’équivalent de 1,5% du PIB cette année contre 2,9% du PIB en 2019, avant de revenir en 2021 au niveau moyen observé avant la crise. Du coup, et tenant compte de la mobilisation exceptionnelle des financements extérieurs évoqués par BAM, l’encours des avoirs officiels de réserve avoisinerait 294,7 milliards de dirhams à fin 2020 et 289 milliards à fin 2021, soit l’équivalent de 6 mois et 20 jours d’importations de biens et services. 

Le cash en hausse exceptionnelle
Pour ce qui est des conditions monétaires, la circulation fiduciaire (cash) a connu une hausse exceptionnelle de 65,5milliards de dirhams au cours des sept premiers mois de l’année, soit plus de trois fois et demi la hausse enregistrée pour l’ensemble de l’année 2019.

BAM estime que cette circulation terminerait l’année en hausse de 16%, avant de retrouver un rythme qui se rapproche de son évolution historique en 2021. Ceci, au moment où le déficit de liquidité bancaire se creuserait de 62,3milliards de dirhams à fin 2019, à 82 milliards à fin 2020 et à 109,8 milliards à fin 2021.

Pour ce qui est du crédit bancaire, l’encours au secteur non financier s’est accru, en glissement annuel, de 6% à fin juillet, en relation principalement avec l’augmentation importante des prêts de trésorerie accordés aux entreprises privées. Il devrait, selon les estimations de BAM qui tiennent compte de l’évolution prévue de l’activité économique et de l’effet attendu du programme « Intelaka » ainsi que des différentes mesures de soutien et de relance, enregistrer une progression autour de 4% en 2020 et en 2021. 

Les finances publiques en quête de ressources
Pour ce qui est des finances publiques, traitant de l’exécution budgétaire au terme des huit premiers mois de l’année, BAM évoque un déficit de 46,5 milliards de dirhams, contre 35,2 milliards un an plutôt, et ce, compte tenu du solde positif de 9 milliards du Fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie. Les recettes ordinaires ont régressé de 6,5%, impactées par le recul de 8,4% des rentrées fiscales. En parallèle, les dépenses globales ont augmenté de 2,5%, traduisant essentiellement une hausse de 8,3% des charges au titre des autres biens et services, alors que les dépenses d’investissement ont diminué de 4,7% et celles au titre de la compensation de 6,4%. Pour financer l’aggravation du déficit budgétaire, la Trésorerie Générale va, entre autres, procéder à une sortie sur le marché financier international dans les prochains jours et une deuxième en 2021. La sortie de cette année sera en euros et sera prise en compte dans les réserves de BAM.

 N. BATIJE

Repères

Les impayés bancaires
Selon les chiffres de BAM, les créances en souffrance enregistrent à fin juillet une hausse de 7 MM de dhs et passent ainsi de 70 MM de dhs à 77 MM de dhs. Leur ratio à l’encours du crédit bancaire s’est quasiment stabilisé à environ 8%. Pour Bank Al-Maghrib, qui estime que tout ce qui est garanti par l’Etat représente un risque limité pour les banques, il y a lieu de distinguer entre les impayés dus au moratoire accordé par les banques, et les vraies créances en souffrance qui seront traitées par ces mêmes banques au cas par cas.
Le mobile banking
Le Wali de Bank Al-Maghrib estime que le mobile banking ou le paiement mobile est un instrument pour juguler le recours massif au cash, réduire le temps et le coût des opérations. A cet effet, il propose, en plus des incitations, de lancer une opération pilote dans une région donnée, ou encore servir les aides du programme Tayssir par mobile banking, et commencer par Casablanca. M. Abdellatif Jouahri affirme être prêt à veiller personnellement à ce que le paiement mobile soit déployé dans les meilleurs délais, quitte à taper à toutes les portes.
Besoin en liquidité
Durant le deuxième trimestre de 2020, le besoin en liquidité des banques s’est accentué à 95,9 milliards de dirhams en moyenne hebdomadaire, contre 71,4 milliards un trimestre auparavant. A ce titre, Bank Al-Maghrib a augmenté le montant de ses injections à 98,5 milliards, dont notamment 31,1 milliards sous forme d’avances à 7 jours, 47,6 milliards à travers les opérations de pensions livrées, 15,8 milliards au titre des opérations de prêts garantis accordés dans le cadre du programme de soutien au financement de la TPME, et 3,5 milliards servis sous forme de swap de change.








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