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International

La jeunesse africaine face au défi du développement : Pour une politique d’intégration panafricaine de l’employabilité


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 7 Février 2022

La jeunesse, innovante et connectée au reste du monde, a des potentialités pour développer durablement l’Afrique. Cela exige de promouvoir l’entrepreneuriat, la créativité et l’innovation dès l’école primaire jusqu’aux programmes universitaires. Il concerne aussi le rajeunissement des instances politiques pour une meilleure représentativité.



Les derniers événements intervenus au Mali, en Guinée et au Burkina Faso interpellent analystes, experts et autres observateurs. Car ils ont été marqués par une forte mobilisation de la jeunesse. Donc un soutien massif à ces coups d’Etat, mêmes condamnés par la communauté internationale. Et le message des mouvements des jeunes est clair : « si la politique ne s’occupe pas de la jeunesse, alors celle-ci s’occupera de la politique ». Les pouvoirs publics doivent s’occuper de la jeunesse pour ne pas mettre ainsi en péril la paix et le développement vivable.

Cette jeunesse reste fortement confrontée au manque d’emploi. Le nombre de chômeurs atteint désormais 7,2 millions au 1er trimestre 2021, soit 8.000 personnes de plus qu’au trimestre précédent. Les destructions d’emploi ont surtout été enregistrées dans les secteurs de la construction et de l’agriculture, et les jeunes de 15 à 34 ans sont particulièrement touchés. La conférence hybride organisée, samedi 5 février, par Le Laboratoire de Recherches et d’Actions Diplomatiques (LaRAD), est venue élucider un mal qui touche le continent.

Placée sous le thème : « Jeunesse Consciencieuse, Acteur du Développement Durable », avec le haut patronage de Félix Antoine Tshisekedi, Président de la RDC, et animée par des experts de renom, la rencontre a été l’occasion de saluer des initiatives mais aussi inviter les jeunes à prendre part activement dans le développement à travers des projets structurants initiés par les gouvernants. D’ailleurs, la présence de Mme Francisca TATCHOUOP BELOBE, Vice-Présidente de la Commission de la CEEAC (Guinée Equatoriale), spécialiste en développement social et économique, en dit long.

Réglages socio-politiques

A titre illustratif, la gouvernance actuelle en RDC. Le train de la paix est bien sur le rail et quelques réglages socio-politiques ne doivent pas l’arrêter. Il est sur le bon chemin du développement et de la puissance digne d’une grande nation. Cependant, le soutien de toute sa jeunesse est indispensable pour réussir la paix et le développement durablement vivable.

Aujourd’hui, l’avenir de la jeunesse africaine n’est ni de finir noyée dans le cimetière de la Méditerranée à la recherche d’un eldorado européen, ni son exploitation. L’avenir de la jeunesse africaine, c’est l’entrepreneuriat et l’engagement public pour changer la politique gérontocratique et transformer la gouvernance africaine. Tout est dit, le reste est dans les détails. Ce qui fait dire à cet expert, que l’Afrique n’a pas besoin de solidarité internationale ni d’Aide publique au développement (APD) pour se développer.

Une belle réflexion car si la coopération produisait le développement, l’Afrique serait riche aujourd’hui. Si la solidarité internationale réduisait la pauvreté, l’Afrique compterait une proportion importante des classes moyennes. Résultat : 60 ans d’APD pour pas grand-chose.

Toutes les estimations montrent que l’Afrique est un créancier net du reste du monde, et non un débiteur, en raison des sorties massives de capitaux illicites du continent.

Pire, quand un dollar entre en Afrique, deux dollars sortent. Il y a donc l’existence d’un triste paradoxe : alors qu’en 2018, l’Afrique a reçu 29,7 milliards de dollars d’aide publique au développement (APD), elle a simultanément perdu plus de 50 milliards de dollars en flux financiers illicites (FFI). Le montant moyen des pertes annuelles de l’IFF se situe entre 50 et 148 milliards de dollars il y a 9 ans selon la CEA. Ce chiffre est en nette croissance d’année en année. Ce qui impacte négativement la création d’emploi pour les jeunes.

Débouchés professionnels

A ces facteurs s’ajoute la faillite des instruments internationaux de paix et de sécurité collective. Avec le terrorisme, ne doit-on pas craindre la « somalisation » de l’Afrique, malgré la présence massive des forces internationales contre le terrorisme ? Les velléités déstabilisatrices et prédatrices guettent l’Afrique : 2 axes terroristes (Libye- Lac Tchad, Sahel - Somalie) et 3 planques jihadistes (Sinaï – Beni – Capo Delgado). L’ensemble de conjonctions d’événements locaux et de géopolitique internationale est à la base de l’insécurité grandissante que connait la Corne de l’Afrique et l’Afrique centrale sans oublier le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria avec Boko Haram.

Cependant, la jeunesse africaine doit se mobiliser. Pour ce faire, la doctrine est simple pour la jeunesse et les pays africains doivent mettre en avant leurs propres intérêts avant de tenir compte des préoccupations légitimes des autres pays. Ils doivent compter sur leurs propres ressources pour favoriser leur propre développement avant de compter sur la générosité des autres.

La jeunesse doit mettre en avant ses propres intérêts avant de suivre moutonnement des idéologies des politiques, religieux et malfaiteurs. Le grand défi de la jeunesse à relever, c’est l’absence de formation et de débouchés professionnels. D’autres défis, comme la récurrente des émeutes urbaines, l’instrumentalisation politique ou religieuse pour créer la psychose et l’insécurité, l’immigration clandestine, etc., découlent de cette situation d’ignorance, d’absence de perspectives et de désespoir.

Enfin, la jeunesse, innovante et connectée au reste du monde, a des potentialités pour développer durablement l’Afrique. Cela exige de promouvoir l’entrepreneuriat, la créativité et l’innovation dès l’école primaire jusqu’aux programmes universitaires. Il concerne aussi le rajeunissement des instances politiques pour une meilleure représentativité. Enfin, les pays doivent mettre en place des politiques publiques d’autonomisation de la jeunesse.



Wolondouka SIDIBE

Trois questions à Paul Kananura


Soutenir l’entreprenariat et l’emploi des jeunes
 
Pour le Président de l’Institut Mandela de Paris, Paul Kananura, la jeunesse doit être au centre de toute stratégie nationale, voire panafricaine de développement, le tout dans un partenariat gagnant-gagnant.


- Quelle doit-être la vision de la jeunesse africaine aujourd’hui ?


 - On dit souvent que les autres peuples ont besoin d’un ennemi imaginaire pour vivre. Et les Africains ont besoin des amis pour survivre. Cela n’est plus possible de dominer le monde dans le contexte actuel de fortes compétitions géopolitiques. Chacun doit jouer sa partition d’influence et celui qui y refuse va disparaître. La jeunesse africaine doit s’imprégner d’une vision stratégique pour comprendre les choses et les événements. Cela permet d’adopter une attitude de réaction avec une stratégie gagnante.


- Pourtant, l’Afrique reste un enjeu majeur. Que faut-il faire ?
 
- Effectivement, l’Afrique demeure l’enjeu des autres sans ses propres acteurs. Voilà le nœud du problème d’utilisation de coopération internationale comme instrument de domination lié à la diplomatie de mendicité. L’Afrique continue de faire face aux défis de faible gouvernance, de l’insuffisance de développement socio-économique et l’extension du terrorisme comme instrument de domination par la terreur.

Il faudra dépasser le temps politique de compromission (la courte vision politique) pour s’inscrire dans le temps long de la stratégie et de la Prospective avec une vision d’influence. C’est le panafricanisme des outils juridiques (Etats Unis d’Afrique) et économiques (industrialisation & transformation des matières premières) qui doit guider l’esprit de la jeunesse éveillée et consciencieuse des enjeux du monde.


 
- Les jeunes ont besoin de soutien. Quel est l’état actuel ?

- C’est une nécessité. Des initiatives naissent telle la création d’une banque des jeunes pour soutenir l’entrepreneuriat et l’emploi des jeunes (exemple du Burundi). C’est aussi le Projet ASAK en Ouganda et qui facilite l’accès à la moto, sans garantie, des jeunes à cet engin pour améliorer la qualité de transport, l’emploi et leurs conditions de vie. On peut également créer des Cercles des Jeunes pour la Paix, la Stabilité et le Développement (CJPSD). Il s’agit des cercles de réflexions stratégiques et populaires pour léguer à la future génération des pays riches et paisibles.



Propos recueillis par W.S.

 








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